Bien avant d'être
naturalisé suisse en 1986, le futur réalisateur et scénariste
français José Giovanni de son vrai nom Joseph Damiani allait se
rendre coupable de vols à l'encontre du peuple juif en août 1944.
Pire : un an plus tard, il sera au centre d'une sordide affaire
de triple meurtres auprès de son frère Paul et d'un ancien de la
milice allemande et un autre de la Gestapo ! Autant dire qu'à
l'époque l'on est loin d'imaginer que José Giovani deviendra l'un
des grands pourvoyeurs en matière de thrillers et de films
d'aventure à la française. Car en effet, bien que sa fin de
carrière sera nettement moins passionnante, on lui devra Le
rapace en
1968, Deux hommes dans la ville
en 1973, Le gitan
en 1975 ou encore Les égouts du paradis quatre
ans plus tard. En 1970, il signe son troisième long-métrage juste
après avoir adapté et écrit les dialogues du Clan
des siciliens
pour Henri Verneuil en 1969. Dernier domicile
connu
a ceci de spécifique qu'il ne ressemble absolument pas à ce que
l'on à l'habitude de voir dans notre pays en matière de films
policiers et de polars. Et pourtant, celui-ci s'inscrit bien dans la
continuité d'un genre qui fait florès chez nous puisqu'il s'agit de
l'adaptation cinématographique du premier ouvrage de l'écrivain
américain Joseph Harrington qui était lui-même spécialisé dans
l'écriture de romans policiers. Adapté de The
Last Known Address,
Dernier domicile connu
met en scène l'immense Lino Ventura dont la carrière débutera
auprès de l'acteur Jean Gabin avant qu'il ne devienne la vedette
principale du Gorille vous salue bien
de Bernard Borderie en 1958. Sa carrière est donc véritablement
lancée cette année là et jusqu'à la fin, ce fils d'immigré
italien et ancien catcheur n'aura de cesse que d'incarner de
charismatiques personnalités. Sa présence au générique de Dernier
domicile connu
est en cela presque étonnante tant il paraît être contraint de
faire preuve de retenue même si, il est vrai, le personnage de
l'inspecteur principal Marceau Leonetti qu'il incarne sort ses
griffes à quelques occasions. Flic irréprochable, détenteur de la
Légion d'Honneur, Leonetti arrête un jour un jeune homme pris de
boisson qui au volant de son véhicule fait l'imbécile. Fils d'un
grand avocat, son père a cependant rédigé un rapport en totale
contradiction avec les faits et Leonetti se voit muté dans un autre
quartier à s'occuper d'affaires sans intérêt.
Un
jour, l'un de ses supérieurs lui confie la tâche de repérer les
pervers dans les cinémas pornographiques et pour cela, on lui colle
aux basques la toute jeune auxiliaire de police Jeanne Dumas. La
mission est pénible, surtout pour cette dernière, contrainte de se
coltiner des individus libidineux qui se frottent à elle dans la
glauque moiteur des salles obscures. Mais bientôt, une nouvelle
affaire est confiée à Leonetti et Jeanne : retrouver Roger
Martin (l'acteur Philippe March), lequel doit témoigner lors d'un
très important procès mais sur lequel personne n'arrive à mettre
la main depuis des mois. Les deux flics n'ont devant eux que huit
jours pour retrouver celui qui doit témoigner au procès du truand
Soramon. Film à l'ambiance et au rythme très particuliers, Dernier
domicile connu
met également en scène la délicieuse Marlène Jobert qui avant ce
policier, avait en l'espace de quelques années seulement rencontré
Jean-Luc Godard, Michelle Deville, Yves Robert, Louis Malle ou encore
Michel Audiard. Si la chose n'apparaît pas à l'écran, il faut
savoir que sa carrière n'aurait pu être qu'un fantasme si elle
n'avait pas croisé un chirurgien esthétique de talent qui lui sauva
littéralement la vie alors qu'elle n'avait que vingt-deux ans. C'est
à cet âge là en effet que la future actrice allait être la
victime d'un grave accident qui allait temporairement la défigurer !
Et pourtant, tout comme la ''grande
sauterelle''
Mireille Darc à la même époque, Marlène Jobert deviendra l'une de
ces quelques superbes poupées régulièrement employées dans le
cinéma français des années soixante-dix et quatre-vingt. Dernier
domicile connu
est conçu de manière très étrange non pas constituée de
courses-poursuites effrénées à pieds ou en voiture ou de
fusillades mais d'une succession de prises de contact avec des hommes
et des femmes qui pourraient apporter leur aide à nos deux policiers
qui vont nouer une très cordiale relation professionnelle malgré le
comportement un peu bougon de Leonneti et l'amateurisme de sa
nouvelle partenaire. Dans l'ombre de l'un et de l'autre, quelques
mystérieux individus, à l'image de Michel Constantin qui interprète
un certain Greg. Mais aussi quelques autres nettement plus
sympathiques, comme Jacques Loring qu'incarne Paul Crochet. Ajoutons
la très belle partition musicale du mythique compositeur français
François de Roubaix et l'on tient là un étonnant polar, dont les
mécanismes s'avèrent relativement inédits. Une excellente surprise
portée par un duo d'acteurs remarquables...
Vu à la téloche il y a peu. Juste pour la valeur "documentaire" (fin des 60's-début des 70's, le confort de vie était déjà bien là ainsi que les bases du déclin à venir - ces tours d'immeubles de "cages à lapins"... -) mais l'histoire n'est pas mal non plus. Par contre, je suis un peu perplexe... Les cinés pornos existaient déjà ? Car à ma connaissance, "l'âge d'or" du X débute vers 75, il me semble (en France, du moins)...
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