En 2018, l'humoriste et
acteur Franck Dubosc avait su créer la surprise avec son tout
premier long-métrage en tant que réalisateur, Tout le monde
debout. Faisant taire ainsi toutes celles et ceux qui le
considéraient de ringard. Il faut dire que ses spectacles et la
plupart des rôles qu'il tint jusque là sur grand écran avaient
tendance à confirmer cet état de fait. Autant dire qu'on
l'attendait au tournant. Il aura fallut patienter quatre ans avant de
voir débouler dans les salles Rumba la vie.
Une certaine inquiétude s'était installée. D'autant plus que la
bande-annonce n'était pas de première fraîcheur, que le titre
sentait déjà le renfermé et que l'on pouvait craindre que
l'humoriste, acteur ET réalisateur soit retombé dans ses travers
habituels. Tout comme en 2018, Franck Dubosc s'est chargé lui-même
de l'écriture de son nouveau long-métrage. L'histoire d'un
chauffeur de bus plus vieux jeu que réellement ringard, portant
fièrement la moustache comme son père et son grand-père avant lui.
Peu enclin à s'intéresser au patinage artistique, amateur de films
de guerre, collègue et ami du réparateur Gilles (Jean-Pierre
Darroussin, égal à lui-même), à la suite d'un malaise cardiaque,
Tony apprend de la bouche de son cardiologue (étonnant Michel
Houellebecq dans le rôle du docteur Mory) qu'il souffre de problèmes
au cœur. Opéré en urgence, le chauffeur de bus (et fumeur
invétéré) va cependant beaucoup mieux. Mais inquiet à l'idée de
finir ses jours seul, il prend contact avec son ancienne compagne
Carmen Rodriguez Llorca (l'actrice Karina Marimon) qu'il n'a pas revu
depuis le jour où il a disparu de sa vie. Avec elle, Tony eut une
petite fille qu'il n'a jamais vraiment connu en dehors des premiers
mois. Mais aujourd'hui, il est bien décidé à faire sa
connaissance. Et sur les conseils de Gilles, Tony va lentement
approcher Maria en se faisant passer pour un amateur de danse en
s'inscrivant au cours de Rumba qu'elle enseigne à Paris...
Voici
comment se présente donc Rumba la vie. Une
comédie moins légère qu'elle n'y paraît, tout à fait dans le ton
du précédent long-métrage réalisé par Franck Dubosc, mélangeant
ainsi humour et émotion. Si le rire demeure le plus difficile des
concepts à mettre en place, l'acteur-réalisateur sait pourtant y
faire et même si l'on ne rit que rarement aux éclats, tout ce que
l'on pouvait craindre de l'histoire et de l'attitude qu'y déploie
son principal interprète s'efface à mesure que le récit évolue.
Face à une Louna Espinosa toute de sobriété et remarquablement
convaincante, Franck Dubosc décrit avec une certaine sensibilité
les rapports nouveaux entre un père et sa fille qui ont vécu chacun
de leur côté. Le récit évacue tout sentiment de rancœur et c'est
ainsi que l'on pourra d'abord s'étonner de l'attitude de l'ex de
Tony agissant comme s'il était écrit d'avance qu'il allait venir
frapper à sa porte. L'importance pour Franck Dubosc étant
probablement de développer avant tout la relation entre le père et
sa fille, certains personnages secondaires apparaissent tout à fait
inutiles comme celui qu'incarne notamment l'acteur Philippe Uchan. Un
personnage superficiel que l'acteur-réalisateur semble convier plus
par amitié plus que par réel intérêt pour son œuvre.
Profondément humain, Rumba la vie
ne convie que des belles personnes, intégrant l'actrice
franco-camerounaise Marie-Philomène Nga dont le personnage, pour le
coup, rappellera celui du formidable Romuald et
Juliette
de Coline Serreau dans lequel se côtoyaient Daniel Auteuil et
Firmine Richard dans les rôles de Romulad Blindet et Juliette
Bonaventure. À l'écran, Franck Dubosc et la jeune Louna Espinosa
forment ''un couple'' relativement touchant. Sans être totalement
submergé de bons mots, Rumba la vie réserve
malgré tout quelques petites réflexions sur la mort qui amuseront
même ceux qui redoutent le jour où ils seront plongés dans
l'obscurité. Proposé en avant-première le 18 janvier dernier au
Festival international du film de comédie de l'Alpe d'Huez, le film
est sorti aujourd'hui, mercredi 24 août 2022. Ceux qui apprécièrent
Tout le monde debout
peuvent se rendre dans les salles les yeux fermés puisque Franck
Dubosc y confirme tout le bien que l'on pensait du réalisateur qu'il
était devenu il y a maintenant quatre ans...
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