Après le premier volet
de la trilogie Gin Gwai,
les frères Oxide Chun et Danny Pang ont chacun fait de leur côté
une parenthèse avant de réaliser une séquelle qui n'en est pas
vraiment une. Le premier a réalisé le film d'action The
Tesseract
tandis que le second a mis en scène la comédie policière Neung
Buak Neung Pen Soon
avant de se réunir à nouveau et de nous proposer une suite de Gin
Gwai
reprenant la thématique des fantômes tout en proposant une formule
qui n'a plus vraiment de rapports avec l’œuvre originale.
S'agissant de l'héroïne Wong Kar Mun qu'interprétait l'actrice
Angelica Lee deux ans auparavant, celle-ci disparaît au profit de
Joey Cheng. Shu Qi remplace dans le rôle de cette jeune femme
désormais enceinte celle qui dans Gin Gwai
subissait une opération des yeux afin de recouvrer la vue. En
conséquence de quoi, la jeune femme était témoin de la présence
d'esprits. Joey connaît le même sort mais dans des conditions bien
différentes puisque c'est après avoir tenté de se suicider qu'elle
va découvrir qu'elle peut voir le fantôme de personnes défuntes.
Oxide Chun et Danny Pang invoquent la croyance du bouddhisme envers
la réincarnation en intégrant dans le récit un bonze qui apprendra
à la jeune héroïne quelques enseignements qui l'aideront à
comprendre pourquoi autour d'elle se manifestent des événements
surnaturels. Dans cette séquelle qui ne reprend donc aucun des
personnages du premier long-métrage réalisé voilà deux ans en
arrière, les frères Pang s'accordent une nouvelle fois avec un
style visuel souvent désuet mais qui semble tout de même plus en
accord avec ce que l'on attend de ce type de projet
cinématographique. Alors que le premier volet traduit à
l'internationale sous le titre The Eye
(L'oeil)
pouvait se justifier du fait que l'héroïne se mettait à voir des
esprits après son intervention chirurgicale, dans cette fausse
séquelle, l'usage du même titre auquel est simplement adossé le
chiffre 2 semble retranscrire pour les deux frangins, la volonté de
réitérer l'exploit qui leur permis de remporter un certain succès
avec leur second long-métrage en commun...
D'emblée
l'on éprouve un peu de mal à se satisfaire de la présence à
l'image de Shu Qi quand Angelica Lee avait su dès le départ se
rendre attachante. Non pas que sa remplaçante soit d'une laideur
repoussante mais l'apparente froideur qu'incarne cette nouvelle
interprète empêche au départ de s'identifier au personnage. Et
pourtant, les frères Pang mettent tout en mesure pour que leur
nouvelle héroïne de l'univers qu'ils ont créé deux ans auparavant
paraisse aussi attachant que la charmante Wong Kar Mun pour laquelle
on pouvait à l'époque ressentir un certain trouble. Mais les deux
réalisateurs rebattent les cartes et l'on descellera finalement chez
Shu Qi, le même talent que chez Angelica Lee. Oxide Chun et Danny
font usage du procédé de Jum
Scare
visant à faire sursauter le spectateur dans son fauteuil avec aussi
peu d'efficacité que chez la concurrence. Et pourtant, à force de
multiplier ce principe, ils parviendront à obtenir quelques rares
résultats. Si Gin Gwai
n'était déjà pas remarquablement réussi tout en demeurant une
expérience intéressante, sa séquelle ne l'est pas davantage. Ce
qui n'empêche pas Gin Gwai 2
de posséder quelques atouts de mise en scène et des visions
surnaturelles parfois convaincantes. Bien que le premier opus tentait
une approche bien différente de celle que l'on rencontrait notamment
à l'époque dans les franchises Ringu
ou Ju-On,
pour cette suite, les frères Pang se laissent tenter par les
apparitions de fantômes aux cheveux longs lors de séquences parfois
sinistres. Les deux frères durcissent d'ailleurs parfois le ton et
nous gratifient de quelques passages aussi intéressants
qu’innovants. Pourtant, en 2022, le film paraît avoir pris un
sacré coup de vieux en raison d'effets-spéciaux qui demeurent
toujours aussi cheap ! Bénéficiant d'un budget légèrement
moins important que pour le premier volet, Oxide Chun et Danny Pang
réalisent une œuvre plutôt satisfaisante en terme d'interprétation
et d'intrigue mais qui contrairement à son prédécesseur et malgré
plusieurs nominations ne remportera par contre aucun prix dans les
festivals. Ce qui n'empêchera pas le duo de réaliser dès l'année
suivante le troisième et dernier volet de leur trilogie sous le
titre Gin Gwai 10...
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