Dans le cycle consacré à
Charles Band, nous n'allons pas faire qu'évoquer ses propres œuvres
en tant que réalisateur mais certaines de celles pour lesquelles il
endossa en priorité le rôle de producteur. Et parmi celles-ci, le
TerrorVision
de l'américain Ted Nicolaou. Un long-métrage de science-fiction
horrifique parmi les plus absurdes que le septième art ait pu
engendrer depuis ses origines. Sorte d'hybridation entre Sitcom,
film
d'horreur fauché, plagiat Z du chef-d’œuvre de John Carpenter,
The Thing
et étude comportementale d'un milieu familial totalement désaxé.
Alors que le récit prend tout d'abord forme sur la planète Pluton
où s'est installée une civilisation extraterrestre humanoïde
intelligente dont le seul représentant visible à l'écran ressemble
étrangement à Jeriba Shigan, la créature de Enemy
Mine,
le film de science-fiction que réalisa le cinéaste
germano-américain Wolfgang Petersen un an seulement auparavant, un
accident survient. De là à imaginer que Ted Nicolaou et le
concepteur des effets-spéciaux John Carl Buechler aient pensé un
seul instant à s'inspirer de l'extraterrestre de ce dernier semble
une évidence. Pour un confort de visionnage ultime, si tant est que
l'on puisse l'exprimer ainsi, mieux vaut accepter le fait de regarder
TerrorVision en
version originale et non pas dans son doublage en français. Et ce,
même si l'on n'est pas en odeur de sainteté avec la langue
anglaise. Pourquoi ? Tout simplement parce que le film est déjà
en soit suffisamment débile pour qu'on n'en rajoute pas une couche
supplémentaire. Donc, pour en revenir au synopsis, une créature
prénommée Hungry Beast considérée comme animal de compagnie par
les habitants de Pluton s'en échappe pour passer par l'antenne
parabolique récemment conçue sur notre planète par Stanley
Putterman (l'acteur Gerrit Graham qui interpréta notamment le
personnage de Beef dans le film culte de Brian De Palma en 1974,
Phantom of the Paradise),
inventeur de génie qui n'imagine pas les conséquences que va avoir
l'installation de l'appareil sur le toit de la demeure qu'il partage
avec son épouse Raquel (Mary Woronov), sa fille Suzy (Diane
Franklin), son fils Sherman (Chad Allen) et le grand-père de ces
derniers (Bert Remsen)...
Lors
d'une soirée où les parents Putterman vont recevoir un couple
d'échangistes, la télévision diffuse un programme consacré au
cinéma fantastique présentée par Medusa (Jennifer Richards), sorte
d'équivalente de fiction d'Elvira, l'une des plus célèbres
animatrices américaines des années quatre-vingt spécialisée dans
le cinéma d'horreur avec son émission Elvira's
Movie Macabre.
Lors de la diffusion du programme, Hungry Beast arrive de l'espace et
s'introduit chez les Putterman en passant par l'antenne parabolique
pour s'en prendre à la famille et leur invités... TerrorVision
est
sans doute l'un des films d'horreur les plus cons (désolé, y'a
vraiment pas d'autre mot pour le décrire) qui aient été produits,
toutes époques confondues. Il y a d'ailleurs de fortes chances pour
qu'une majorité de spectateurs abandonnent cette pénible expérience
après seulement dix ou quinze minutes. Autant de temps qu'il faudra
pour s'acclimater ou non à l'esprit totalement farfelu d'une œuvre
qui se complaît dans une bouffonnerie permanente. Les interprètes
en font des tonnes. C'est surjoué et donc très mal incarné. La
créature demeure ridicule bien que sa conception révèle le talent
de l'équipe en charge des effets-spéciaux. Grosse masse informe et
gluante, Hungry Beast partage avec la créature de The
Thing
la capacité de prendre la forme des individus qu'elle agresse et
dont elle se repaît. Véritable glouton qui se nourrit de tout ce
qui passe entre ses mains, ou plutôt sa pince et son étrange
appendice doté d'un œil cyclope devrions-nous plutôt dire... Le
spectacle est grotesque, voire affligeant, mais bizarrement, après
une période d'acclimatation, TerrorVision
s'avère
finalement beaucoup plus intéressant qu'il n'y paraissait lors du
premier quart-d'heure puisque l'on finit par adhérer au concept.
Avec ce carré d'échangistes, cette fille apparemment fascinée par
la chanteuse Cindy Lauper dont elle reproduit le look, son fiancé,
un métaleux totalement décérébré ou encore le petit frère de
Suzy, véritable héros du récit qui surarmé (le grand-père,
complètement parano, conserve dans une pièce en forme de bunker
tout un arsenal militaire) va aller au devant du danger. C'est gras,
lourd, débile mais finalement, assez jouissif. Assez crade parfois
faut-il le préciser. Bref, une production Charles Band qui mérite
amplement le statut de film culte et qui fait sans doute finalement
partie de ses meilleures productions. À noter qu'il faut
impérativement et malgré tout mettre ses neurones en sommeil pour
pouvoir profiter dans les meilleures conditions possibles de ce film
décidément totalement barré !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire