''This is comedic
Cronenberg'' nous promet le
teaser américain. Voilà un programme des plus alléchant. En
attendant que le maître absolu du Body Horror David
Cronenberg ne revienne à ses
premières amours sur grand écran, il n'est d'autre choix que de
farfouiller ça et là à la recherche du long-métrage même le plus
ingrat qui nous permettra de patienter jusque là. À lui tout seul,
le titre du nouveau long-métrage de Tyler Russel est tout un
programme : Cyst,
qui chez nous signifie kyste.
Amateurs de furoncles, bubons, fistules et autres pustules, bonjour.
Après un générique à la typographie élégante, le film s'ouvre
sur une intervention chirurgicale qui risque de donner des boutons
aux hypocondriaques. Une jolie jeune femme portant à l'arrière du
cou un kyste sébacé dont la capsule s'avère impressionnante,
laquelle renferme pas moins d'un litre de sébum et dont le diamètre
va être considérablement réduit grâce au doigté assez peu
délicat du docteur Guy (l'acteur George Hardy). Une opération
chirurgicale pratiquée sans anesthésie et qui s'apparente à
l'écran à un orgasme masculin. Voici donc le type de programme que
nous propose le réalisateur, malgré tout sur un ton volontairement
humoristique puisque le sujet n'est ici très clairement pas d'offrir
aux spectateurs leur comptant de frayeurs mais plutôt de les faire
sourire ou de les révulser face à des pratiques opératoires d'un
goût plus que douteux...
Le
réalisateur canadien peut dormir sur ses deux oreilles car ça n'est
certes pas avec Cyst
que Tyler Russel lui fera de l'ombre. Alors que le premier aborde le
Body Horror
avec tout le sérieux du monde, le second convoque un parterre de
pitres dans une comédie horrifique qui laissera pourtant en sommeil
nos zygomatiques. Rire devient ici un exercice des plus délicat,
enfermant le spectateur dans une certaine forme de circonspection.
Rien n'étant plus subjectif que la capacité d'un individu à
accepter ce que lui impose un tel spectacle, il deviendra difficile
dans le cas de Cyst
de juger de la qualité des répliques ou des situations que l'on
soit adepte ou non de la méthode employée. Dans les années
soixante, un médecin dermatologue concepteur d'une machine qu'il
envisage comme étant révolutionnaire en perd le contrôle lorsque
vient l'instant fatidique de la présenter afin d'en obtenir le
brevet. Vient alors à la vie un énorme bubon qui autour de lui va
faire des ravages. Si l'on ne connaît pas encore les univers de
Peter Jackson (Bad Taste,
The Feebles ou
Braindead),
de Jim Muro (Street Trash),
de Stuart Gordon (Re-Animator,
From Beyond),
de Frank Henenlotter (Basket Case,
Brain Damage)
ou de Brian Yuzna (Society,
Le dentiste),
la chose peut encore s'envisager comme une alternative se rangeant
dans la case du gore rigolo. À l'inverse, Cyst
s'impose comme un ersatz relativement piteux qui malgré ses
intentions, l'engouement de ses interprètes, sa bande-son signée de
Sam Lipman ou ses séquences d'horreur médicales, s'avère
navrant...
Un
long-métrage qui sans doute aurait connu le succès auprès du
public s'il avait débarqué ne serait-ce que trente ou quarante ans
plus tôt. Si les dialogues manquent cruellement de génie comique,
la créature prénommée Kyste est à l'aune de ce que l'on pouvait
voir chez nos lointains voisins japonais lorsque leur imagination
donnait naissance aux formidables minis-boss de la série San
Ku Kaï
à la toute fin des années soixante-dix. La bestiole en question est
non seulement la jumelle de ces extraterrestres en latex qui firent
notre bonheur d'anciens adolescents, mais elle est même parfois
comparable à ces créatures
ridicules des
années cinquante ou soixante vues dans tout un tas d’œuvres de
science-fiction auxquelles rendit notamment hommage un certain
Jean-Pierre Putters dans sa série d'ouvrages The
Craignos Monsters.
Sans être tout à fait ennuyeux, Cyst
a cependant cette fâcheuse tendance à laisser derrière lui un
champ de ruines émotionnelles figuré par l'état dans lequel le
film abandonne le théâtre des événements. Ou lorsque David
Cronenberg rencontre le John Carpenter de The
Thing
en milieu médical sans qu'à aucun moment Tyler Russel n'aie le
dixième du génie de ces deux grands cinéastes... À oublier...
très rapidement...
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