« Tite Crotte », « Saucisse », «
Cancer »... à travers ces quelques sobriquets dont affublent un
teckel ses différents propriétaires, c’est l’existence même de
l’Homme, et par extension celle de la Femme qui est évoquée dans
ce huitième long-métrage du réalisateur Todd Solondz. Un cinéaste
qui tout au long de sa filmographie n’a eu de cesse d’égratigner
ses semblables et ainsi, la famille américaine. Des portraits
acides, cruels et sans compromis. Une histoire qui débute
véritablement pour le public français à travers le saisissant
portrait de Dawn, jeune adolescente mal dans peau et peu populaire
parmi ses camarades d’école. Drôle, tendre, mais souvent
sinistre. L’humour noir façon Solondz explosait donc avec ce
second effort justement intitulé « Bienvenue dans l’âge Ingrat
». Suivirent les tout aussi saisissants « Happiness » et «
Storytelling », deux authentiques chefs-d’œuvre, suivis de «
Palindromes » et « Life During Wartime » déjà beaucoup moins
passionnants. Quant à « Dark Horse », il demeure toujours inédit
dans l’hexagone. « Wiener-Dog » réconcilie fort heureusement le
réalisateur et scénariste avec ses fans puisque si Todd Solondz
semble s’être assagi, il n’en délivre pas moins pour autant un
message profondément négatif sur la vie qui passe et les nombreuses
embûches qui l’émaillent.
Le teckel du titre ne sert au fond que
de lien entre les divers protagonistes, « Wiener-Dog » prenant
ainsi des allures de film à sketchs. Toujours prompt à nous livrer
des dialogues et des situations pour le moins caustiques, si le
huitième long-métrage de Todd Solondz semble moins grinçant, il
afflige sur les épaules de ses personnages un poids énorme. Entre
ces histoires mensongères que l’on raconte aux petits enfants pour
les rassurer jusqu’à cette vieille dame qui rêve de la vie qui
aurait pu être la sienne avant que celle du teckel ne soit emportée
sous les roues d’un poids-lourd, « Wiener-Dog » est d’une
déchirante tristesse. L’existence de l’homme est passée sous le
crible, passant d’un gamin en rémission d’un cancer, à une
toute jeune femme sans assurance acoquinée à un héroïnomane. D’un
professeur de cinéma peu apprécié de ses élèves à une vieille
dame condamnée à ne voir sa petite fille que lorsque celle-ci a
besoin d’argent. Plutôt tristounette, la dernière virée
dépressive de l’américain qui en assure également l’écriture.
Parmi la grosse vingtaine d’interprètes, le cinéphile aura
remarqué les présences de Danny de Vito et de la française Julie
Delpy. Un bon cru que ce cri de désespoir qu'est « Wiener-Dog ».
Loin d’atteindre les sommets passés, le huitième long-métrage de
Todd Solondz, qui date tout de même de 2016, demeure une bonne
surprise...
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