Banjong Pisanthanakun à
la mise en scène mais surtout, parmi les quatre scénaristes et
auteurs originaux dont le réalisateurs lui-même, un nom qui
retentit forcément comme celui de l'un des cinéastes sud-coréen
parmi les plus talentueux : Na Hong-jin. L'homme derrière
lequel se cachent The Chaser,
The Murderer
mais aussi et surtout, The Strangers.
Brillant héritier de L'exorciste,
classique intemporel signé de l'américain William Friedkin bien des
années en arrière. The Medium
est d'ailleurs comparativement semblable au chef-d’œuvre que
réalisa il y a cinq ans le sud-coréen. Mais alors se pose la
question de savoir si le thaïlandais est parvenu à mettre en scène
un film digne de trôner aux côtés de celui de Na Hong-jin.
Difficile de répondre à une question qui s'avère terriblement
épineuse. Une chose est certaine : on ne sort pas de
l'expérience avec nonchalance ou indifférence. The
Medium
laisse des marques. Mais si elles ne sont pas indélébiles ni aussi
profondes que purent l'être celles qui marquèrent profondément les
esprits à l'issue de la projection de The
Strangers,
Banjong Pisanthanakun semble avoir malgré tout gagné le pari
d'avoir signé une œuvre majeure dans le domaine de l'épouvante.
Tout en y apportant sa touche personnelle, le réalisateur y paraît
avoir digéré le phénomène de possession et de hantise au cinéma
tel qu'il apparaît souvent en occident. Quitte, malheureusement, à
se couvrir parfois de ridicule. Car en effet, est-ce pour le
spectateur une arme de défense contre l'outrance et l'hystérie
projetées à l'image mais à force de redondance, l'inquiétude
abandonne son poste au profit de sourires intervenants aux moments
les plus inopportuns...
Filmé
en mode Found
Footage,
ce fauxcumentaire ou documenteur qui prétend tout d'abord nous
inviter à suivre une véritable chamane et ses proches prend des
pincettes avec son sujet. Nous présentant Nim (Sawanee Utoomma), une
femme d'un certain âge ''possédée'' par un esprit bienveillant
connu sous le nom de Bayan,
celle-ci
est au centre d'une intrigue emprunte de religion et de croyances
ancestrales. Nim fait le bien autour d'elle et guéri celles et ceux
qui sont atteints de maladies spirituelles. Elle nous explique que
Bayan s'est
à l'origine emparé de sa grand-mère, puis de sa tante avant
d'essayer de prendre possession du corps de sa sœur. À défaut de
quoi, l'esprit a choisi de s'approprier celui de Nim. Aujourd'hui, et
alors qu'une équipe de reporters la suit dans ses déplacements,
Bayan
semble avoir pris la décision de changer de corps. En effet, la
nièce de Nim, Min (l'actrice Narilya Gulmongkolpech) semble être la
prochaine cible de Bayan
comme l'indiquent certains changements chez la jeune femme. En
conséquence de quoi, son humeur change tandis qu'elle est victime
d'importants troubles psychologiques et de dérèglements
physiologiques. Mais bientôt, ses proches vont se rendre compte
qu'en réalité la jeune femme est possédée non par Bayan
mais par plusieurs démons dont les intentions sont mauvaises...
Voici dont ce qu'il est important de savoir concernant The
Medium
avant de se plonger dans les cent-trente minutes que dure le
long-métrage. Si l'illusion d'être devant un documentaire est tout
d'abord parfaite, on comprend par contre assez rapidement quel est
l'objectif du cinéaste. Reprendre le concept du Found
Footage
et de divers méthodes de filmage pour mettre en scène ce qui
s'avérera une expérience sinon inoubliable, du moins perturbante
dans ses grandes lignes...
Il
faut dire que Banjong Pisanthanakun mais plus encore ses interprètes
ne ménagent à aucun moment leurs efforts. Sans être tout à fait
digne de The Strangers,
on sort de l'expérience quelque peu essorés. Car en l'espace d'un
peu plus de deux heures, il va s'en passer des choses, à l'image. Le
thaïlandais compile à peu près tout ce que l'on est en droit
d'attendre d'un film abordant le sujet de la possession démoniaque.
Du meilleur jusqu'au pire d'ailleurs. Car en empruntant certains
gimmicks du cinéma d'outre-atlantique (Paranormal
Activity d'Oren
Peli et l'usage de caméras nocturnes, Le projet
Blair Witch
de Daniel Myrick et Eduardo Sanchez et l'emploi de caméras
subjectives), voire même ibérique ( [REC]
des espagnols Paco Plaza et Jaume Balagueró et son terrifiant final)
tout
en grossissant très nettement le trait, le réalisateur se tire
parfois une balle dans le pied. Surtout lorsqu'il fait usage d'une
outrance qui transforme une séquence vouée à faire peur au public
en une parodie involontaire qui fait doucement sourire. Avec cette
gêne que l'on rencontre face à une œuvre, un auteur et des
interprètes généreux mais dont l'altruisme n'épargne cependant
pas un certain ridicule. Généreux, oui, The
Medium
l'est sans conteste. Banjong Pisanthanakun surcharge son œuvre de
visions démentes, sabbatiques, hystériques et orgiaques qui nous
font d'abord penser que l'on assiste peut-être en direct à la
naissance d'un nouveau monument du cinéma horrifique. Des qualités
esthétiques et une interprétation en forme d'apothéose que vient
malheureusement souvent ruiner la surenchère. Trop gourmand, trop
avide de déverser à l'image tout ce que l'esprit du réalisateur
compte d'imagination ainsi que celle de ses divers scénaristes parmi
lesquels, Chantavit Dhanasevi. The Medium
est chacun à son tour, visuellement magnifique, sordide, gore,
violent, réaliste, outrancier, dramatique, mais aussi très
certainement involontairement drôle. Un film-somme qui aurait malgré
tout mérité un décrassage en profondeur. Sans doute le film de
Banjong Pisanthanakun aurait-il mérité d'être moins long de dix ou
vingt minutes. Peut-être même davantage. Reste que The
Medium
demeure tout de même une sacrée expérience cinématographique
pourtant bien en deçà du chef-d’œuvre The
Strangers
auquel il paraît parfois se référer...
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