Ceux qui me connaissent
savent que je n'aime pas les comédies musicales. Ou si peu. West
Side Story,
Grease,
Moulin Rouge,
Les demoiselles de Rochefort
ou Chantons sous la pluie ?
Très peu pour moi... J'avoue avoir malgré tout une faiblesse pour
quatre d'entre elles. Le Phantom of the Paradise
de Brian De Palma, The Blues Brothers
de John Landis, Cry-Baby
de John Waters et... Car Wash
de Michael Schultz. En réalité, le format de ce dernier est un peu
particulier puisque les interprètes ne s'arrêtent que très
sporadiquement pour interpréter les chansons qui passent à la radio
durant une très grande partie du long-métrage. Film de
Blaxploitation
datant de 1976, Car Wash
est une œuvre culte dont l'essentiel repose davantage sur sa bande
musicale que sur le récit puisque de ce point de vue là, le
scénario est d'une confondante simplicité. Un scénario écrit par
Joel Schumacher, futur réalisateur de Génération
Perdue,
Le Droit de tuer ou
encore 8 millimètres.
Culte parce qu'à l'époque, ou du moins c'est le sentiment que
laisse transparaître le film de Michael Schulz, il était encore
possible d'autoriser un certain vent de liberté quel que soit le
sujet abordé. Ici, tout ne semble être que question
d'improvisation. Alors qu'aujourd'hui des codes de bien-pensance
empêchent d'entendre ou de voir tout et son contraire, à l'époque,
personne n'aurait pensé s’offusquer en voyant déambuler à
l'image, un Antonio Fargas (Huggy les bons tuyaux de la série
policière Starsy et Hutch)
dans le rôle d'un homosexuel ultra caricatural. Une ''folle'' comme
il était de coutume chez les hétéros bas du front de nommer les
homosexuels.
Personne
ne serait sans doute monté sur ses grands chevaux lorsque les
employés d'une station de lavage automatique s'amusent de la
reconversion de l'un d'entre eux à la religion musulmane (Bill Duke
dans le rôle de Abdullah Mohamed Akbar)... ''Il n'y a
pas de superman noir...'' comme l'évoque à l'époque très
justement le personnage de TC aka La Mouche qu'interprète l'acteur
Franklyn Ajaye. Une pensée visionnaire et une injustice qui sera
longtemps plus tard réparée puisque les fans de l'univers DC
devraient logiquement bientôt découvrir le premier Superman noir
sur grand écran. Sous couvert d'être une comédie (musicale), Car
Wash laisse tranquillement ses messages infuser. Mais avec
bien moins de violence et d'arrogance qu'aujourd'hui. C'était
d'ailleurs un peu le principe de la Blaxploitation dont le but
principal était de mettre l'homme noir sur un même d'égalité que
le blanc tout en se moquant gentiment de celui-ci. Rien de méchant,
donc. Le récit prend place dans une station de lavage de voitures
dans laquelle une dizaine d'employés passent visiblement plus de
temps à chanter, à faire les idiots, à danser ou à draguer les
quelques rares représentantes féminines qui passent à l'image
(Lauren Jones dans le rôle de Marleen ou Tracy Reed dans celui de
Mona) qu'à travailler.
Les véritables moments
de profondeur sont rares, voire seulement survolés, Michael Schultz
semblant avoir abandonné toute idée de contrôle sur ses
interprètes. Ponctuellement drôle, Car Wash pêche
malheureusement par sa pauvreté scénaristique. Un minimalisme qui,
sans provoquer de désastre, suscite au bout de trois-quart d'heure
un certain ennui malgré ses très nombreuses mises en situation. À
dire vrai, l'un des principaux intérêts du long-métrage provient
du charme suranné typique des années soixante-dix qui s'en dégage.
À commencer par sa bande musicale composée par Norman Jesse
Whitfield et interprétée par le groupe de R&B, de soul et de
disco Rose Royce, ou dans une moindre mesure par les Pointer Sisters
qui apparaissent ici à l'écran sous le nom de The Wilson Sisters.
Parmi les autres interprètes nous retrouvons l'acteur Jason Bernard
dans un rôle secondaire (il fut notamment l'interprète de Caleb
Taylor, le père d'Elias dans la série télévisée de
science-fiction culte V)
ou encore Richard Pryor dans le rôle de Papa Riche quatre ans avant
celui qu'il interpréta dans Faut s'faire la malle de
Sidney Poitier ou neuf avant celui qu'il incarna dans Comment
claquer un million de dollars par jour de Walter Hill. Au
final, Car Wash
a vieilli et n'aura sans doute pas le même impact que celui,
persistant, du géniallissime Blues Brothers
de John Landis...
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