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samedi 13 mai 2023

Why don't you play in Hell (Jigoku de naze warui) de Sion Sono (2013) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Avec Why don't you play in Hell (Jigoku de naze warui) comme dans bon nombre de longs-métrages réalisés par le cinéaste japonais Sion Sono, les personnages sont plongés dans une sorte de vortex mêlant à peu près tous les genres dont l'auteur de Guilty of Romance, Extet, The Land of Hope ou Strange Circus est coutumier. Ni véritablement film de série B, comédie, drame, romance, action, horreur ou thriller tout en en employant la plupart des éléments qui les composent, le long-métrage est comme d'habitude un véritable moment de bravoure cinématographique comme peu de cinéastes de part le monde osent et savent les mettre en scène. Absurde semble être le maître mot de cet hommage au septième art dans lequel l'on croise, au hasard, une troupe de cinéastes amateurs attirés par la gloire et l'envie de tourner leur premier véritable film, deux bandes rivales de yakuzas, une ancienne ''égérie'' de la pub pour dentifrice ou encore deux amoureux transits. Sans argent, on l'aura compris, les premiers ne peuvent faire aboutir leur projet. Quant aux clans yakuzas, ils mènent une guerre interrompue par une trêve mais sont lancés dans un même projet consistant à mettre la main sur Mitsuko (l'actrice Fumi Nikaidô). Jeune femme qui après avoir tourné une publicité pour une marque de dentifrice a bien grandi et s'est ensauvagée. Son père rêve d’exaucer le rêve de son épouse qui depuis dix ans est enfermée en prison après l'avoir sauvé d'une mort certaine commanditée par son pire ennemi Ikegami (l'acteur Shin'ichi Tsutsumi) et qui prévoit qu'à sa sortie de prison, Shizue (Tomochika) pourra découvrir sa fille sur grand écran. Sion Sono empiète sur le territoire de son compatriote Takashi Miike, véritable électron libre à la filmographie longue comme le bras d'un singe-araignée et pour qui les yakuzas sont un engrais qui a permis à plusieurs longs-métrages de voir le jour. C'est donc avec la même rage, la même puissance que Sion Sono exécute une véritable prouesse technique en matière de mise en scène tandis que le fidèle monteur Jun'ichi Itō (les deux hommes se sont tout d'abord rencontrés sur le tournage de Comme dans un rêve (Yume no naka e en 2005) fait preuve d'une énergie salvatrice dans son domaine en accentuant un rythme déjà bien enlevé. Quentin Tarantino devrait logiquement se retrouver dans cette œuvre où la Beatrix Kiddo de Kill Bill trouve son pendant masculin en la personne d'un acteur spécialiste des arts martiaux reprenant les codes vestimentaires qui furent ceux de l'acteur Bruce Lee dans Le jeu de la mort...


La différence principale, ici, et c'est peut-être là que le bât blesse très légèrement, se situe au niveau émotionnel qui encadre les personnages du père et de sa fille. Les sentiments que partagent les héros de ce récit hautement foutraque touchent moins qu'en d'autres occasions et en d'autres lieux. Il est d'autant plus regrettable de voir cet aspect du cinéma de Sion Sono être nivelé par le bas qu'à certains endroits l'on se retrouve confronté à ce sentiment de malaise et de grande pudeur qui étreint des personnages abîmés par la vie. Comme cette courte séquence lors de laquelle Muto (l'immense acteur Jun Kunimura que l'on retrouve notamment dans le cinéma de John Woo, de Takashii Miike, de Shin'ya Tsukamoto, de Hideo Nakata, dans le démentiel The Strangers (Gok-seong) de Na Hong-jin ou, oui, dans le Kill Bill : Volume 1 de Quentin Tarantino) retrouve son épouse au parloir. Une belle émotion se dégage de ce passage pourtant bien trop bref. Le thème des yakuzas faisant partie intégrante de l'histoire japonaise, il était logique que Sion Sono s'attaque au genre, même sous le prisme de la comédie joyeusement festive où le gore réservera de grandes effusions de sang lors du dernier acte. Véritable plongée dans le cinéma où la fiction et la ''réalité'' finiront par se confondre lors d'un final absolument dantesque et jubilatoire, les multiples sous-intrigues de Why don't you play in Hell créent une multitude de ruptures de ton comme cela est très souvent le cas chez ce chien fou du cinéma japonais. L’œuvre propose cependant une ligne générale sur un ton humoristique qui désamorce les séquences censées être parmi les plus éprouvantes. Que l'on y passe de vie à trépas après avoir exprimé ses sentiments, qu'un yakuza y relate sa passion légèrement ambiguë pour une gamine devenue femme, qu'un homme mette tout en œuvre pour que son épouse emprisonnée puisse vivre son rêve le jour de sa libération ou qu'une bande de passionnés de cinéma parvienne à tourner l’œuvre qui les fera entrer dans l'histoire, reconnaissons tout de même que Why don't you play in Hell est très léger et donc beaucoup moins grave que certains des grands films que Sion Sono tourna jusque là...

 

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