Après avoir réalisé
une petite série de courts-métrage entre 2009 et 2012, le
réalisateur Vincent Mariette s'est jeté dans le grand bain du
cinéma projeté sur grand écran avec Tristesse Club
deux ans plus tard, en 2014. Un premier long-métrage en forme de
quête où trois individus partent à la recherche d'un quatrième
qui a disparu après que l'un d'eux, Ludivine Sagnier dans le rôle
de Chloé, ait fait croire aux deux autres qu'il était mort. Et cet
homme tout d'abord supposé décédé n'est autre que leur père.
Accompagnant la jeune et jolie actrice dans cette aventure ô combien
étonnante, Laurent Lafitte et Vincent Macaigne forment un duo fort
sympathique. Si le premier se montre bougon, voire même désagréable
à travers certains de ses propos et son comportement, le second,
lui, s'avère particulièrement attachant. Un timbre frêle et
l'attitude d'un type relativement timide terminent de convaincre que
Bruno n'a absolument rien de commun avec son frère Léon qui
pourtant est né du même père et de la même mère. Tristesse
Club distille
un climat doux-amer à travers un scénario co-écrit avec Vincent
Poymiro. À bord d'un véhicule d'un rouge rutilant appartenant à
Léon, lui et son frère prennent la route jusqu'à la demeure
familiale des Camus où les deux hommes pensent assister à
l'enterrement de leur père. Là, ils font la connaissance de Chloé
qui affirme être leur demi-sœur. Si Léon fait montre d'une
certaine hostilité envers la jeune femme, Bruno, lui, s’intéresse
très rapidement à elle et va même tomber sous son charme. Comédie
désabusée, le long-métrage de Vincent Mariette n'est peut-être
pas la meilleure comédie qui soit née dans les années 2010 et
pourtant, sans que l'on rit aux éclats, les aventures de ce trio
permettent de passer un très agréable moment.
Alors
que la concurrence, celle qui met en avance des noms bien connus et
bancables comme ceux de Dany Boon ou Kad Merad, possède en commun le
privilège d'attirer dans les salles des spectateurs sans cesse
abreuvés des mêmes comédies formatées (dont celles de Michèle
Laroque poussent involontairement la caricature dans ses derniers
retranchements), c'est parfois sur des inconnus qu'il faut compter
dans notre pays pour que le genre parvienne à s'extraire de
l'indigence dans laquelle il se noie. Avec ce mort qui n'en est plus
un, cette sœur qui n'en est plus une, ce duo de frangins atypique et
ces quelques seconds rôles détonants, Tristesse
Club
déborde d'une étrange énergie qui semble cependant stagner devant
l'attitude résignée de Laurent Lafitte dont l'incarnation semble
apparemment témoigner d'une torpeur significative. Ludivine Sagnier
est toute mignonne dans son ''double-rôle'', désespérée de
retrouver le faux mort et ainsi, pourquoi pas, de rapprocher les deux
frères. L’œuvre de Vincent Mariette se situe dans un univers où
le temps semble s'être arrêté. Ses personnages ont donc en commun
cette attitude que partagent certains de ceux que l'on rencontra
jadis, au hasard, chez Bertrand Blier même si l'écriture est très
largement en deçà des spectaculaire punchlines qui arrosent le
cinéma du fils de l'illustre Bernard Blier depuis des décennies.
Comme à l'issue du cultissime Buffet Froid
dans lequel le papa du réalisateur mais aussi Gérard Depardieu et
Jean Carmet échappaient aux griffes angoissantes des milieux
urbains, Laurent Lafitte, Vincent Macaigne et accessoirement Ludivine
Sagnier arpentent le chemin qui mène aux souvenirs. Et parmi ce trio
d'interprètes, le second remporte haut la main tous les suffrages.
Car si Laurent Lafitte endosse le rôle ingrat du fil aigri et si
Ludivine Sagnier est craquante, le spectateur ne peut que s'attacher
au personnage de Bruno Camus. Un être fragile, humain, timide...
Autour de notre trio, nous retrouvons notamment l'excellente Noémie
Lvovsky dans le rôle de Rebecca, ancienne amante suicidaire du
patriarche disparu ou encore Philippe Rebbot dans celui d'Yvan, un
ami de la famille...
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