Entre l'annonce de sa
production, sa sortie en salle et ce moment tant redouté qui
consiste à faire le déplacement pour aller la découvrir, la vie
d'une comédie française n'est pas toujours de tout repos. Surtout
depuis pas mal d'années. La faute à cet incessant ballet qui voit
moult longs-métrages sortir les uns après les autres sans jamais
rien ne proposer de neuf. Des comédies insipides calquant leur
scénario, leur mise en scène, leur interprétation, leurs décors
et leur musique sur des œuvres qui elles-mêmes s'avéraient déjà
peu enclines à devenir des classiques du genre. Exception faites de
quelques coups de génies qui viennent ponctuellement contredire
l'idée que l'un des genres les plus populaires du cinéma français
n'a plus grand chose à dire. Savoir garder son calme, rester
objectif et oser parler d'une œuvre qui d'emblée, on le sait,
connaîtra plus de rejet que de satisfaction auprès des critiques
est un exercice délicat qui à force de s'en prendre plein la
gueule rebute à l'idée d'écrire une note à son attention.
Troisième comédie du français Julien Rambaldi après Les
meilleurs amis du monde en
2010 et Bienvenue à Marly-Gomont
en 2016, C'est la vie est
sans doute à ce jour le meilleur film de son auteur. Aussi léger
que ses prédécesseurs mais gagnant une profondeur sans doute moins
superficielle, il n'est pas inenvisageable qu'une fois de plus
certains s'amusent à désapprouver le concept. Simple, il est vrai,
d'une maternité accueillant le même jour cinq femmes qui
s'apprêtent à accoucher. Et autant de destins que Julien Rambaldi
et ses interprètes nous invitent à contempler. Léa Drucker, Alice
Pol, Sarah Stern, Mélodie Richard et Florence Loiret-Caille
incarnent respectivement Manon Laval, la PDG de l'agence de programme
spatial Arespace,
Sophie Castro, future mère esseulée, Estelle, une jeune femme
couvée par une mère baba-cool, Lan, une homosexuelle accompagnée
de sa petite amie (l'actrice Fadily Camara) et du géniteur de son
futur enfant (Thomas Scimeca dans le rôle de Gaëtan) et enfin Chloé
Fontaine qui elle, doit accoucher d'un bébé prématuré...
Des
trajectoires différentes pour cinq femmes dont le but prochain est
le même : donner la vie. C'est la vie situe
la quasi totalité de son intrigue dans les couloirs et les chambres
d'une maternité tenue d'une poigne de fer par Dominique (Josiane
Balasko), la plus ancienne sage-femme de l'établissement. La
clinique reçoit la visite du tout jeune et tout nouveau médecin
Antoine Moretti. Les présentations commencent mal entre Dominique
qui outrepasse ses responsabilités en s’immisçant ''un peu trop''
dans la vie de ses patientes et le nouveau responsable du service, un
brin trop orgueilleux. Pourtant, ils vont ensemble et avec l'aide des
proches de leurs cinq nouvelles patientes, tout faire pour que les
accouchements se déroulent dans les meilleures conditions. Le
réalisateur français signe avec C'est la vie
une franche réussite. Drôle et émouvant à la fois, le film
parvient en l'espace d'un peu plus de cent minutes à rendre
attachante une foule de personnages. Entre les futures mère, leurs
conjoints ou les parents, Julien Rambaldi et son scénariste Thomas
Perrier parviennent même à y ajouter quelques savoureuses séquences
situées en dehors des murs de la clinique. Là où interviendra
notamment la toujours excellente Julia Piaton dans le rôle de
Sandrine, une jeune femme qui vient tout juste de perdre son père et
qui aux côtés de l'acteur Antoine Gouy (lequel interprète le rôle
de l'époux d'Estelle) formera un temps un duo sympathique perdu sur
les routes menant jusqu'à la clinique...
Parmi
les autres seconds rôles, rappelons la présence de Tom Leeb en
arbitre de football et père du futur bébé de Sophie/Alice Pol.
Celle d'Anne Benoît dans le rôle de l'étouffante et psychédélique
mère d'Estelle, Mamoune. Ou encore de Youssef Hadji qui campe quant
à lui l'époux de Manon/Léa Drucker, Nathan Laval, ici ''fin
psychologue'' auprès de quelques ''âmes perdues''. C'est
la vie
est typiquement le genre de comédie que l'on regarde sans complexe
et dont on peut vanter les mérites sans honte. Un moment de
fraîcheur qui ne souffre d'aucun temps mort. Drôle et émouvant.
Caractérisant ses personnages avec justesse. Une authenticité que
leur rendront bien leurs interprètes respectifs. Josiane Balasko y
tient le rôle précieux de la sage-femme proche de ses patientes et
particulièrement attentionnée. Les histoires de chacun nous vont
droit au cœur sans que le film ne se lamente jamais sur leur sort.
On en ressort séduits, conquis d'avoir partagé avec cette vingtaine
de personnages ces quelques jolis moments de grâce et d'intimité.
Pas un chef-d’œuvre mais une sympathique comédie qui nous rassure
tout de même sur l'état de santé du cinéma humoristique
français...
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