Alors que l'on est sans
nouvelles du futur remake de New York 1997
que devrait normalement réaliser Leigh Whannell (Invisible
Man
en 2020), petit retour sur la version de John Carpenter qui en 1981
signait son cinquième long-métrage et un retour à la
science-fiction sept ans après Dark Star.
Mais à une science-fiction d'un genre différent. De celles qui
fleurissent en nombre depuis une bonne vingtaine d'années. New
York 1997
ne se déroule pas dans les étoiles, à bord d'un vaisseau, ou sur
la planète d'une lointaine galaxie. Non, le film se déroule sur
Terre, dans un New York transformé en île-prison et entouré d'un
mur infranchissable. Les quelques ponts qui mènent au continent sont
farcis de mines et il faut un plan très précis pour pouvoir les
traverser. Manhattan est donc le lieu idéal pour y enfermer à ciel
ouvert les criminels en tous genres. Une conférence internationale
devant avoir lieu, le président des États-Unis s'y rend à bord de
l'Air Force One.
Malheureusement pour lui, des terroristes se sont introduits à bord
et font écraser l'avion au beau milieu de Manhattan. Cependant, le
chef de l'état a eu le temps de s'en éjecter à bord d'une capsule
de survie. Atterrissant en terre hostile, il est très vite repéré
en enlevé par les hommes d'un certain Duke qui commande le
territoire. Le chef de la police Bob Hauk fait rapidement rapatrier
le hors la loi Snake Plissken, seul homme selon lui à être capable
de ramener le président hors de Manhattan et surtout, la cassette
audio qui est en sa possession et qui renferme d'importantes
informations sur la fusion nucléaire. Contraint d'aider les forces
de police, Snake Plissken a un peu moins de vingt-quatre heures pour
retrouver le président et l'extraire de la zone de danger. Afin de
s'assurer que l'homme ne prendre pas la fuite, Bob Hauk fait injecter
à son insu deux capsules explosives microscopiques dans le cou de
Snake. Si dans moins de vingt-quatre heure celui-ci ne revient pas
avec le président et la cassette, il est assuré de mourir dans
d'horribles circonstances...
Si
New York 1997 est
reconnu comme l'un des plus grands films de science-fiction du début
des années quatre-vingt et demeure l'un des plus sombres et
désespérés de la catégorie ''dystopie'', il est aussi de ces
longs-métrages qui ont servi de source d'inspiration à de nombreux
plagiats dont beaucoup d’œuvres italiennes parmi lesquelles Les
Guerriers du Bronx
d'Enzo G. Castellari, 2019 Après la Chute de New
York
de Sergio Martino ou Les Rats de Manhattan
de Bruno Mattei qui lui doivent beaucoup. Des films qui ne semblent
pas avoir fait réagir dans de trop grandes proportions John
Carpenter si ce n'est concernant le cas Lock Out
de
James
Mather et Stephen St. Leger. Produit par l'inépuisable Luc Besson,
John Carpenter a porté plainte contre lui et le film a été
effectivement reconnu comme étant un plagiat de son New
York 1997.
Il suffit d'ailleurs de lire le synopsis de ce très médiocre ersatz
pour s'en convaincre. Totalement abouti dans sa forme nihiliste, le
long-métrage de John Carpenter met en scène l'acteur Kurt Russel
avec lequel il entamait ici une collaboration qui allait s'étendre
sur quatre longs-métrages (il sera ensuite effectivement la vedette
de The Thing
en 1982, de Les Aventures de Jack Burton dans
les griffes du Mandarin
en 1986, et de la séquelle de New York 1997
intitulée Los Angeles 2013 et
sortie
sur les écrans en 1996).Comme souvent, la partition musicale est
l’œuvre du réalisateur lui-même. Quant au scénario, John
Carpenter le signe auprès de Nick Castle qui signera également
celui de la séquelle et interprétera quelques rôles au cinéma
dont Dark Star
en 1974 et Halloween, la Nuit des Masques
en 1978...
Une
fois n'est pas coutume, la compagne de John Carpenter Adrienne
Barbeau à laquelle il offrit le rôle principal dans le précédent
The Fog
fait partie de l'aventure dans le rôle de Maggie, compagne de
Harold « Brain » Hellman quant à lui interprété par l'acteur
Harry Dean Stanton (Alien
de Ridley Scott en 1979). Lee Van Cleef incarne le chef de la police
Bob Hauk tandis que Donald Pleasance (le docteur Loomis de Halloween)
campe le président des États-Unis et Ernest Borgnine, Cabbie, le
chauffeur de taxi. Notons également la présence du chanteur soul
Isaac Hayes dans le rôle de Duke, le maître incontesté de
l'île-prison. À un scénario relativement minimaliste, John
Carpenter oppose une vision anxiogène d'un Manhattan contrôlé par
diverses tribus de criminels. C'est dans ce contexte éminemment
sauvage qu'évolue l'anti-héro Snake Plissken. Ici, pas le temps de
laisser la place à la moindre romance. Lorsque le héros rencontre
pour la première fois une femme sur le sol de Manhattan, il ne faut
pas plus d'une ou deux minutes à John Carpenter pour l'éliminer du
récit. Débutant comme une traque solitaire, le récit coltine au
personnage principal des individus pas moins soupçonnables que ceux
qui gangrènent la ville.
Violent mais jamais vraiment gore, New
York 1997
distille cependant une ambiance oppressante sans doute due à
l'absence de refuge concret ou s'abriter en cas de danger. Le danger
est partout. Si l'on y réfléchie bien, le film de John Carpenter
relève presque du miracle. Car avec son mélange de science-fiction
dystopique, sa faune bigarrée parfois vautrée dans une luxure
grandiloquente et son combat en arène digne d'un péplum italien,
New York 1997
échappe au ridicule. L'interprétation y est sans doute pour quelque
chose, n'est-ce pas ? Tout comme les décors de Joe Alves qui
évitent de ne ressembler qu'à du carton-pâte où les effets
visuels auxquels a participé un certain... James Cameron. Et puis,
il y a cette inoubliable musique composée par John Carpenter.
Toujours minimaliste mais marquant l'esprit durablement. Comme il
continuera de le faire tout au long de sa carrière, le réalisateur
prouvait déjà à nouveau qu'il était capable d’œuvrer dans un
contexte chaque fois différent et d'en extraire un joyau, ici, des
plus noir...
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