Pour une fois, je vais
vous parler d'un blockbuster américain, genre généralement et
éminemment méprisé en ces pages. C'est donc avec une certaine
insolence que j'aborderai l'objet tout en demeurant d'une impartiale
objectivité. La bête se nomme ici Kong :
Skull Island et démarre sous les pires et les
meilleurs auspices puisque le film se déroulant en l'an de
(dis)grâce 1973 et aux abord du conflit vietnamien, on aura droit à
la sempiternelle bande-son typée seventies avec tout ce qu'elle
comporte de bon pour les vieux briscards et de mauvais pour les
petits jeunes sevrés aux infamantes productions musicales actuelles.
On a droit à l'immuable développement des forces américaines,
l’œuvre profitant ainsi dans un premier temps de l'occasion que
lui offre son auteur Jordan Vogt-Roberts de nous offrir l'image d'une
toute puissance militaire qui n'hésite pas à déployer une partie
infime de ses forces (comprendre une armada d'hélicoptère et un
porte-avion flambant neuf). Force guidée par un colonel d'abord
déprimé à l'idée de plier bagages et baisant presque les pieds
d'un supérieur lui offrant une opportunité, somme toute ridicule au
regard du conflit qui l'a retenu jusqu'à maintenant au Vietnam, mais
qui désormais peut espérer prolonger l'expérience en terre
étrangère.
Une île, la Skull Island
du titre, et que l'on traduira fort logiquement chez nous par L’île
au Crâne, un vaste territoire demeuré vierge de toute exploitation,
de toute colonisation, du moins jusqu'à ce qu'un satellite américain
n'en révèle la présence. D'une simple évocation de l'éventuel
accaparement des lieux par l'URSS, voilà que deux scientifiques
parviennent à convaincre un sénateur de leur offrir non seulement
le voyage, mais l'aide également de chercheurs et de soldats. Ces
derniers dont le quota d'abrutis n'a malheureusement pas ici été
revu à la baisse. Si cette première partie de Kong :
Skull Island semble
être percluse de clichés, on peut également se demander dans
quelles mesures ces références habituelles sont rattachées à une
certaines idée de la réalité. Aux commandes d'une armée aux
muscles huilés et pesant aussi lourds que sont légers leurs
neurones, l'acteur Samuel L. Jackson, obtenant ici le rôle ingrat du
lieutenant-colonel Preston Packard et que l'on aurait communément
envie de nommer « gros
con de service ».
Un
beau casting constitué par la présence des charismatiques Tom
Hiddleston et John Goodman, ainsi que de la jolie Brie Larson. Si
l'on retrouve quelques aspects des œuvres qui l'ont précédé,
Kong :
Skull Island nous
ôte la disgrâce d'une humanité désirant arborer un fier trophée
de plusieurs dizaines de mètres de hauteur en l’exportant jusqu'aux
États-Unis. Ne serait-ce ce militaire laissant une armée de
créatures au look surréaliste (et nommés lézards par le seul
peuple d'indigènes vivant sur l'île) dézinguer ses hommes au seul
profit d'une vengeance d'homme à singe, Kong :
Skull Island aurait
pu se voir comme une sorte de carte postale idyllique en terre
inhospitalière. Entre Koh
Lanta,
Jurassic
Park, Predator,
et les innombrables longs-métrages ayant mis en vedette un certain
Godzilla du temps des Ishirô Honda, Jun Fukura et consorts, le film
de Jordan Vogt-Roberts est peu avare en terme de visuel puisqu'il
propose des décors à couper le souffle que l'on doit à certaines
régions du globe telles que l'archipel de Hawaï, et l'Australie.
Des décors bluffant, donc, mais également des effets-spéciaux
remarquables en images de synthèse.
Le
tout auréolé d'un scénario, bien entendu, assez convenu et
totalement prévisible, et de quelques scènes, avouons-le, tout à
fait grotesque. J'en veux pour preuve les rafales de balles de gros
calibres ininterrompues et pourtant inefficaces contre l'une des
créatures qui rendra son dernier souffle grâce à l'utilisation
d'un... briquet. Mais tout cela n'est pas grave. Que voulez-vous, on
est à Hollywood, le monde merveilleux de la magie, des incohérences
et des scénarios en mode 'slim' noyés sous une tonne d'effets.
Kong :
Skull Island
remplit ses objectifs : un bon divertissement familial, un point
c'est tout...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire