Fils de plouc
(qui n'a absolument rien à voir avec le roman graphique Fils
de ploucs de
Jean Rouhou dans lequel l'auteur raconte sa jeunesse en Bretagne dans
les années 30) est le premier long-métrage de Harpo et Lenny Guit
qui jusque là avaient réalisé ensemble deux courts-métrages
(Nathalie vous nique tous en
2016 et La brigade du kiff en
2019 que l'on trouve facilement en deux ou trois clics sur Youtube).
Un film qui semble-t-il a beaucoup fait parler de lui. Ceux qui ne se
sont jamais remis du film culte de Rémy Belvaux, André Bonzel et
Benoît Poelvoorde C'est arrivé près de chez
vous
ou qui attendaient jusque là la relève (heu.... les gars, z'avez
toujours pas découvert l'excellent Dikkenek
d'Olivier Van Hoofstadt ou la série de docu-fictions
La Vie sexuelle des Belges de
Jan Bucquoy?) ont décidé que Fils de plouc
était le descendant direct du film qui lança la carrière du plus
français des belges. À dire vrai, lorsque l'on est originaire de
l'hexagone, il n'est certainement pas besoin de traverser la
frontière franco-belge pour y trouver un équivalent. Plus trash
mais se basant sur un scénario aussi puéril, le film du duo repose
sur une base aussi légère que celle des Clés
de bagnole
de Laurent Baffie dont l'argumentaire trônant sur l'affiche
précisait qu'il ne fallait pas aller le voir puisqu'il s'agissait
d'une merde, s'opposant ainsi à l'accroche de l’œuvre de Bertrand
Blier, Tenue de soirée
qui lui, s'octroyait à juste titre, l'appellation de ''Putain
de film'' !
Deux manières différentes d'attiser la curiosité du public tout en
ayant plus ou moins l'air pour l'un (mais pas pour l'autre), de
préférer que les spectateurs restent chez eux. En un sens,
Fils de plouc aurait
sans doute mérité lui aussi de se voir affublé d'une phrase du
type mixant l'une et l'autre des accroches, genre : ''Fils
de Ploucs, un putain de
film de merde, donc, n'y allez pas'' !
Plus encore que d'évoquer le film du trio de belges cité plus haut,
celui de Harpo et Lenny Guit s'est vu abusivement comparé au cinéma
d'un certain John Waters...
Et
notamment son mythique Pink Flamingos
(dont j'ai toujours préféré ses Desperate
Living
et Female Trouble.
Comme j'ai d'ailleurs toujours aussi eu un faible pour le
Atom
Earth Mother
des Pink Floyd plutôt que pour leur
The Dark Side of the
Moon
qui pour beaucoup demeure incompréhensiblement LA référence du
groupe!). Dans Les clés de bagnole,
Laurent Baffie et son ami Daniel Russo passaient une heure trente à
essayer de retrouver ses clés de voitures, (ATTENTION SPOIL), que le
premier finissait par retrouver dans la poche gauche de son pantalon
alors qu'il avait toujours l'habitude de les mettre dans la poche de
droite (!!!) (FIN DU SPOIL). Dans Fils de Plouc,
les frères Issachar (l'acteur Maximilien Delmelle et sa tronche de héros
de bande dessinée, oui, oui, vous verrez) et Zabulon (Harpo Guit)
vont quant à eux chercher à remettre la main sur le chien de leur
mère, Jacques Janvier. Et ça, c'est le nom du clébard, hein, pas
de sa maîtresse. Elle, se prénomme Cachemire et se prostitue. Le
père, lui, est absent, les deux époux s'étant séparés. C'est
l'acteur Mathieu Amalric qui l'interprète. On se demande ce qu'il
est d'ailleurs venu foutre dans cette galère à part donner une
certaine légitimité à une œuvre qui n'en a pas tant besoin que
cela ou ne le mérite pas vraiment. D'entrée de jeu et histoire de
bien marquer le concept, la mère gaule ses deux rejetons en train de
faire cuire à la poêle un étron. D'origine humaine ? Canine ?
Nous n'en saurons rien. Juste que le film sera porté par une
ambition trash il est vrai, osée, mais gratuite et surtout
opportuniste. Où quand on a rien à vendre de mieux que l'histoire
d'un chien qui disparaît et des fils de sa maîtresse pour le
retrouver. Les deux auteurs s'amusent comme des fous. Comme de
mongoliens, à dire vrai.
Leur
nom a beau être apposé juste à côté des fonctions de scénariste
et réalisateurs, on sent bien qu'en terme d'écriture et de mise en
scène, Harpo et Lenny Guit se sont contentés de peu. Comme deux
adolescents attardés qui après avoir trouvé une vieille caméra
dans une poubelle se seraient sentis pousser des ailes de
réalisateurs dans le dos avec pour seule ambition, celle de choquer.
Quitte à entrer dans le vif du sujet en exhibant une merde gluante
et fumante sous le nez des spectateurs (conseil aux plus fragiles :
prévoyez un sac à vomi) ou à évoquer le thème de la prostitution
ou d'un réseau de pédo...
pardon, de zoophilie...! Voir Fils de Plouc,
c'est un peu comme de revenir sur l'épineuse question du meilleur
album des Pink Floyd ou du combat The Beatles/The Rolling Stones.
Qu'est-ce qui justifie le fait que l'on puisse aduler Divine
lorsqu'il(elle) se glisse un steak entre les cuisses (Pink
Flamingos)
ou que l'on soit totalement hypnotisé par P'tit
Quinquin de
Bruno Dumont et sa séquelle Coincoin et les
Z'inhumains
alors même que les interprètes sont plus mauvais encore que ceux de
Fils de Plouc ?
Rien sans doute puisque tout n'est au fond que question de goûts.
Harpo et Lenny Guit s'en battent de toute manière les ''Valseuses''
(Bertrand
Blier, 1974). L'impression que ces deux-là n'ont pensé qu'à eux
sans penser que derrière des spectateurs allaient découvrir la
chose crée un décalage entre les réalisateurs et le public.
Résultat, à part une poignée de secondes et, dois-je le
reconnaître, un univers totalement foutraque assumé, Fils
de Plouc m'a
presque complètement laissé indifférent...
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