Après avoir débuté sa
carrière de cinéaste par une poignée de courts-métrages dont les
cultes Sweet Satan etRoadkill: The Last Days of John Martin en
1994, le cinéaste américain Jim Van Bebber s'est lancé dans la
réalisation d'un ambitieux projet : tourner un long-métrage
autour du criminel et charismatique gourou Charles Manson et de sa
''Famille''.
Connu pour avoir été en outre à l'origine du meurtre de l'actrice
et épouse de Roman Polanski, Sharon Tate, alors même qu'il n'était
pas présent sur les lieux du massacre où parmi les autres victimes
se trouvait le producteur Wojciech Frykowski ainsi que sa fiancée
Abigail Folger, Charles Manson a fait l'objet d'une attention toute
particulière de la part des mondes de la musique, de la télévision,
de la littérature et bien entendu, du cinéma. Aujourd'hui encore,
le cas de cet individu considéré par ses adeptes comme le Christ
continue de fasciner le septième art puisque tout récemment, on
pouvait les apercevoir sa famille et lui en tant que personnages de
fiction dans Once Upon a Time in Hollywood
de Quentin Tarantino. En 2003 sort The Manson
Family,
faux documentaire mais vrai film d'horreur où le réalisateur Jim
Van Bebber tente de s'approprier le mythe à travers une œuvre qui
se veut autant un portrait plus ou moins fidèle du criminel et de
ses adeptes que celui de la génération hippie où drogues et orgies
de sexe allaient de paire. Sachant qu'il existe nombre de
documentaires et reportages sur Charles Manson évoquant le récit de
ses exactions avec tout le sérieux qui est requis, on peut se
demander quel est l'intérêt de produire un long-métrage dont on
sait que les nombreuses interviews et les témoignages s'avèrent
montés de toutes pièces. Ici, l'emploi abusif de filtres simule la
dégradation de ces faux documents essentiellement constitués des
témoignages des membres de la famille après que leur gourou ait été
arrêté. Il s'avère compliqué d'accorder une quelconque valeur à
cet ensemble de faux dispositifs lorsque d'un simple clic, on peut
sur la toile trouver nombre de documentaires s'intéressant de près
à ce sordide fait-divers. D'autant plus que ceux-ci offrent une
panoplie de documents vidéos, photographiques ou audio qui
contrairement à ceux de The Manson Family,
sont parfaitement authentiques...
Charles Manson + Demis Roussos = Marcello Games
Constitué
de deux parties bien distinctes dont la première est la plus
rébarbative car s'étalant sur une heure tout rond, le film de Jim
Van Bebber s'éternise beaucoup trop longuement sur le sujet des
drogues et du sexe qui alimentent la communauté. Soixante minutes
durant lesquelles on nous abreuve de ''Charlie''
par-ci, ''Charlie''
par-là et ce, de manière incessante. Injections par intraveineuse
en gros plan, consommation de LSD,
orgies sexuelles dans la boue sous forme de sabbats, tout ceci
renforcé (surchargé) à l'image par des tonnes de filtres
psychédéliques ... Le réalisateur croit pouvoir nous choquer avec
ces artifices mais la vérité, c'est que d'une manière générale
The Manson Family s'avère
redondant et donc, très rapidement ennuyeux. Le film se lâche
véritablement en matière d'hémoglobine à l'issue de cette pénible
première heure. L'on assiste d'abord à l'assassinat du professeur
de musique Gary Hinman auquel Charles Manson pensait pouvoir soutirer
la somme de 21 000 dollars ! Une séquence bien gore que
précédait un coup de machette à l'oreille gauche particulièrement
graphique. L'ambiance change alors du tout au tout et c'est le
malaise qui s'installe. Le reste est à l'avenant puisque le scénario
suit les exactions qui furent commises en ce mois d’août 1969.
Tout ceci est évidemment très bavard. Il est bon de noter que Jim
Van bebber a mis plus de quatorze années pour terminer son film. Non
pas que le réalisateur ait apporter un soin tout particulier à sa
mise en scène, l'interprétation ou la post-production mais il lui
fallut tout comme le Peter Jackson de Bad Taste
en son temps, faire en fonction de l'argent qui rentrait plus ou
moins régulièrement dans les caisses. Auréolé d'un statut de film
culte, The Manson Family
n'en est pas moins une grosse déception...
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