Qui n'a jamais rêvé de
gagner une grosse somme d'argent aux jeux de grattage ou mieux, à
l'Euromillion ou comme ici, au Loto ? En dehors de certains
grands foutreballeurs qui empochent chaque mois le gros lot, on
connaît tous autour de nous des collègues qui plaqueraient leur
poste de travail dans l'immédiat pour aller se faire dorer la pilule
loin des puces de lit parisiennes ! Il est même possible que
soit-même nous choisirions d'en finir avec les cadences infernales,
à travailler derrière des machines bruyantes, sous les ordres de
supérieurs tyranniques et inhumains, pour des profits dont la
majeure partie part dans les poches d'actionnaires peu scrupuleux.
Bien avant que la famille Tuche du long-métrage éponyme de Olivier
Baroux gagne cent millions d'euros à la loterie nationale et que le
héros de Ah ! Si j'étais riche
en remporte (tout de même) le dixième, le délégué syndical d'une
usine de poupées aux abois allait entreprendre de la sauver grâce
aux gains que son épouse et lui venaient de gagner au Loto. Une
entreprise à l'agonie, dirigée par Jérôme Tiercelin (Martin
Lamotte), lequel prévoit déjà le licenciement d'une vingtaine de
ses employés. Bon, reconnaissons que Jean-Pierre Vergne n'est pas
Stéphane Brizé (La loi du marché,
En guerre,
etc...) et que par conséquent, le ton de son quatrième long-métrage
intitulé Golden Boy
n'est pas celui qu'imprime en général l'ancien technicien de
l'audiovisuel qui débuta sa carrière de réalisateur en 1993 avec
le court-métrage Bleu dommage
qui remporta le Grand Prix du Festival de Cognac. Non, de son vivant,
la fibre artistique de Jean-Pierre Vergne se situa physiologiquement
au niveau des zygomatiques qu'il titilla dès ses débuts en 1980.
Avant de se tourner vers la télévision, laquelle bénéficia de ses
talents au sein de séries et de téléfilms (dont Plus
belle la vie
entre 2012 et 2014, dernier acte d'un artiste qui décéda
malheureusement peu après, le 25 août 2014). Si cet ancien
assistant de seconde équipe, scénariste et auteur d'un vingtaine
d’œuvres n'a jamais fait partie des grands messieurs du septième
art, il arrivera un jour où lorsque sous l'emprise d'un quelconque
alcool, quelqu'un se lèvera dans une toute aussi quelconque
assemblée pour clamer haut et fort tout le génie de cet artiste
qui, événement tout à fait notable, aura signé au moins un film
culte...
Car
s'il ne fut pas crédité au générique des Charlots
contre Dracula
de Jean-Pierre Desagnat (1980), Jean-Pierre Vergne aura au moins été
l'auteur du tout premier long-métrage réunissant l'équipe complète
des Inconnus
formée à l'origine de Didier Bourdon, Bernard Campan et Pascal
Légitimus, mais également de Seymour Brussel et... Smaïn !
J'en profite d'ailleurs pour lancer une bouteille à la mer : si
quelqu'un était en mesure de me faire savoir comment me procurer son
spectacle '' Mon
dernier… avant le prochain''
dans un format dématérialisé, la personne en question aura toute
ma reconnaissance. Mais pour en revenir à Jean-Pierre Vergne, il
fut donc l'auteur du génial Le téléphone sonne
toujours deux fois
en 1985. Suivi ensuite neuf ans plus tard, de la comédie Priez
pour nous
avec sa famille de bourgeois contrainte de s'installer dans une
banlieue et dont le concept sera repris mais inversé quinze ans plus
tard par le réalisateur Gabriel Julien-Laferrière avec Neuilly
sa mère ! Jean-Pierre
Vergne n'attendra pas neuf années supplémentaires pour revenir sur
grand écran puisque Golden Boy
sortira dans les salles françaises le 21 février 1996. Sur un
scénario écrit par ses soins ainsi que par Jean-Claude Carrière et
Anne Roumanoff sur une idée d'Armant Jammot (journaliste surtout
connu pour avoir notamment créé le jeu ''Des
chiffres et des lettres'
ainsi que l'émission culte, ''Les
Dossiers de l'écran''),
Golden Boy
est une comédie on ne peut plus légère mais sympathique et
principalement interprétée par l'attachant Jacques Villeret. C'est
donc ce dernier qui incarne Antoine Bonvoisin, époux de Sandrine
(l'humoriste Anne Roumanoff), ami de Jérôme Tiercelin et de sa
femme Hélène (Virginie Lemoine). À l'usine, Antoine donne à son
patron jusqu'au lendemain matin pour faire changer d'avis Jérôme au
sujet de la charrette prévue à défaut de quoi, la totalité des
employés se portera gréviste ! Lors d'une soirée avec son
banquier Jean-Dominique (Christian Bujeau), Jérôme se voit refuser
le prêt qui lui aurait permis de sauver ses emplois et son
entreprise. Mais hasard du calendrier, ce soir-là, Antoine apprend
de la bouche de Sandrine qu'ils viennent de remporter le jackpot au
Loto. Le cœur grand, le délégué pense tout d'abord à rester
discret avant de penser à utiliser l'argent afin de sauver l'usine
de poupées...
Sous
ses allure de petite comédie sans prétention, Golden
Boy
décrit la nature humaine dans ce qu'elle peut avoir parfois de plus
mesquine. Du sous-fifre lécheur de bottes du patron de l'usine, en
passant par l'attitude hypocrite des banquiers ou de certain(e)s
collègue d'Antoine, tout ou presque y passe sur le ton de l'humour
vache ! Mais intéressons-nous surtout au casting dont on devine
déjà l'ampleur de ce qui aurait pu s'apparenter à une comédie
nanardesque. En effet, oser réunir au sein d'un même récit des
artistes de divers bords à peine conscients de leur peu de
prédisposition en terme d'interprétation était franchement
culotté ! D'une certaine manière, on en revient ici au même
principe qu'avec Le téléphone sonne toujours
deux fois
et son gloubi-boulga de personnages qu'interprétaient en majorité
des humoristes (Patrick Sébastien, fameux en vrai mendiant mais faux
aveugle). On trouve donc au générique l'humoriste Anne Roumanoff
qui, il est vrai, s'en sort plutôt bien, mais aussi Virginie Lemoine
que l'on connaît surtout pour avoir été auprès de l'imitateur
Laurent Gerra dans l'émission Rien
à cirer
animée par Laurent Ruquier puis dans Studio
Gabriel
de Michel Drucker. Christian Bujeau a quant à lui marqué les
esprits en interprétant le rôle de Jean-Pierre Goulard dans les
deux premiers volets des Visiteurs
de Jean-Marie Poiré tandis que Ged Marlon, qui interprète le rôle
de Bernard, apparu notamment en 1988 dans Palace
de
Jean-Michel Ribes. Isabelle Ferron qui elle incarne son épouse
Sylvie participa au tournage du Pari
de Didier Bourdon et Bernard Campan dans celui de Murielle, l'épouse
de Bernard,
le prof de technologie. Bref, Golden Boy
réunit un casting bigarré auquel on pourrait ajouter le nom de
celles et ceux qui représentent le ciment de cette petite usine de
poupées : les employés. Le film de Jean-Pierre Vergne, malgré
tous les efforts, peine à faire rire. Il y a bien quelques passages
obligés amusants, comme la séquence se déroulant au siège de la
Française des jeux (l'occasion d'y retrouver l'acteur Michel Roux
qui fut notamment la remarquable voix française de Tony Curtis), le
nouveau train de vie que s'impose Sandrine Bonvoisin et quelques
autres petits passages, mais rien de formidablement drôle. Une toute
petite comédie sans prétention, voilà ce qu'est Golden
Boy...
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