

Culte ! Je pourrais
me contenter de cet adjectif pour décrire ce
premier volet de la trilogie Portés disparus
tout en étant persuadé que ceux qui comme moi ont atteint le
demi-siècle me pardonneraient d'être aussi succinct. Que l'on ait
cinquante ans ou même davantage, que l'on ait été adolescent dans
les années quatre-vingt, que l'on ait été fan d'action, de guerre
et d'arts-martiaux à cette époque bénie du cinéma bis et
populaire, ce film demeure comme l'une des œuvres les plus connues
incarnées par l'acteur américain Chuck Norris. Culte, donc. Mais
pas simplement par la seule présence de l'un des portes-drapeaux du
cinéma d'action des années quatre-vingt. Mais parce que Portés
disparus
est l’œuvre d'un cinéaste tout aussi remarquable. Joseph Zito,
qui non content d'avoir signé le meilleur opus de la franchise
Vendredi 13
en 1984 avec le quatrième volet intitulé Chapitre
final
avait déjà trois ans auparavant signé l'un des slashers parmi les
plus réussis avec The Prowler...
Culte parce que se présentèrent au casting le génial M. Emmet
Walsh dans le rôle de Jack Tucker, ancien compagnon d'arme du
colonel James Braddock qu'incarne donc Chuck Norris, ou l'inévitable
James Hong qui contrairement à ce que laisse supposer son nom n'est
pas né en Chine mais à Minneapolis, dans le Minnesota et qui dans
le cas présent incarne le général Trau ! Culte puisque l'on
retrouve aux commandes de la partition musicale le compositeur Jay
Chattaway qui, rappelons-le tout de même, fut à l'origine de la
bande originale particulièrement glaçante du morbide Maniac
de William Lustig et autres joyeusetés. Après, tout est histoire de
goûts et de nostalgie.
Ce
qui ne passerait sans doute malheureusement plus aujourd'hui et qui à
l'époque fut apparemment la norme sont les doublages des
''indigènes''. Ici, des vietnamiens que l'on pourrait croire doublés
par Michel Leeb ou Didier Bourdon au temps de leur gloire tant la
caricature est poussée dans ses derniers retranchements. Alors que
l'année suivante Sylvester Stallone et le réalisateur George
Cosmatos s'apprêtent à frapper un grand coup en offrant une suite
aux première aventures de John Rambo mises en scène par Ted
Kotcheff en 1982 avec Rambo 2 : la mission,
le long-métrage de Joseph Zito s'inscrit davantage dans la tradition
d'un cinéma beaucoup plus modeste. D'ailleurs, si l'on compare les
deux-millions et demi de dollars qui servirent de financement à
Portés disparus
aux
quarante-quatre qui permirent à George Cosmatos d'offrir à son
principal interprète de quoi s'exprimer dans d'optimales conditions,
on comprend pourquoi le premier n'a pas toujours l'aura qu'il mérite.
Patriote à l'esprit vengeur supportant difficilement que certains
de ses hommes soient encore retenus prisonniers dans un camp
vietnamien près de dix ans après la fin de la guerre, James
Braddock profite de sa visite officielle au Vietnam pour aller les
libérer. Qualitativement parlant, on est plus proche ici des
productions mettant en scène Steven Seagal et Jean-Claude Vandamme
(ce dernier ayant participé au film en tant que cascadeur) que de
celles dans lesquelles furent à l'époque enrôlés Sylvester
Stallone ou Arnold Schwarzenegger. Sans totalement puer le film
fauché, il ne faut pas s'attendre à du grand cinéma. Ça n'est
d'ailleurs absolument pas ce que l'on demande à Chuck Norris, à son
personnage, au script ou au réalisateur. Ce dernier nous fait
d'ailleurs très rapidement comprendre qu'ici, faire parler la poudre
et les poings est beaucoup plus intéressant et efficace que de faire
travailler la matière grise. Tout d'abord retenu prisonnier dans un
bâtiment officiel de Hô Chi Minh par des gardiens surarmés,
Braddock passe la première partie du long-métrage à tenter de fuir
les lieux tout de noir vêtu. De l'action pure agrémentée de
cascades plus ou moins impressionnantes.

Le
commentaire est ici limité. Rien à voir donc avec les grands
projets cinématographiques pensés à l'époque et jusqu'à
aujourd'hui pour exorciser un conflit qui fit cinquante-huit mille
morts du côté américain et près de trois millions et huit-cent
mille du côté vietnamiens,
civils compris... Rues insalubres, boites de strip-tease,
délinquance, notre héros se ''promène'' en ville jusqu'à
retrouver son ami et ancien compagnon d'arme Jack Tucker (notons que
dans le bar où il le retrouve l'on entend en fond sonore une reprise
de ''Da
Ya Think I'm Sexy''
de Rod Stewart (pathétiquement) réinterprété par la chanteuse
Juliet Lee ! Tourné au Philippines (notamment devenu le lieu de
prédilection du génial Bruno Matteï, pour les connaisseurs). Sans
cesse mis en danger par des hommes qui en ville tentent de lui faire
la peau, Côté effets-spéciaux, on devine certaines ficelle. Comme
ce passage où l'on comprend la mécanique consistant à conduire un
camion sans danger pour sa vedette. L'on parle évidemment de celui
au volant duquel se trouve Chuck Norris. Ce dernier n'en ayant
absolument pas les commandes puisque le coup de volant qu'il donne à
un moment donné ne change pas la direction du véhicule. De plus, la
''star'' est doublée lors des cascades (n'est pas Belmondo qui
veut...). Il va ensuite falloir patienter pas moins de
soixante-quinze minutes pour découvrir enfin le camp retenant les
prisonniers américains. Une geôle typique des conditions sordides
dans lesquelles ils sont généralement retenus et que la majorité
des films encadrant la guerre de Vietnam retranscrit ainsi. Ce
dernier tiers du long-métrage augure alors dans une moindre mesure
de ce que sera Rambo
2 : la mission
l'année suivante. Observation et pénétration furtive du camp.
Installation d'explosifs avant le feu d'artifices. Braddock fait
ensuite parler la poudre face à des adversaires qui, c'est très
drôle et généralement le cas dans ce genre de production, mettent
toujours des plombes avant de faire feu en direction de l'ennemi !
Pas de bol, Braddock s'est planté de camp ! On connaît la
suite. Pas découragé pour un sou, notre héros s'en va rejoindre
l'endroit où se situent les prisonniers américains pour un final
pétaradant lors duquel il parviendra à libérer ses anciens
compagnons...
"(...) des vietnamiens que l'on pourrait croire doublés par Michel Leeb ou Didier Bourdon au temps de leur gloire"
RépondreSupprimerNe pas oublier José Garcia ! :-)
https://www.youtube.com/shorts/mCLHDqguu2Q
https://www.youtube.com/shorts/k7QRZA9LawU
Qu'est-ce que je les regrette, ces deux-là (enfin, trois avec Gildas)