Observé à partir du
point de vue de son très jeune protagoniste Marko (Matej Sivalo),
l'univers de M. Call of Silence
bouleverse les conventions du film d'infectés en se plaçant à
hauteur d'enfant. D'où cette modestie narrative, cette
contemplation, ou cette bluette composée par Nathanaël Bergese qui
constituent la matière principale de ce film d'horreur et de
science-fiction très spécial se déroulant encore une fois dans un
univers dystopique où il s'agit d'être très attentif à ce qui
nous entoure. D'origine macédonienne, le réalisateur et scénariste
Vardan Tozija signe une œuvre sans commune mesure avec le spectacle
auquel le public est habituellement confronté. Surtout dans sa
première moitié qui prend le même parti forestier et minimaliste
que le très anecdotique Los Infectados
signé en 2011 par le mexicain Alejandro G. Alegre. Autant dire que
pendant presque une heure, il ne va pas s'y passer grand chose. Les
personnages d'un père (Sasko Kocev), de son fils et d'une femme
(Kamka Tocinovski) accompagnée de son enfant atteint de trisomie
(Aleksandar Nichovski) sont les principaux protagonistes. Le premier
surprotège le second jusqu'à adopter une attitude rustre et parfois
agressive. La troisième tentera plus tard d'approcher ce dernier
avant de mourir dans des circonstances plus qu’ambiguës. Les deux
enfants finiront pas se lier d'amitié et feront route ensemble
lorsque le père du premier sera condamné à rejoindre les rangs des
infectés (ici appelés ''Mauvais'').
Entre ces quelques événements, c'est le vide presque absolu. Comme
si M. Call of Silence et
son auteur faisaient le vœu d'aborder la thématique sous le prisme
de l'auteurisme. Autant dire que pour l'instant, Vardan Tozija n'a
semble-t-il pas choisi la voie la plus agréable et la plus facile
pour nous conter cette histoire plutôt mature au centre de laquelle
orbitent deux enfants et pour l'instant.... pas l'ombre d'un
infecté. La préoccupation de Vardan Tozija est pour le moment de
développer la relation entre un père inquiet pour l'avenir et la
sécurité de son fils ainsi que l'attirance de ce dernier pour un
gamin handicapé mental et sa génitrice dont il vient de croiser la
route et qu'il pense être sa propre mère.
Un
cheminement long, très lent, périlleux (en ce sens où une partie
des spectateurs aura sans doute déjà quitté la projection) et qui
au final ne sert qu'à rendre plus attachante cette histoire qui
décidément sort du lot alors que les deux adultes feront bientôt
partie de l'histoire ancienne. Une première partie... comment
dit-on ? Chiante ? Ouais, à peu de chose près. L'espoir
d'un deuxième acte s'inscrivant davantage dans ce pourquoi les
spectateurs se sont plongés dans la projection étant apparemment
dénué de tout fondement. À moins que la disparition ''des grands''
permettent aux ''petits'' de s'enfoncer un peu plus dans l'aventure
et ainsi nous offrir un spectacle digne de l'intérêt que l'on prête
au projet ? Peu à peu, la végétation pourtant toujours
présente laisse la place à quelques reliques du passé. Une voie
ferrée, des wagons ou une locomotive dont Marko et son nouvel ami
font semblant de prendre les commandes. Des survivants aussi, le film
n'échappant pas au personnage soucieux de garder avec lui sa femme
et son fils atteints par le virus. Pour l'instant rien
d'extraordinaire visuellement puisque ceux qui comme moi prennent
régulièrement le train savent qu'en chemin ils ont l'habitude de
voir par la fenêtre nombre de voies ferrées rouillées et
disparaissant sous les mauvaises herbes ou encore de vieux bâtiments
laissés à l'abandon. Tout est donc ici tourné en milieu naturel.
LA bonne idée du cinéaste est d'avoir choisi de mettre en scène un
gamin dans un milieu particulièrement hostile même si pour une fois
le ''héros'' de l'histoire ne rencontrera pas vraiment
d'antagonistes. Malgré l'apparente simplicité de la mise en scène
et l'absence quasi généralisée d'action ou d'horreur, M.
Call of Silence
brille par son originalité, sa distance prise avec un certain nombre
de gimmicks propres au genre et le côté cauchemardesque de
certaines situations comme lors du tout dernier acte situé dans un
bâtiment ou est projeté en boucle l'image holographique d'un
représentant du pouvoir. Bref, malgré son rythme parfois un peu
trop lent, le long-métrage de Vardan Tozija réussit finalement par
séduire et fera peut-être date dans l'histoire du film de zombies
et d'infectés...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire