Autant le savoir tout de
suite, Les envahisseurs de l'espace
n'est pas l'une des nombreuses variations cinématographiques
évoquant le sujet d'une invasion de notre planète par des petits
hommes gris ou verts comme le laisse pourtant envisager ce titre
trompeur. On se reportera donc sur l'original, si peu évident
soit-il à réciter de mémoire. Réalisé en 1970 par Ishirō Honda
auquel l'on doit notamment les créations des Kaiju
(monstres géants typique du cinéma japonais) Godzilla et Mothra. Le
long-métrage n'a donc aucun rapport avec celui que réalisa
l'américain Rick Sloane en 1986 et qui porte le même titre
français bien que l'original soit The Visitants.
Concernant l’œuvre d'Ishirō Honda, il faudra répéter le titre
plusieurs fois si l'on veut le retenir histoire d'impressionner son
entourage :
Gezora,
Ganime, Kameba: Kessen! Nankai no Daikaijû.
À cette occasion, et comme l'indique le titre, le réalisateur
convoque trois nouvelles créatures qui feront leur toute première
apparition à l'écran dans ce long-métrage réalisé au tout début
des années soixante-dix comme le montrent d'ailleurs relativement
bien le style vestimentaire des interprètes ou les couleurs du film.
Ici, à part l'évocation d'un satellite ayant quitté son orbite
terrestre pour venir s'écraser dans des eaux situées tout proche
d'un îlot et l'occupation du corps de l'un des protagonistes par une
identité que l'on devine venir d'une autre planète, Les
envahisseurs de l'espace démontre
que le film n'aborde le thème de la science-fiction telle que
l'occident la conçoit qu'avec parcimonie...
En
effet, le long-métrage est d'abord et avant tout typique de ce genre
initié durant la moitié des années cinquante par Ishirō Honda
lui-même. Soit, des créatures gigantesques se référant
généralement à une faune existant réellement sur Terre tout en
ayant des proportions anormales souvent conséquentes à des
radiations nucléaires. L'occasion ici d'en découvrir non pas une,
ni deux, mais trois. Et dont la première à apparaître à l'écran,
Gezora, demeurera la plus appréciée des trois parmi le public
nippon. Hasard ou non, celle-ci bénéficiera d'ailleurs d'un soin
particulier dont ne jouiront malheureusement pas Ganime et Kamoebas.
C'est une habitude mais là encore, le film se situant comme en
partie dans le Mothra
de 1961 sur une île, nous découvrirons un peuple indigène vouant
un véritable culte à cette créature ressemblant à une pieuvre
géante capable de quitter les eaux profondes qui l'abritent pour
venir fouler le sol de l'île et ainsi faire des ravages sur la terre
ferme. Si l'on devine que sous le costume se cache un acteur (Haruo
Nakajima), un soin tout particulier a été apporté à sa
conception. Accrochés à des fils invisibles, certains de ses
tentacules se saisiront de leur victimes, les projetant ainsi en
l'air alors que l'on s'attendait sûrement à voir cette créature
aux yeux ''clignotant'' les dévorer en moins en partie. Le crabe
Ganime
et la tortue Kamēba
ne bénéficieront malheureusement pas du même soin. Surtout cette
dernière qui à l'écran apparaît hautement ridicule et se mouvant
avec la difficulté que l'on reconnaît chez ses congénères, eux,
bien réels...
Produit
par la Toho,
Les
envahisseurs de l'espace
sera le dernier film réalisé par Ishirō Honda pour cette illustre
maison de production de cinéma japonaise et le dernier auquel
participera le spécialiste des effets-spéciaux Eiji
Tsuburaya qui mourra le 25 janvier de la même année. Si l'on
conseillera de découvrir le film dans sa version d'origine, sachez
qu'il est disponible en anglais ainsi qu'en français. D'ailleurs,
s'agissant de cette dernière, le public français remarquera que le
Dr. Kyoichi Mida qu'interprète l'acteur Yoshio Tsuchiya fut doublé
par Roger Rudel qui fut souvent la voix française de Kirk Douglas ou
de Ross Martin dans divers longs-métrages, téléfilms et séries
télévisées dont, concernant ce dernier, le personnage d'Artemus
Gordon dans Les
mystères de l'ouest.
Quant à l'anthropologiste Makoto Obata qu'incarne Kenji Sahara, il
est doublé par l'acteur Jacques Deschamps que les amateurs de
westerns spaghetti reconnaîtront puisqu'il fut notamment la voix de
Clint Eastwood dans plusieurs d'entre eux dont la trilogie du
réalisateur Sergio Leone, Pour
une poignée de dollars/Et
pour quelques dollars de plus/Le
Bon, la Brute et le Truand.
Parfois dépaysant, doté de quelques séquences plus ou moins
volontairement drôles et de scènes de destruction de masse qui
sortent des contingences habituelles (ici, pas d'immeubles de vingt
étages mais des cases et autres habitations d'indigènes). Les
envahisseurs de l'espace
est dans la droite lignée de ses prédecesseurs. Tout juste le
public français pourra-t-il regretter que le titre n'évoque pas
véritablement le spectacle qui se déroule devant ses yeux. Un
sympathique Kaiju
eiga
signé par l'un des maîtres du genre...
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