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dimanche 30 juin 2024

Scum d'Alan Clarke (1979) - ★★★★★★★★★★

 


 

Parmi toutes les œuvres portant sur le sujet de l'incarcération, qu'il s'agisse de prisons, d'instituts psychiatriques ou de maisons de redressement, Scum d'Alan Clarke fait sans doute partie des rares à avoir conservé l'entièreté de son impact malgré ses quarante-cinq ans d'âge. Un long-métrage dont la puissance reste gravée à tout jamais dans les esprits, rejoignant dans un ordre d'idée légèrement différent le classique de Milos Forman Vol au dessus d'un nid de coucou. Pour son tout premier long-métrage cinématographique, le réalisateur et scénariste britannique qui jusque là avait travaillé pour le petit écran et avait notamment consacré un documentaire au dissident soviétique Vladimir Bukovsky signe une œuvre choque, définitive, portrait d'une institution type où l'on enferme la mauvaise graine afin de l'éduquer d'une manière toute particulière et pour lui faire retrouver le droit chemin. Ceux qu'empruntent parfois éducateurs et éduqués sont ici décrits de la manière la plus crue qui soit et donc la plus réaliste possible. Bien qu'étant une fiction purement divertissante, Scum est aussi et avant tout une virulente charge contre ces institutions en question. Une œuvre qui tente d'éclairer le public sur les conditions de vie des pensionnaires et des agissements de ceux qui en ont la responsabilité. Le film n'échappe pas aux ''poncifs'' du genre. Terme ici quelque peu galvaudé, voire irrespectueux, d'un ouvrage authentiquement sincère qui n'échappe tout comme aucun autre comme lui à la tentation d'exhiber des individus infestant toutes les couches de la société et quel que soit le continent. L'importance du long-métrage d'Alan Clarke est donc considérable et même si elle témoigne d'une réalité aussi tragique que poignante, il faut tout d'abord prendre des précautions et savoir où l'on va mettre les pieds. Ici, les longues tablées n'ont pas l'élégance et la féerie de La Grande Salle de Poudlard de la franchise Harry Potter. Et même si l'on distingue de part et d'autres des inimitiés se terminant invariablement par des confrontations, nul doute que celles qui opposent les gros durs de la maison de correction où se situe l'action de Scum aux plus faibles sont incomparables avec la légèreté des chamailleries qui opposent les personnages créés par la romancière britannique J. K. Rowling bien des années plus tard.


Le film connu de sévères difficultés lors de sa sortie sur grand écran. À l'origine, le scénariste Roy Minton et Alan Clarke produisirent un téléfilm pour le radiodiffuseur BBC mais devant la violence, celui-ci attendra de nombreuses années avant de pouvoir être diffusé. Entre temps, le réalisateur toujours accompagné de son scénariste mettront au point une version pour le grand écran. Celle-là même qui fera beaucoup parler d'elle pour des raisons qui peuvent plus ou moins s'expliquer compte tenu du soucis de véracité prôné par Alan Clarke, contraignant ainsi celui-ci ainsi que Roy Minton à aborder leur œuvre sur un ton adéquat. À l'époque l'on ose encore aborder le racisme en des termes depuis bannis de tout dialogue. ''Nègre'' est par exemple un terme que l'on entendra très souvent et même exclusivement durant le récit. Cantonnés dans un coin quoi que n'étant pas vraiment victimes ici de ségrégation, le but du film est de faire des représentants de race noire les victimes d'un racisme totalement décomplexé de la part de leurs camarades blancs ou des gardiens eux-mêmes. Chef-d’œuvre intemporel qui assume pleinement son âge et son esthétique un peu vieillotte mais ô combien évocatrice de son époque, Scum multiplie les discours. Entre racisme institutionnalisé, loi du plus fort, sévices corporels allant des coups jusqu'à la torture morale, enfermement, humiliations, viols et même suicides, le film d'Alan Clarke est une œuvre aussi magistralement écrite et mise en scène qu'admirablement incarnée par la totalité de ses interprètes. On notera bien entendu dans le rôle principal l'acteur Ray Winston dans le rôle de Carlin, détenu à la mauvaise réputation mais véritable soutien permettant une certaine cohésion entre ''pensionnaires'' et gardiens. Du moins jusque dans une certaine mesure. Ainsi que la présence de Mick Ford dans le rôle d'Archer, un jeune végétarien athée et érudit. Ponctué de séquences proprement insoutenables (le viol d'un gamin dans une serre suivi plus tard de son suicide), Scum est un classique du genre. L'un des plus importants de sa catégorie. Une fiction, certes, mais surtout un témoignage réaliste et parfois terriblement éprouvant...

 

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