Charles Band ? Tant
mieux pour lui... Non, pour être plus sérieux, l'homme derrière
l'étiquette de producteur plus longue qu'un vers solitaire installé
depuis des années dans les entrailles d'un homme à l'hygiène plus
que douteuse a lui-même réalisé plus de quatre-vingt longs et
moyens-métrages dont la plupart des titres et des affiches qui les
accompagnent ne laissent aucun doute sur leur contenu. Le fameux site
Nanarland lui a même
consacré une biographie, c'est dire si l'auteur de Parasite
en
1982, des deux volets de Trancers en
1984 et 1991, ou de Evil Bong
en 2006, également producteur de Lasterblast
de Michael Rae en 1978, du cultissime Troll
de John Carl Buechler, de Cruelspace
de David Schmoeller ou de, oui oui, From Beyond
de Stuart Gordon tous les trois sortis la même année, est une
légende ! Bizarre tout de même que l'on ai toujours plus
généralement cité George Lucas, Steven Spielberg, Robert Zemeckis
ou Joe Dante dans les années quatre-vingt que ce très prolifiques
réalisateur, scénariste et producteur, véritable glouton du
septième art qui n'a jamais cessé de tourner ou de financer le
travail des autres (plus de quatre-cent trente œuvres ont été
produites par ses soins jusqu'à aujourd'hui). Il fallait bien qu'un
jour nous lui consacrions un cycle, si petit soit-il... Cinq
longs-métrages, pas un de plus, pas un de moins. Cinq gourmandises
malgré tout réservées en priorité au consommateurs de bières et
de pizzas et ensuite, peut-être, aux amateurs de mets raffinés...
Nous démarrons donc ce cycle en ce début de mois de juillet avec
Trancers
qui chez nous est connu sous le titre, Future
Cop.
Tout un programme. D'une durée n'excédant pas les soixante-quinze
minutes environ, avec un tel titre on pourrait penser qu'il existe un
lien entre ce film mêlant action, policier et science-fiction et le
cultissime Robocop
du réalisateur néerlandais Paul Verhoeven. Mais ce dernier n'ayant
vu le jour sur le territoire américain que trois ans plus tard, on
imagine mal que l'auteur du Quatrième homme,
de La chair et le sang,
de Total Recall
ou de Basic Instinct
ait pu s'inspirer de l’œuvre de Charles Band. Une hypothèse déjà
nettement plus envisageable si l'ordre de sortie des deux films avait
été inversé. Juillet ? C'est aussi la période de l'année à
laquelle débute le récit de Trancers.
Et vu le climat qui y règne, il n'est pas vraiment évident de
cerner la période estivale supposée. Par contre, que le film se
déroule dans un futur relativement lointain est une certitude
puisque l'intrigue débute en 2247. À titre de comparaison, le film
ressemble pour le moment davantage au Blade
Runner
de Ridley Scott qu'au film de Paul Verhoeven cité plus haut. Le
film de Charles Band met en scène le personnage de Jack Deth, un
flic quelque peu irascible qui vient de rendre son insigne.
Pourchassant sans répit celui qui causa la mort de sa femme, un
certain Martin Whistler, il a ''oublié'' d'effectuer le travail
pour lequel il était payé !
Nous le retrouvons donc
quelques temps plus tard sur une plage à restaurer de vieilles
plaques d'immatriculations lorsqu'il est approché par McNutty
(l'acteur Art LaFleur, lequel interpréta notamment le rôle du
Sergent DeGraf dans Coups pour coups
de Deran Sarafian en 1990 aux côtés de Jean-Claude Van Damme).
L'homme le conduit dans l'enceinte du Concil
dont les responsables dirigent la ville d'Angel City et où ces
derniers lui confient une nouvelle mission : traquer Martin
Whistler qui depuis tout ce temps s'est transféré à l'aide d'une
drogue dans le corps d'un homme vivant en 1986. Jack Deth est donc
envoyé dans le passé et se retrouve lui-même dans celui d'un homme
se faisant appeler Phil. Un journaliste. Doté d'une montre lui
permettant d'arrêter le temps pour une très courte durée et d'un
revolver comportant deux injections d'antidote temporelle qui leur
permettront à Martin Whistler et lui de revenir dans ''leur''
présent, Jack se lance dans ce périlleux voyage situé près de
deux siècles plus tôt. Là-bas, il y fait notamment la connaissance
de Leena, la fiancée de l'homme dont il vient de prendre le
contrôle... Armés d'une belle, grande et généreuse ouverture
d'esprit, Trancers
peut s'envisager comme un très sympathique film de science-fiction
moins Z qu'il n'y paraît. Si le premier acte, éclairé aux néons
s'avère sympathiquement kitsch, la suite n'est plus vraiment du même
acabit puisque notre héros et tous ceux qui gravitent autour de lui
vivent à une époque beaucoup moins lointaine que celle où vit
originellement Jack Deth. On passe ici du sous-Blade
Runner
au sous-The Hidden,
le chef-d’œuvre de Jack Sholder et grand prix du festival
d'Avoriaz ! L'antagoniste se fondant ainsi dans le costume d'un
flic théoriquement intouchable. Les pouvoirs de télépathe de
Martin Whistler semblent avoir plutôt bien supporté le voyage dans
le passé puisque les ''Hypnoses''
qu'était chargé de traquer Jack en 2247 sont encore d'actualité en
1986. Leena est incarnée par la toute jeune Holly Hunter que l'on
retrouvera quelques années plus tard dans des œuvres dont la
notoriété n'aura rien de comparable avec la piètre réputation de
Trancers.
Film qui transpire littéralement par tous les pores le budget de
misère, Charles Band, son équipe technique ainsi que ses
interprètes s'en sortent relativement bien. Les effets-spéciaux à
base de lasers sont rares, le réalisateur profitant du sujet pour
minimiser leur présence à l'image. Au final, Trancers
se regarde sans passion mais également sans aversion. Un début de
cycle plutôt prometteur, donc...
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