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lundi 15 juillet 2024

La Planète des singes : Suprématie de Matt Reeves (2017) - ★★★★★★★★★☆




Rien ne m'étonne moins que d'avoir appris que La Planète des singes : Suprématie, le troisième volet du reboot en forme de préquelle de la célèbre franchise initiée par le cinéaste Franklin J. Schaffner en 1968, ait été réalisé par Matt Reeves, qui après avoir réalisé un found-footage plutôt réussi (Cloverfield) s'était attaqué en 2010 au remake d'un excellent film tournant autour du mythe du vampire (le Morse de John Ajvide Lindqvist), le magnifique Let Me In. Un chef-d’œuvre. Matt Reeves, l'homme qui allait réaliser la séquelle du premier volet de la nouvelle trilogie de La Planète des Singes, L'Affrontement, avant de se surpasser avec un troisième opus d'un budget réduit de vingt millions de dollars puisque passant des 170 millions du précédant à 150.

L'impression ressentie devant La Planète des singes : Suprématie est un peu la même que celle éprouvée lors de la projection de Laisse-Moi Entrer (Let Me In en français). Une émotion inédite. Un sentiment de profond attachement envers des créatures humanoïdes sans doute plus humaines que l'homme lui-même. Le film repose pourtant sur un scénario des plus simple qui, une fois n'est pas coutume, reprend certaines des caractéristiques propres aux tragiques événements qu'a connu la communauté juive durant la seconde guerre mondiale. Un camp concentrant une population de singes condamnés à être exterminés par une armée de soldats voués à la cause d'un colonel (l'épatant Woody Harrelson) pas si fou qu'on aurait pu le penser.
Car derrière le visage de cet homme confronté à un questionnement dont la gravité lui fait perdre toute mesure, se cache une vraie réflexion sur le devenir de l'homme, condamné à retourner à l'état primitif de son espèce tandis que le singe, ici admirablement représenté par le personnage de César (l'époustouflant Andy Serkis) ne cesse d'évoluer. C'est l'éternel combat entre le Bien et le Mal, ces deux ennemis jurés, symboliques, dont les frontières sont ici difficiles à distinguer même si, forcément, l'avis du spectateur se rangera indéniablement du côté des singes.

Dans cette troisième aventure, Matt Reeves accentue l'écart comportemental entre l'homme et la bête. Le premier demeure presque systématiquement stigmatisé. C'est le méchant du film. Et même lorsque l'un de ses représentants est épargné par un César qui veut que la paix règne entre les singes et les humains, offrant ainsi aux siens une terre promise, lorsque lui est donnée l'occasion de faire un geste vers celui qui a préservé sa vie, l'homme demeure fidèle au Colonel et n'hésite pas à s'en prendre à celui qui lui évita de périr. La Planète des singes : Suprématie est noir. Terriblement sombre. Un camp plongé dans une obscurité presque permanente. Des singes parqués « comme des bêtes ». Les adultes d'une part, et les enfants de l'autre. Analogie encore à travers le gorille Red, soumis aux volontés des humains, parabole du kapo, celui qui dans les camps de concentration nazis était chargé d'encadrer les prisonniers. Un individu pioché parmi ceux les plus veules de ses compagnons d'infortune.

Le singe dans La Planète des singes : Suprématie n'a jamais paru aussi réaliste. Le travail du studio de post-production Weta (créé par le cinéaste néo-zélandais Peter Jackson) est tout simplement remarquable et représente un aboutissement en matière d'images de synthèse. Développés par Weta Digital (Weta Workshop se chargeant plutôt des prothèses, des maquettes et de l'animatronic), les effets-spéciaux numériques n'ont jamais paru aussi réalistes. Un travail fantastique ayant permis d'offrir une humanité dans le regard des singes, jamais vue au cinéma. Ceux-ci n'ont jamais paru aussi bouleversants. César, Maurice, ou encore Winter n'avaient jusqu'ici jamais parus aussi... humains. Tout petit reproche à émettre pourtant concernant les phases à cheval plutôt ratées. L'animation des singes y aurait mérité d'être encore travaillée. Mais à part cela, rien à dire. Le travail est remarquable. Mais rien, sans doute, n'aurait été pareil sans la mise en scène de Matt Reeves qui d'un huis-clos ne demeurant pas particulièrement généreux en matière d'action parvient à passionner les foules à travers ce duel puissant entre le singe et l'homme.
L'une des idées de génie du cinéaste étant d'avoir opté pour un cadre enneigé stupéfiant. Le gigantisme du camp demeure lui aussi, assez saisissant. On sentirait presque le froid nous assaillir. Surtout lorsque le pauvre César est malmené par ce gorille asservi. L'ombre de Apocalypse Now, le mythique film de guerre de Francis Ford Coppola, plane sur La Planète des singes : Suprématie. Un clin d’œil qui prend forme davantage encore lorsque Woddy Harrelson se rase le crâne comme avait pu le faire Marlon Brando dans le film de Coppola. J'ai conscience qu'il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur le film de Matt Reeves. Evoquer le personnage de Nova, la petite fille muette, ou de ce singe qui rappellera sans doute à certains, le Gollum du Seigneur des Anneaux. Mais le mieux reste encore à découvrir par soit-même le nouveau chef-d’œuvre de Matt Reeves.

Avec La Planète des singes : Suprématie le cinéaste américain clôt (?) ainsi la trilogie d'une genèse devant mener tout droit vers le récit conté par la légendaire Planète des Singes que Franklin J. Schaffner réalisa en 1968. Pourtant, après avoir assisté à une telle débauche de sensations, on ne peut imaginer demeurer à présent orphelins de cette franchise qui a su, grâces aux talent successifs de Rupert Wyatt (auteur du premier La Planète des singes : Les Origines en 2011) et de Matt Reeves, se renouveler. Faire peau neuve et surpasser toutes les précédentes tentatives. Et bien que tous ceux qui sont sortis chavirés de cet incroyable moment de cinéma se rassurent : un quatrième long-métrage est bien prévu. Mieux : Matt Reeves devrait demeurer aux commandes de ce futur projet. On parlerait même de plusieurs autres longs-métrages. Si le niveau de qualité actuel est préservé, pourquoi pas...



1 commentaire:

  1. Et bien, y'en a eu... Je suis à la ramasse et ça risque d'être pareil sur ta prochaine thématique... LOL

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