Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


jeudi 23 juin 2022

Nekromantik de Jörg Buttgereit (1987) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Si le concept Internet remonte au milieu des années soixante, il aura fallut attendre plus d'une trentaine d'années avant que l'outil ne soit réellement mis à la disposition du grand public. Autant dire qu'à l'époque en France, pas mal de longs-métrages qui n'avaient pas encore les honneurs d'une distribution hexagonale nous passaient sous le nez. Le seul moyen d'en entendre parler était à l'époque l'usage intensif des lectures parfois gratinées que nous offraient les mensuels Mad Movies, L'écran fantastique, Toxic et autre Vendredi 13... Un autre moyen permettait de découvrir des œuvres que beaucoup d'éditeurs n'auraient sans doute jamais osé publier au tout début des années quatre-vingt dix. Si l'horreur et le gore ont toujours fait partie intégrante des plannings de diffusion des éditeurs de vidéos au format VHS (il faudra attendre le milieu de la décennie pour voir débarquer les premiers films en DVD), certains d'entre eux se sont lancés comme objectif de proposer des œuvres inédites à fort potentiel choquant ! Et parmi eux, le plus ''célèbre'' et le plus culte d'entre tous demeure sans doute l'éditeur français Haxan Films qui en une poignée d'année allait réjouir les amateurs de bandes magnétiques extrêmes. Alors que dans les derniers temps l'éditeur laissa complaisamment son style si particulier bifurquer vers l'érotisme (la trilogie Exorsister ou les deux premiers volets de la franchise Playgirls), Haxan Films nous offrit de monumentales pépites allant des cultissimes Combat Shock de Buddy Giovinazzo, Santa Sangre d'Alejandro Jodorowsky ou Bloodsucking Freaks de Joel M. Reed, en passant par quelques compilations de courts-métrages underground (le diptyque Hardcore de Richard Kern, Génération Z de Nick Zedd).


Et jusqu'à nous offrir quelques spectacles aussi stupéfiants que répugnants (l'immonde Camp 731 de Tun Fei Mou ou le documentaire très trash de Todd Philips, Rock N' Roll Overdose). Parmi la cinquantaine d'éditions qui virent le jour, certaines mirent à l'honneur le réalisateur allemand Jörg Buttgereit. Der Todesking et son propos plus que licencieux puisqu'il abordait sous forme de courts-métrages différentes manières de se suicider. Mais aussi et surtout les deux volets de Nekromantik. Mot-valise indiquant sans ambages le contenu de l'un et de l'autre et que l'on pourrait décortiquer ainsi : Nécrophilie Romantique ! Autant dire que le programme est à l'époque, particulièrement osé. Des encarts publicitaires intégrés dans le magazine Mad Movies permettaient fort heureusement en 1993 et 1994 (années de sortie des deux longs-métrages en France) de se procurer chaque sortie de Haxan Films. Vue la gueule de mes vieux chaque fois que des années en arrière je rapportais de mauvaises notes à l'époque tout en enrichissant ma collection de Gore des éditions Fleuve Noir, mon intégration dans l'armée pour les deux années à venir (entre 1993 et 1995) allait faciliter l'achat et la réception des éditions Haxan que j'allais alors partager avec mes camarades de l'unité médicale que j'allais rejoindre après une difficile et très intense période de classes...


Nekromantik premier du nom est arrivé sur notre territoire en 1993. Et pourtant, le film date de six ans en arrière. Vu le contexte, on peut comprendre qu'il ait connu d'importants problèmes de censure en Allemagne et dans divers autres pays comme le Royaume-Unis. Et pourtant, à bien y regarder aujourd'hui, les amateurs de cinéma d'horreur trouveront sans doute l'objet bien inoffensif en raison de problèmes liés à un budget relativement restreint. Ce que dénote par exemple l'emploi de la part de l'équipe de nettoyeurs de scènes de crimes et d'accident du récit, de sacs-poubelle plutôt que sacs mortuaires. Le jeu plus qu'approximatif des seconds rôles participant de l'indigence qui ici contamine tous les aspects du film. De la mise en scène (le réalisateur allemand abusant des zooms) au scénario jusqu'à cette absence de rythme causée par des séquences qui s'étirent au-delà du raisonnable. Et pourtant, il faut comprendre qu'il y a trente ans, personne n'avait préparé les éventuels spectateurs à un tel spectacle. Peter Jackson et son gore rigolo (Bad Taste, Braindead) ou Jim Muro et ses effusions multicolores (Street Trash) nous avaient habitués à un autre type de divertissement. Tourné en 16mm et au format 4/3 Nekromantik possède malgré tout un charme qui lui est propre. Car si le film s'avère particulièrement avare en matière de dialogues et si Jörg Buttgereit y intègre des séquences pas forcément justifiées lui permettant ainsi de rallonger un film qui au total ne dépassera pas la soixante-dizaine de minutes, Nekromantik est ponctué de passages vraiment crades qui n'entrent pas dans le même registre que ceux cités ci-dessus...


La viande chez l'allemand est avariée, suintante de décomposition, à en faire vomir les estomac les plus sensibles. Avec un minimum d'imagination, on pourrait supposer être en mesure de sentir les effluves des cadavres ou des morceaux de corps que conservent chez eux Robert (Daktari Lorenz) et Betty (Beatrice Manowski). Mais l'acte nécrophile ne s'arrête pas ici aux portes de la contemplation puisque Jörg Buttgereit multiplie les séquences d'actes sexuels entre Betty, Robert et le cadavre que ce dernier a ramené chez eux. Renvoyé de son boulot, quitté par sa copine, le jeune homme va brûler la photo de Betty et s'offrir un chat avant de l'enfermer dans un sac-poubelle et de l'exploser contre un mur. Des actes totalement gratuits, comme cette séquence, elle bien réelle, nous infligeant la préparation d'un lapin de son abattage jusqu'à son éviscération. Diminué par une partition musicale composée par l'acteur principal ainsi que par Hermann Koppe et John Boy Walton, laquelle sonne parfois comme la bande-son d'un épisode oublié de La légende de Zelda, Nekromantik repose donc moins sur son scénario et sa mise en scène que sur le sujet de la nécrophilie que le réalisateur ose parfois poétiser. Moins choquant qu'ennuyeux, le film bénéficie cependant de la totale implication de la part de Daktari Lorenz, lequel n'hésite pas à se mettre littéralement à nu pour parfaire l'image de nécrophile que revêt son personnage. Des séquences gore dont la majorité se montrent maladives, une semi-décapitation qui rappellera aux amateurs les grandes heures de Bad Taste et un final en apothéose lors duquel [ATTENTION SPOIL] Robert se suicidera de désespoir en se plantant un couteau dans le ventre, la queue en érection, éjaculant sperme et sang...

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...