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samedi 7 octobre 2023

Acide de Just Philippot (2023) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

L'aventure du projet Acide débute véritablement vers le milieu de la décennie précédente en 2017 lorsque dans le cadre de la collection Canal+, ''Écrire pour le cinéma de genre/fantastique'', le réalisateur français Just Philippot réalise un court-métrage catastrophe dans lequel un nuage chargé en acide avance inexorablement en détruisant tout sur son passage. Métaux, roches, végétation et organismes vivants en tous genres subissent les assauts implacables d'une pluie qui brûle, dissout et reconfigure d'une manière générale l'environnement ainsi que le comportement des humains. Just Philippot condense et observe en un peu plus de dix-sept minutes les conséquences de la catastrophe sur l'attitude des survivants. Chasse gardée des zones protégées et surtout, la tentative de survie d'un couple (Maud Wyler et Sofian Khammes) et de leur jeune fils (Antoine Chaussoy) face au nuage menaçant qui avance vers eux. Situant l'action dans la campagne française, Acide, le court-métrage est d'une efficacité redoutable et même parfois, réellement cruel (le père sacrifiant sa propre existence pour que survivent les siens). Trois ans plus tard, le réalisateur réinvestit les territoires du film catastrophe environnemental avec son premier film cinéma intitulé La nuée, œuvre sympathique mais non dénuée d'un certain nombre de défauts. Il faudra attendre trois années supplémentaires pour que le projet de long-métrage portant sur le même sujet que le court Acide voit le jour. Pourtant, l'adaptation cinématographique de ce projet dépassant à peine le quart-d'heure est déjà bien là, dans la tête de son auteur depuis au moins quatre ans. Les conséquences étant ce qu'elles sont à l'issue du court-métrage dont la conclusion s'était montrée on ne peut plus pessimiste, les personnages et par là-même leurs interprètes respectifs changent du tout au tout. Le trio de protagonistes du court disparaissent donc au profit de Guillaume Canet, Laetitia Dosch, Patience Munchenbach ou encore Suliane Brahim.


Bénéficiant d'un budget riquiqui évalué à un peu moins de douze millions d'euros, le long-métrage Acide voit officiellement le jour sur grand écran dans notre pays le 20 septembre dernier, soit quatre mois après avoir fait ses premiers pas lors du festival de Cannes dans la catégorie Séances de minuit ! Après avoir récemment subit le naufrage artistique que représente Astérix – l'empire du milieu, voici que son réalisateur et l'un de ses principaux interprètes Guillaume Canet refait surface dans le rôle principal de Michal. Un père de famille, divorcé d’Élise (Laetitia Dosch), laquelle donna naissance quinze ans auparavant à Selma (Patience Munchenbach). Production franco-belge notamment produite par Pathé Films, France 3 cinéma ou encore Umedia (pour la Belgique), Acide subit les conséquences d'une durée beaucoup plus importante que le court-métrage qui n'avait pas pris le temps... de prendre son temps et allait droit au but. L'un et l'autre connaissent donc bien des différences. À commencer par le format qui passe du 4/3 au cinémascope. Contrairement au court, il y a désormais un début, un milieu et une (pseudo)fin. Sous couvert d'une situation sociale et environnementale difficiles bénéficiant d'une actualité des plus prolixe, Just Philippot s'engouffre tout d'abord dans une brèche dont la spécificité fait le beurre de certains partis. Les violences policières sont donc ici effectivement décrites comme une réalité ! Passage forcé pour les uns ou inutile (et de mauvais goût) pour les autres, mais que voulez-vous, certains se sentent sans doute investis d'un pouvoir de régulation morale que votre serviteur ne partage absolument pas. Représentation d'une famille décomposée entre père sous bracelet électronique et fille en mode électron libre à tendance ''chieuse'' (signe d'une hérédité plus ou moins assumée), Just Philippot œuvre donc dans le social et transforme un assigné à résidence en figure paternelle héroïque. Lequel trouve malgré tout le temps de se battre verbalement en duel avec son ex alors que dehors le fléau acide étend son réseau sur l'hémisphère nord. Avec ses (presque) douze millions d'euros, Acide ne peut ensuite compter que sur le talent de ses différents artisans.


Comme ceux en charge des effets-spéciaux. Sobres et discrets. Gros nuages menaçants, fumerolles, flaques et rivières d'acide sulfurique, chevaux fuyant le fléau climatique, pont menaçant de s'effondrer, tentative d'exode vers des lieux plus sûrs, rien que de très commun nourri par un soucis d'économie qui se voit pourtant à peine à l'écran. De ce point de vue là, le film fait remarquablement bien son travail. Un climat de tension qui diffère de celui préconisé au départ par le récit au sein des milieux professionnels et privés que partagent nos trois principaux protagonistes, grimpant ensuite d'un cran grâce, en outre, à la partition musicale du compositeur français Robin Coudert qui en 2012 fut notamment l'auteur de celle du Maniac de Frank Khalfoun (remake du film culte éponyme du réalisateur américain William Lustig). Si les moyens financiers ne sont pas mirobolants, ils s'avèrent cependant beaucoup plus conséquents que ceux qui furent alloués au court-métrage. D'où une densité d'action qui se démarque très nettement de l'original même de part sa durée, Acide contient quelques passages à vide inexistants cinq ans en arrière. L'essentiel ne repose donc plus sur la seule catastrophe mais également sur le portrait d'une famille dysfonctionnelle contrainte de s'unir pour mieux aborder la catastrophe et ainsi la combattre. Certains penseront sans doute que le court-métrage se suffisait à lui seul. Il s'agit d'ailleurs bien souvent du même problème lorsque un auteur prend le pari d'adapter un court au format long. Le risque étant de dénaturer le produit d'origine. Il y a donc là diverses manières d'aborder le sujet et même, LES sujets, selon que l'on soit exclusivement intéressé par l'approche catastrophiste du récit ou que l'on veuille accorder aux personnages une part d'humanité en leur octroyant un temps plus ou moins long pour la caractérisation. Une bonne surprise...

 

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