Rhino ou l'histoire d'un jeune loup blanc de l'après URSS, plus célèbre parmi les crapules qui sévissent dans la petite ville ukrainienne où se déroule l'action que par le reste de la population. Craint, même par certains caïds, il accepte un jour de travailler pour un chef de gang en échange de quoi il n'aura plus à s'inquiéter des menaces proférées à son encontre par le propriétaire d'une salle de spot qu'il a eu la mauvaise idée de provoquer. Rhino, c'est le surnom que donnent les truands à un gamin qui a grandit dans une petite ville relativement pauvre, peuplée de voyous, mais aimé de sa mère et de Marina (Alina Zievakova) qu'il finit par épouser. Ensemble ils vont avoir un enfant mais le jeune homme préfère passer tout son temps avec ses amis et ''collègues'' de travail. Un boulot qui rapporte pas mal d'argent mais qui sème derrière lui, beaucoup de morts. Rhino trompe Marina, sans avoir le moindre scrupule. Ni même lorsqu'il torture pour extorquer de l'argent à de pauvres âmes ou qu'il exécute des contrats d'assassinats. Rhino rappelle sensiblement la trilogie Pusher de danois Nicolas Winding Refn. Autre pays mais même contexte social. Mais si le Franck du premier volet (excellent Kim Bodnia) avait su en son temps se rendre attachant malgré son caractère très ambigu, on va par contre avoir beaucoup de difficultés à avoir de l'empathie pour Rhino, cet individu détestable dont on ne pardonnera que très rarement (voire même jamais) l'attitude, la violence, la trahison envers son épouse et cette indifférence crasse qu'il exprime devant les actes monstrueux dont il se rend volontiers responsable dès lors qu'ils lui remplissent les poches...
Le ''héros'', incarné ici par l'acteur Serhii Filimonov dont il s'agit du premier et seul rôle jusqu'à maintenant, n'ayant apparemment pas d'autre but que le plaisir de passer à tabac de pauvres innocents ou les concurrents de celui qui l'a pris sous son aile, s'avère effectivement antipathique. Que le réalisateur Oleh Sentsov ait pour son troisième long-métrage volontairement forcé le trait soit un fait établi ou non, le sort de Rhino nous importe peu. Les personnages évoluent au sortir de l'Union Soviétique, musique typique de l'époque à l'appui. Rhino est très représentatif de cette jeunesse qui une fois la chute du régime est éprise de liberté. Un concept qui dans le cas présent et dans la tête du jeune homme est traité sous un versant nihiliste puisque la liberté en question s'y exprime à travers ce personnage sans foi ni loi, qui ne connaît aucune limite et ne semble avoir aucun sens de la moralité. Si l'on est habitués à la violence décrite parfois de manière réaliste sur grand écran, Rhino pourra s'envisager comme le petit frère pas tout à fait accompli de ses pairs. Par contre, si d'aventure les néophytes envisageaient de découvrir ce genre d'expression artistique se complaisant dans une violence totalement décomplexée sans précautions, Rhino risque de leur paraître assez douloureux. Ou alors, totalement abscons. Car c'est aussi un peu le sentiment que l'on éprouvera devant ce récit sans but réel et autre que de nous asséner des scènes de cul et de violence qui ne prennent ni les unes, ni les autres, de pincettes. C'est donc sans émotion que le film semble avoir été réalisé. Et c'est donc également sans ressenti affectif que l'on se laissera happer par cette production presque anodine ou du moins, dispensable. C'est d'autant plus dommage que dès le début, le réalisateur et son monteur font preuve d'idées de montage particulièrement séduisantes. Un long plan-séquence (qui ne semble pas en être vraiment un) revenant en l'espace d'une dizaine d'années sur l'enfance de Rhino. Le long-métrage de Oleh Sentsov est donc une semi déception. Un repère de crapules dont aucun personnage positif n'émerge vraiment...
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