Pour certains, La
planète des singes
est et restera à tout jamais l’œuvre culte de Franklin Schaffner
sortie les écrans en 1968 et adapté du roman de l'écrivain
français Pierre Boulle. Pour d'autres, le meilleur de la franchise
aura sans doute été atteint dès 2005 et jusqu'en 2017 grâce au
trois longs-métrages intitulés Les origines,
L'affrontement
et sous forme d'apothéose, Suprématie.
Les deux derniers ayant été réalisés par le très talentueux Matt
Reeves, l'on pouvait espérer le voir reprendre une troisième fois
les rennes de la saga, mais depuis occupé sur le tournage de The
Batman
sorti en 2022 et de sa future séquelle dont la diffusion sur les
écrans de cinéma est prévue pour 2026, l'auteur du formidable Let
me in
(remake du tout aussi remarquable Morse
du réalisateur suédois Tomas Alfredson) a laissé la place à son
compatriote Wes Ball qui jusqu'ici s'est fait connaître dans le
monde entier grâce à la trilogie Le labyrinthe
dont il a réalisé les trois volets en 2014, 2015 et 2018. Alors que
son prochain projet basé sur l'univers du jeu vidéo The
Legend of Zelda
est en cours de développement et devrait une fois dans les salles
obscures attirer des millions de fans de la franchise, Wes Ball
a donc accepté le périlleux projet de relancer la franchise la
planète des singes
avec ce dixième long-métrage intitulé Le
nouveau royaume.
Effaçant du coup la présence du charismatique César évoqué pour
la toute première fois en 1971 dans Les Évadés
de la planète des singes de
Don Taylor, l'intrigue se déroule plusieurs générations après que
le fils de Bright Eyes ait disparu. Contrairement à ce qu'aurait pu
laisser supposer la bande annonce, La planète
des singes : Le nouveau royaume
n'est pas le remake de l’œuvre originale à laquelle semblent
pourtant se référer les images. Car en 2024 comme en
1968, les singes règnent en maîtres sur la planète tandis que
l'homme est retourné à l'état sauvage. On se souvient encore très
bien de la rencontre entre l'astronaute George Taylor (l'acteur
Charlton Heston) et des humains s'exprimant à l'aide de borborygmes
et vêtus de peaux de bêtes.
Des hommes et des femmes
qui semblent recouper avec celles et ceux qui l'on découvre dans ce
nouveau long-métrage. Sauf qu'ici, nulle trace d'une navette s'étant
écrasée sur le sol de notre planète. Ici, le véritable héros de
l'histoire s'appelle Noa (Owen Teague). Il s'agit d'un chimpanzé,
fils de Koro (Neil Sandilands), le chef d'un village constitué de
dresseurs d'aigles, lequel découvre lors d'une collecte d’œufs au
cœur de nids appartenant à des rapaces aux côtés de ses amis
Anaya (Travis Jeffery) et Soona (Lydia Peckham), la présence d'un
humain qui devrait se trouver dans une zone interdite aux singes et
qui pourtant a pris le risque de s'approcher de leur territoire. De
retour au village les bras chargés d’œufs qui serviront pour le
rituel de passage à l'âge adulte, le soir-même Noa découvre que
l'humain s'est introduit dans la réserve de nourriture. En prenant
la fuite, celui-ci frappe Noa au ventre, lequel perd l’œuf qui
aurait dû lui servir pour le rite. Bien décidé à s'en procurer un
autre, le valeureux chimpanzé part de nuit et tombe en chemin sur
une tribu de guerriers masqués (un clan dominé par des gorilles et
des chimpanzés asservissant leurs propres congénères) qui sous
prétexte de se battre au nom de César mettent à feu et à sang les
villages qu'ils croisent sur leur route. Bientôt, ceux-ci
parviennent jusqu'au village de Koro qu'ils détruisent là encore,
laissant pour mort Noa, assassinant le chef du camp et kidnappant le
reste des habitants. Noa n'a alors plus qu'une idée en tête. Se
lancer à la poursuite des singes masqués afin de libérer ses amis
Anaya et Soona ainsi que le reste des habitants du village... Ôtez
leurs poils à Noa et Raka, un orang-outang qui cherche à perpétuer
les valeurs de César et que le héros rencontre en cours de route,
et l'on se retrouve devant l'un de ces innombrables films d'aventures
constitués de quêtes diverses et variées mais dont le fond est
souvent (voire toujours) le même.
Ici, l'initiation passe
par l'enseignement d'un César convaincu à son époque que le singe
et l'homme pouvaient vivre en harmonie. Raka rappelle d'ailleurs très
justement cette époque révolue sans pour autant évoquer celle où
l'humain dominait seul le monde. Si dans le fond l'histoire se répète
éternellement, la forme est telle qu'il est presque impossible de
décrocher. La Montion-Capture
atteignant un niveau de qualité au moins égal aux volets de la
précédente trilogie, le réalisme des visages ou des animations
propres aux créatures animales du film demeure encore une fois tout
simplement bluffant. Plus l'histoire de La
planète des singes
dans sa globalité avance et moins les traces de civilisation
humaines sont visibles. Le récit prêche donc moins la technologie
que les préceptes édictés par le premier Ancien, César, couchés
dans des manuscrits servant de témoignages d'un passé remontant à
trois siècles en arrière. Depuis, les choses ont bien changées et
ça n'est pas tant l'humain qui se dresse en grand méchant du récit
que le singe lui-même ! Tout n'est donc histoire que de
recyclage pour cette planète des singes :
Le nouveau royaume
qui fait malgré tout le taf. Entre l'aventure propre à Noa et Raka
(Peter Macon), les fantastiques décors, entre rares vestiges de
l'humanité et forêts luxuriantes, les quelques moments de forte
émotion (comme Noa se penchant au dessus du cadavre de son père ou
la traversée du pont) ou de franche rigolade (l'évocation de
l'odeur forte dégagée par la jeune Nova rencontrée en chemin), ce
nouvel opus de la franchise La planète des
singes
mérite très certainement ses cent-soixante cinq millions de dollars
de budget bien qu'en comparaison des deux volets précédemment
réalisés par Matt Reeves celui-ci peine à se hisser à leur
hauteur. Reste que La planète des singes :
Le nouveau royaume demeure
un formidable spectacle au message sociétal forcément contemporain.
Une œuvre de plus de cent-trente cinq minutes qui donne envie que la
franchise se poursuive une fois encore avec aux commandes, sait-on
jamais et pourquoi pas, le retour de Matt Reeves... ?
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