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mardi 10 octobre 2023

Les misérables de Ladj Ly (2019) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Après avoir vécu dix ans à Gagny dans la cité HLM ''Les Dahlias'' et autant d'années supplémentaires dans la résidence ''Le Bois Madame'' à Chelles, c'est à L'Estaque que je suis venu m'installer voilà vingt-huit ans, en août 1995. De mon passé, j'ai conservé d'excellents souvenirs. À Gagny, à l'époque, pas de Dealers à l'entrée des immeubles mais des français, des arabes et des noirs qui partageaient tous le même goût de l'affrontement façon Cow-boys et Indiens avec pistolets et arcs de fabrication artisanale. Rien que de très harmonieux entre communautés qui ne s'étaient pas encore divisées. C'était les années soixante-dix et nous étions heureux. À Chelles, le topo fut identique même si l'adolescence fut un peu plus délicate à aborder. J'avais alors laissé de côté mon engouement pour la reconstitution d'inoffensives batailles typiques de l'ouest américain pour la pêche aux têtards et la construction de cabanes dans les arbres. Mais déjà l'on voyait poindre une certaine distinction entre ceux qui vivaient en résidence privée et ceux de la cité HLM ''Noue Brossard'' que séparait comme un exemple de culture et d'instruction l'école primaire ''Les Aulnes''. Pourquoi cette anecdote ? Parce que l'intrigue des Misérables de Ladj Ly se situe à Montfermeil. Et que Montfermeil était à égale distance des deux villes de cœur de mon enfance et de mon adolescence. Un patelin où je ne mis cependant jamais les pieds mais dont je me souviens qu'il jouissait déjà, à l'époque, d'une triste réputation... Bien des années ont passé et découvrir en salle ce que les médias relèguent inlassablement depuis des années n'étant pas ma tasse de thé, ce n'est que quatre ans après sa sortie en salle que je me décide enfin à jeter un œil à ce premier film d'un auteur aujourd'hui âgé de quarante-cinq ans qui, dernièrement, a fait parler de lui en tenant des propos infamant envers la police.


Ladj Ly aurait effectivement affirmé que ''La police a le feu vert pour tuer les noirs et les arabes des banlieues''. Autant dire que je ne partage absolument pas ce ''point de vue'' qui semble surtout arriver à point nommé au moment où doit justement sortir son nouveau long-métrage intitulé Bâtiment 5 ! Faire sa pub au détriment d'autres personnes est en soit une pratique que j'abhorre. Mais lorsque l'on s'en prend à une institution, certes imparfaite mais théoriquement nécessaire au bon maintien de l'ordre, je vois rouge. Mes mains deviennent moites, mon cœur s'emballe et je perd le contrôle de certaines fonctions primordiales. Ma parole se fait plus dure et mon esprit se laisse à quelques éruptions verbeuses et peu ordonnées ! Pour en revenir à ces Misérables qui n'ont peu ou prou rien de comparable avec le roman éponyme de Victor Hugo (en dehors de cette même zone géographique où il créa son œuvre légendaire), l'intrigue se déroule dans le délicat contexte d'une cité de la banlieue parisienne. Montfermeil, donc. Dans la grande tradition des drames sociaux hexagonaux qui échouent dans les salles de notre territoire, Les misérables convie des interprètes qui dans une grande majorité n'ont jamais étudié le cinéma ou le théâtre. Le nom ou le visage de chacun d'entre eux ne parlera donc qu'à ceux qui les côtoient au quotidien et moins aux cinéphiles. Leurs armes, ces gens là les ont fait dans leur vie de tous les jours. Tout n'étant qu'histoire de goût, certains spectateurs se référeront aux idoles du cinéma tandis que les autres salueront le vérisme de la situation. D'emblée, le film montre que le visage de notre pays a bien changé même si certains politiques démagogues à la recherche de la moindre voix et si beaucoup de journalistes ivres d'audimat continuent à nier les faits. Mais d'où sortent donc ces jeunes issus de l'immigration portant fièrement le drapeau français comme apparat en entonnant la Marseillaise sans qu'aucun sifflet ne vienne perturber le chant de notre hymne national ?


''Reconquête !'' et le ''Rassemblement National'' nous airaient-ils menti ? Cnews véhiculerait-il un message mensonger afin d’accréditer la haine du musulman, de l'arabe et du noir pour notre pays et ses valeurs ? Dans le confort de mon appartement, j'hésite à élever la voix pour me prononcer. Qui suis-je pour évaluer ce qui tient du réel et de la fiction ? Le foot, oui, est rassembleur, le temps d'une compétition. Ladj Ly filme en grande partie sa communauté et il en a bien le droit. Souvenons-nous qu'à une époque reculée, au cinéma et dans la littérature, l'homme noir, le ''Black'', n'était traité que sous l'angle du petit délinquant et plus loin encore, comme le simple employé de maison, le domestique dont les propriétaires étaient tous blancs. Cages d'escaliers dégradées et aires de jeux dignes des pires bidonvilles tel est le cadre de vie des habitants du quartier où se déroule le récit. Une ville dans la ville où les ''commerces'' illégaux prolifèrent (vente de produits contrefaits) et où les imams encadrent les plus jeunes. Où les tensions vont naître à partir d'un fait-divers (le vol d'un lionceau appartenant à des gitans) lors duquel le jeune Issa (Issa Perica) sera gravement touché par un tir de flash-Ball de la part d'un policier. Et la police dans tout ça ?... Humpf ! Que dire ? Elle semble être ici très représentative des différents courants de pensée. Il y a le flic raciste et violent incarné par Alexis Manenti, le flic noir posant les bases d'un sous-texte de type ''trahison'' véhiculée par certains membres de sa communauté (l'acteur Djebril Zonga), ainsi que la nouvelle recrue Stéphane Ruiz (Damien Bonnard) qui par la pureté de son engagement assiste effaré aux méthodes de ses deux collègues. L'autre bord n'est ni meilleur ni plus mauvais. Les imams sont positivement représentés ainsi que la majeure partie des jeunes qui pensent d'abord à jouer au foot ou à faire des glissades dans des dépotoirs. Les misérables emporte avec lui son cortège de fardeaux et d'images reçues. Le film emporta une somme conséquente de prix dans divers festivals dont celui de Cannes et la cérémonie des Césars. Ce qui d'une certaine manière peut surprendre puisque le long-métrage n'est qu'un état des lieux qui n'apporte aucune solution et ne fait que renvoyer sous l'angle de la fiction des faits dont on entend parler tous les jours. Si la mise en scène et l'interprétation générale sont convaincantes, Les misérables reste cependant d'une grande banalité et s'avère au final relativement anodin.

 

1 commentaire:

  1. Sauf que la République, dont on nous rabâche sans cesse les "valeurs" (?), ne reconnait aucune communauté (autre que celle nationale), justement...
    Pour ma part, c'est "ni racailles, ni flicaille", cette dernière s'assimilant de plus en plus, avec ce gouvernement aux abois, à une milice du pouvoir.

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