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jeudi 23 juin 2022

Nekromantik 2 de Jörg Buttgereit (1991) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Après avoir tourné toute une série de courts-métrages entre 1980 et 1987, le réalisateur allemand Jörg Buttgereit passa au long format avec Nekromantik. Une étrange et très morbide histoire d'amour entre un nettoyeur de scène de crimes prénommé Robert (l'acteur Bernd Daktari Lorenz) et un cadavre récupéré sur les lieux d'un accident. Quitté par sa petite amie Betty (Beatrice Manowski), Robert mettra fin à ses jours, le récit prenant fin avec son enterrement. Après un film consacré au suicide réalisé deux ans plus tard ( Der Todesking), le réalisateur allemand reprend le concept de son premier long-métrage et lui donne une suite sobrement intitulée Nekromantik 2. Désormais décédé, Robert est cette fois-ci remplacé par une certaine Monika (Monika M.) qui va se rendre au cimetière et déterrer le corps du jeune homme et le ramener chez elle. On notera que d'emblée, le film comporte quelques incohérences comme le fait que le corps soit déjà dans un état de décomposition avancé tandis que le sang qui recouvre sa chemise semble frais. On observera d'ailleurs également que Robert a semble-t-il été enterré à la vas vite vu qu'il porte les mêmes vêtements que lors de son suicide ! Passés ces désagréments qui se révèlent somme toute assez minimes au vu de ceux que s'apprêtent à vivre les spectateurs, on remarquera que de nets progrès ont été mis en œuvre afin de faire paraître cette séquelle moins bancale et amatrice que l'original de 1987. La caméra s'avère nettement plus stable et la réalisation beaucoup plus soignée. Ce qui n'extraie malheureusement pas le film du carcan de série Z dans lequel son prédécesseur était lui-même engoncé. Composée par Hermann Kopp, Monika M. et John Boy Walton, la bande musicale est aussi désespérément morne et sans facture professionnelle que pour Nekromantik premier du nom. Si l'on quitte les violons synthétiques de très mauvaise qualité, les quelques notes de piano jouées apparemment à l'aide d'un seul doigt et se répétant jusqu'à la nausée finissent par achever le mélomane qui se cache en chacun d'entre nous...


Si visuellement Nekromantik 2 n'arbore plus l'esthétique typiquement ''amateur '' reflétant son micro-budget, il en va de mal en pis concernant d'autres domaines tels que le montage ou le scénario. Ici, n'espérez aucun miracle puisque le but ultime de Jörg Buttgereit semble être celui de mettre en scène les amours interdites d'une jolie jeune femme nécrophile et d'un cadavre en très mauvais état. Le corps, noirci par la décomposition, suinte de tous ses pores, les yeux vitreux injectés de sang. L'effet-spécial est pour l'époque, plutôt réussi et ne nous épargne rien de son anatomie. Le contraste est d'ailleurs saisissant entre l'état dans lequel le récupère la jeune femme et la beauté toute germanique de celle-ci. Mais le problème (ou plutôt LES problèmes) provient de la structure même du récit. C'est à se demander si Jörg Buttgereit a fait appel à un monteur vu que certaines séquences s'étirent jusqu'au point de rupture. On pouvait formuler toutes les critiques à l'encontre de Nekromantik mais le premier volet avait l'avantage de ne pas dépasser les soixante et onze minutes alors que celui-ci va au delà des quatre-vingt dix ! Et pourquoi ? Pour nous asséner des séquences qui pour la plupart n'ont absolument aucun intérêt. C'est ainsi que l'on assistera péniblement au doublage d'un authentique film pornographique, permettant ainsi de faire entrer en jeu l'acteur Mark Reeder dans le rôle de Mark. Lequel va se retrouver à attendre une copine qui ne viendra finalement que beaucoup trop tard devant l'entrée d'un cinéma. L'occasion pour lui d'offrir à Monika (qui passait par là), la place qu'il avait prévu pour la copine en question. C'est là qu'intervient l'une des séquences les plus pesante du long-métrage en ce sens où son intérêt demeurera plus que relatif pour les spectateurs avides d'hémoglobine tandis qu'elle semble être pour le réalisateur allemand, un moyen de rendre hommage à la Nouvelle Vague française ou comme certains l'évoquaient à la sortie du film chez Haxan, de témoigner pour Jörg Buttgereit de son admiration pour le réalisateur suédois Ingmar Bergman. Soit, une séquence tournée en noir et blanc et intitulée ''Mon déjeuner avec Véra''. Dix minutes ou presque de blabla sans intérêt entre un homme et une femme lors d'un petit déjeuner tournant autour du thème de l’œuf situé sur le toit d'une maison !


Autant dire qu'avec cette séquence et d'autres davantage dans le thème du récit qui nous préoccupe ici, Jörg Buttgereit va pouvoir remplir l'objectif qu'il s'est sans doute fixé : tourner un film dépassant allégrement la durée du premier opus. Monika déterre un cadavre. Monika l'emporte chez elle et le déshabille. Monika le nettoie. Monika lui fait l'amour. Monika rencontre Mark au cinéma. Monika et lui vont à la fête foraine, puis au zoo. Rien que de très commun si n'entrait pas justement en jeu le cadavre de Robert qui bientôt va se retrouver particulièrement envahissant. Saisis par la curiosité de voir ce que la jeune femme réservera au corps une fois l'odeur dépassant la résistance olfactive de l'héroïne, l'allemand nous assène un grand coup derrière la tête avec l'une de ces séquences malheureusement trop rares mais qui effaceraient presque l'indigence de tout ce qui a précédé. Écho à nombre de faits divers lors desquels des meurtriers furent contraints de découper le corps de leur victime dans une baignoire, l'on assiste au démembrement méticuleux de Robert par une Monika armée d'une scie. La séquence dure un peu plus de six minutes. Gore, morbide, dérangeante, elle est l'un des rares points culminants d'une œuvre qui sous des atours un peu plus respectueux que par le passé n'en est pas moins d'une lourdeur abyssale. Lui succèdent des séquences elles aussi lourdes et inutiles tentant d'apporter une réelle profondeur à l'intrigue (on s'en tape mec, ce qu'on veut nous, c'est du sexe et de l'horreur bien craspec) jusqu'à ce que déboule en toute fin de métrage une scène d'amour étonnamment sobre entre les deux amants Monika et Mark. Pour clore ce diptyque auquel le réalisateur s'était pourtant promis un jour de donner un troisième volet, Jörg Buttgereit aurait-il décidé de se montrer un peu moins scabreux ? Tu parles, mon pote. La dernière séquence nous montre que rien n'est établi à l'avance et que les apparences sont parfois trompeuses. Chassez le naturel et... vous connaissez la suite...

 

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