En préambule, sachez que
cette nouvelle étape de la franchise Simetierre
ne vous apportera aucune satisfaction. Il faudra en outre patienter
près de trois quart-d'heure pour que la réalisatrice Lindsey
Anderson Beer et son scénariste Jeff Buhler se penchent sur les
fameuses origines invoquées par le titre. Quarante-cinq premières
minutes durant lesquelles il ne se passera absolument rien si ce
n'est une vague séquence se prolongeant ad nauseam et faisant
référence à l'une des plus traumatisantes du long-métrage dont
accoucha Mary Lambert en 1989 sur les bases d'un roman écrit par le
plus célèbres romancier d'horreur américain, Stephen King. En
effet, pour celles et ceux qui s'en souviennent, l'une des quelques
séquences véritablement marquantes de l'excellente adaptation du
roman Pet Sematary
qui fut édité en 1983 mettait en scène durant un court passage le
personnage de Timmy Baterman, un ancien combattant de la seconde
guerre mondiale que son père avait enterré dans un cimetière
micmac après son décès. Cimetière dont les propriétés toutes
particulières avaient permis au jeune homme de revenir à la vie,
soit-dit en passant, dans un état physique et mental qui n'avait
plus rien de commun avec celui que son entourage lui avait toujours
connu ! Bref, Lindsey Anderson Beer et Jeff Buhler choisissent
principalement de retourner aux sources de ce drame particulièrement
horrifique qui dans le cas de Pet Sematary:
Bloodlines
ne tient que très partiellement debout grâce et exclusivement à la
glaciale attitude de l'acteur Jack Mulhern. Mais à trop vouloir
exhiber sa créature devant la caméra et malgré quelques
apparitions d'abord inquiétantes (son visage blafard est tout
d'abord vaguement révélé derrière une moustiquaire crasseuse), la
réalisatrice finit par rendre chacune de ses interventions
relativement anodine. Plus crispant que réellement terrifiant, Timmy
fait craquer ses articulations et dévore les chairs au sein de
bruitages absolument ridicules voire même parfaitement
in-su-ppor-ta-bles !
La séquence lors de laquelle la petite amie de Jud Crandall est
mordue au bras par le chien de ce jeune homme zombifié remportant
même la palme du grotesque. La jeune femme perdant d'importantes
quantités de sang, le technicien en charge des bruitages n'a
semble-t-il pas pu s'empêcher de rendre hommage à ceux du film gore
culte de Peter Jackson, Bad Taste !
Si l'effet était à l'époque, amusant, aujourd'hui, voir que Pet
Sematary: Bloodlines
fut doté d'un confortable budget s'élevant à vingt-sept millions
de dollars craint véritablement. Le plus drôle (ou le plus navrant
au vu du résultat final) est d'y découvrir David Duchovny dans le
rôle de Bill, le père de Tommy.
Les
fans de la première heure (ceux de X-Files
et de son charismatique Fox Mulder) pourront toujours se rassurer
d'avance en se disant que si le film est nul ils auront au moins eu
le plaisir de retrouver l'un de leurs interprètes préférés. Mais
vu le temps de présence de l'acteur à l'image, c'est ailleurs qu'il
leur faudra sûrement trouver du réconfort. L'un des principaux
soucis de Pet Sematary: Bloodlines est
que l'on a bien du mal à choisir tel ou tel interprète pour en
faire le héros de l'histoire. David Duchovny joue avec l'engouement
d'un hémiplégique cloué dans son lit. Le charisme de l'un des plus
célèbres agents du FBI de fiction a perdu de sa superbe et semble
être uniquement venu pour cachetonner. Après, il me semble bien
qu'il était prévu que le film s'intéresse principalement au
personnage de Judd Crandall qui après avoir été incarné par Fred
Gwynne dans le Simetierre de
1989 et par John Lithgow dans le remake éponyme de Kevin Kölsch et
Dennis Widmyer datant de 2019 est désormais interprété par le
vingtenaire Jackson White. Le charisme du premier interprète du
vieil homme est désormais absorbé par la jeunesse d'un acteur
tellement lisse qu'il s'avère parfaitement insignifiant. Peut-être
d'ailleurs à l'image de son personnage qui contrairement à Timmy a
su éviter de partir au front grâce à l'intervention de son propre
père et de leur médecin de famille. Heureusement, au bout d'un
temps qui paraîtra cependant interminable, les choses vont
s’accélérer lorsque Judd et son ami amérindien Manny (l'acteur
Forrest Goodluck) vont enfin se décider à combattre les forces
obscures qui se sont emparées de la petite ville de Ludlow (dont le
scénario aura la bonne idée de remonter les origines). Notons que
Kevin Kölsch et Dennis Widmyer avaient été envisagés à l'époque
de leur remake pour être les auteurs de cette préquelle mais que
les deux hommes ont finalement choisi de se retirer du projet. Sans
être un authentique désastre, Pet Sematary:
Bloodlines
n'a absolument pas les moyens de ses ambitions. Revenir sur les
origines du mal dans lesquelles est impliqué le peuple Micmac semble
avoir été un projet beaucoup trop lourd à porter sur les épaules
de la réalisatrice. Découle alors d'un scénario quelque peu confus
et partant dans toutes les directions, une œuvre parfaitement
inaboutie qui qualitativement parlant n'a rien de comparable avec
celle de Marie Lambert. Les interprètes sont en grande majorité
laissés à l'abandon et affichent une interprétation parfois
étonnamment discordante avec ce que l'on est en droit d'attendre
d'un acteur ou d'une actrice. Rares sont ceux qui tirent leur carte
du jeu. Notons quelques apparitions tout à fait anodines de
l'ancienne égérie de la Blaxploitation
Pam
Grier dans le rôle de la factrice Marjorie. De manière générale,
Pet Sematary: Bloodlines fait
beaucoup de tort à la mythologie Simetierre.
Une œuvre qui en conclusion se révèle tout à fait inutile...
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