Après les histoires de
fantômes chinois et japonais, ce fut au tour de la Corée du Sud de
mettre les pieds dans le plat. Si les uns furent affublés de
vêtements amples et de l'étonnante capacité à voler dans les airs
tandis que les autres furent dotés de longs cheveux noirs derrière
lesquels se cachaient visages blêmes et yeux exorbités, on a droit
ici à quelque chose de tout à fait différent ! Si Janghwa,
Hongryeon
(Ou Deux sœurs)
de Kim Jee-Woon n'est pas le premier long-métrage sur le sujet
provenant de Corée du Sud, il reste du moins l'un des plus efficaces
et parmi les plus originaux. Plutôt que d'imiter les japonais Hideo
Nakata ou Takashi Shimizu, Kim Jee-Woon préfère construire son
film autour d'un personnage ''fantôme'' à la manière du
chef-d’œuvre de Robert Mulligan, The Other
(1972). Résultat, le film est parvenu à me faire
sursauter à deux reprises. Ce qui en soit, est un véritable
exploit. Mieux (ou Pire) : En usant d'un procédé vieux comme
le monde : le Jump Scare !
Preuve que c'est parfois dans les plus vieilles recettes que l'on
trouve matière à reproduire à l'identique ce qui fonctionnait
naguère mais qui depuis des lustres semble apparemment être devenu
inefficient. Si réduire le
troisième long-métrage de Kim Jee-Woon au seul classique de
l'épouvante des années soixante-dix serait déjà procurer à
Janghwa, Hongryeon
un statut particulièrement enviable, la comparaison ne s'arrête
évidemment pas au twist,
remarquable mais néanmoins très envisageable dès les premières
minutes, qui intervient en milieu de parcours. Le film se divise en
deux segments très nettement identifiables. La première partie se
focalise essentiellement sur les deux jeunes filles qu'évoque le
titre (l'original paraît quant à lui se référer à... leur surnom
?). Deux sœurs prénommées Soo-mi (Lim Soo-jung) et Soo-Yeon (Moon
Geun-young) que leur père Moo-hyeon Bae (Kim Kap-su) et leur
belle-mère Eun-joo Heo (Yum Jung-ah) accueillent chaleureusement
chez eux. L'occasion pour le réalisateur et scénariste de faire
montre de son talent en matière de mise en scène.
Un savant mélange entre schizophrénie et fantômes asiatiques...
La
totalité de l'intrigue se déroulant dans la demeure du couple,
c'est aussi l'occasion pour le décorateur Jo Geun-Hyeon et le
photographe Lee Mo-Gae de mettre en place un environnement classieux
dénotant une certaine aisance chez ses personnages. Toute la
différence avec les protagonistes de Nakata et de Shimizu qui eux,
vivent en banlieue dans des quartiers ouvriers. Cette première
partie en dit peu sur les événements troubles qui se déroulent au
sein de cette famille fraîchement reconstituée. Qu'est devenue la
mère des deux filles ? Pourquoi l'une d'elles est-elle
assaillie par des terreurs nocturnes ? Pourquoi la seconde se
montre-t-elle si distante envers leur père ? Et puis, il y a
cette difficile relation que l'une et l'autre entretiennent avec leur
belle-mère... que Soo-mi traite avec méfiance depuis qu'elle l'a
soupçonne de maltraitance envers sa sœur Soo-Yeon. Une première
partie sympathique, sans plus. Dont on profite davantage de la bande
musicale, des décors et des déplacements de caméra plus que de
l'intrigue elle-même. Jusqu'à ce qu'intervienne une séquence de
dîner on ne peut plus délirante, laquelle va déclencher toute une
série de révélations plus folles les unes que les autres. Et c'est
bien durant ces quarante ou cinquante dernières minutes (le film
frôle les deux heures) que le spectateur retiendra véritablement
son souffle. L'incarnation glaçante de l'actrice Yum Jung-ah mêlée
de stupeur lorsque la vérité nous est révélée font de Janghwa,
Hongryeon
un petit classique du genre qui n'a absolument pas à rougir face à
la concurrence japonaise. Cette même concurrence qui préféra sans
doute brasser longtemps et inlassablement les mêmes concepts au
mépris de toute nouvelle inspiration...
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