J'évite en général
scrupuleusement de m'adonner à ce genre de pratique mais une fois
n'est pas coutume, je suis allé me rendre compte sur différents
médias de la curée dont a été victime le premier long-métrage de
Michel Denisot avant de le visionner. Une habitude pour ces
animateurs, ces chanteurs ou ces comédiens qui choisissent
d'investir les plateaux de cinéma pour donner vie à un fantasme :
Devenir réalisateur. En son temps, l'unique long-métrage de Patrick
Sébastien, T'Aime,
ne fut-il pas lui-même victime de quolibets parfois injustifiés ?
Aujourd'hui, c'est au tour du journaliste et animateur Michel Denisot
de faire les frais d'une presse qui semble avoir beaucoup de mal à
accepter qu'une personnalité sorte de sa zone de confort. Toute
Ressemblance…
est une œuvre hybride. Entre comédie et drame. Une comédie
dramatique comme nous pourrions l'évoquer mais la frontière est
dans ce cas précis si difficile à appréhender que l'on ne sait
plus vraiment sur quel pied danse le récit. Ce qui
depuis quelques années sauve la comédie française, c'est
lorsqu'elle parvient ponctuellement à apporter une émotion que l'on
ne trouvait jusque là que dans le genre dramatique. La comédie en
tant que telle ne produisant qu'une infime production de qualité
chaque année (un ou deux longs-métrages, pas davantage), c'est le
cœur que doit toucher le cinéaste, et plus uniquement les
zygomatiques. Et en général, cela fonctionne. Sauf qu'avec Toute
Ressemblance…,
Michel Denisot rate absolument tout ce qu'il entreprend.
D'abord,
le contexte : présentateur vedette du journal de 20 heures de
La Grande Chaîne,
Cédric Saint Guérande est LA star qui depuis dix-huit ans bat des
records d'audience. Ses adversaires ont les dents longues mais les
siennes rayent le parquet depuis tellement d'années qu'il connaît
tous les rouages, toutes les manœuvres, tous les coups fourrés lui
permettant de conserver son poste de présentateur. Même l'arrivée
du nouveau directeur Julien Demaistre dont le rôle est de tout
réorganiser au sein de La
Grande Chaîne n'y changera rien. Seule faiblesse de CSG :
Elisa. Sa compagne dont il est fou amoureux... Toute
Ressemblance…
démarre alors que Cédric Saint Guérande est poursuivi en voiture
par une meute de paparazzis. Ce démarrage en trombe étant la
résultante d'une vie pleine d'orgueil et de mépris, Michel Denisot
se propose de développer sous la forme d'un flash-back en voix-off,
le succès et la chute de l'empereur du journal de 20h.
Sauf
que...
Sauf
que Michel Denisot en signant Toute Ressemblance…
n'a rien d'un précurseur. Le sujet de son film semble avoir été
déjà mis en scène des dizaines de fois auparavant. Surtout, le
titre laisse transparaître un sentiment d'aigreur face à cette
description peu élogieuse qu'il fait du petit monde de la
télévision. Une sensation que semble confirmer la toute fin du
long-métrage lorsque au classique ''Toute
ressemblance avec des personnes […] ne saurait être que
fortuite'',
Michel Denisot adjoint un point d'interrogation accusateur. Si dans
le fond, le sujet peut attiser la curiosité, voire une certaine
forme d'indiscrétion, le résultat est pitoyable. Le réalisateur et
scénariste (scénario co-écrit avec Karine Angeli) pond une œuvre
qui hésite tant entre humour et comédie dramatique qu'au final,
elle n'est ni drôle, ni émouvante. Franck Dubosc est assez peu
convainquant même si l'on pourra tout de même apprécier son
approche d'un genre qu'il na pas si souvent l'occasion d'interpréter
sur grand écran. Jérôme Commandeur est toujours aussi savoureux
même si l'insistance de son personnage à évoquer ses appétences
homosexuelle finissent par se révéler lourdement redondantes.
Sylvie Testud assure son rôle de concierge/bonne à tout faire,
Caterina Murino campe une très séduisante Elisa, quant à Denis
Podalydès, il demeure sans doute le seul qui tire véritablement son
épingle du jeu même s'il s'avère insuffisamment employé. Et ne
parlons même pas des éphémères présences d'Alain Delon, de
Michel Drucker, de Laurence Ferrari, de Patrick Poivre D'Arvor ou de
Claire Chazal en mode ''j'invite mes vieux amis de la télé'' qui
vieillissent prématurément un film qui déjà, n'en avait pourtant
pas besoin. Caricatural jusqu'à la nausée et finalement assez
malhonnête de la part d'un homme qui s'est nourri toute son
existence du média télé, Toute Ressemblance…
est raté !
A mon sens, un film qui fonctionne, mieux dans la comédie, plus précisément la satyre, que dans la veine dramatique. Une assez bonne surprise, de la part de Michel Denisot réalisateur qui s'est assez bien entouré, et à qui il manque encore de la technique, du métier, pour amener son film à un niveau encore supérieur.
RépondreSupprimerBref, prometteur, pas mal, et vivement le prochain film pour un résultat qui sera, je l'espère, meilleur, et même à retenir.