Beaucoup de cinéastes
ont débuté leur carrière en démarrant à la télévision. John
Carpenter, lui, à débuté la sienne sur grand écran. Si l'on ne
tient pas compte des courts-métrages qu'il réalisa entre 1962 et
1969 bien entendu. Entre 1974 et 1978, il réalise trois
longs-métrages dont celui qui deviendra un véritable phénomène
dans le genre Slasher en
devenant l'un des plus appréciés des spécialistes. Imaginez, avec
son budget de trois-cent vingt-cinq mille dollars,
Halloween finit
par remporter la modique somme de quarante-sept millions de dollars
rien que sur le territoire américain lors de sa sortie. Mais plutôt
que d'enchaîner directement avec un quatrième long-métrage cinéma,
John Carpenter va réaliser coup sur coup, deux téléfilms. Le
superbe biopic consacré au King Elvis Presley intitulé Le
Roman d'Elvis,
mais avant cela, celui qui deviendra par la suite l'un des grands
noms de l'horreur, de l'épouvante et du fantastique mettra en scène
le thriller Meurtre au 43eme Étage...
Si pour beaucoup, Halloween
demeure un intouchable du septième art. En ce qui me concerne, je
n'ai jamais compris l'engouement que pouvait faire naître chez les
amateurs d'épouvante ce slasher terriblement ennuyeux. Et à vrai
dire, si l'on doit le comparer à ce premier téléfilm que John
Carpenter réalisa en 1978, ce dernier lui est, je trouve, infiniment
supérieur en terme de suspens et d'angoisse. Les fans du réalisateur
britannique Alfred Hitchcock noteront la référence à son Fenêtre
sur Cour
auquel le scénario de Meurtre au 43eme Étage
semble
indéniablement se référer. Et par conséquent, la ressemble que
partagent également celui-ci et le formidable Body
Double
de Brian de Palma...
Mais
le téléfilm de John Carpenter n'étant ni un remake du premier
datant de 1954, ni la source d'inspiration du second sorti quant à
lui trente ans plus tard en 1984, malgré les quelques ressemblances
qui lient forcément ces trois œuvres, Meurtre
au 43eme Étage possède
une identité qui lui est propre. Au cœur de l'intrigue, la
trentenaire Leigh Michaels. Nouvellement installée dans un
appartement de Los Angeles et employée dans une station de
télévision, elle est très rapidement victime de coups de téléphone
répétés de la part d'un homme qui vit apparemment dans l'immeuble
d'en face. Recevant également des lettres à répétition, elle a
beau appeler la police pour se plaindre, celle-ci ne peut rien faire
pour elle tant que Leigh ne sera pas directement menacée par son
harceleur qui choisi avec précaution les mots qu'il emploie. Lors
d'une sortie dans un bar, Leigh fait la connaissance de Paul
Winkless. Un professeur de philosophie avec lequel elle débute une
relation et auquel la jeune femme confie ses angoisses. Décidé à
lui venir en aide, Paul fait appel à un ami inspecteur de police qui
malheureusement, ne semble pas prêt à intervenir. Devant la menace
sans cesse grandissante, Leigh finit par prendre la décision de
régler ses problèmes seule aidée de Sophie, son amie et collègue
de travail...
Meurtre au 43eme
Étage
a beau n'être qu'un téléfilm, cela n'empêche pas John Carpenter
(qui s'est lui-même chargé de l'écriture mais qui par contre a
laissé à Harry Sukman le soin de composer la musique) d'y avoir mis
tout son talent au service d'un thriller de très haute tenue qui n'a
absolument pas à rougir face aux meilleurs d'entre eux à être
sortis dans les salles à la même époque. Bien qu'étant son épouse
à l'époque, l'actrice Adrienne Barbeau (Fog et
New York 1997 de
John Carpenter, Creepshow de
George Romero, Le Couvent
de Mike Mendez) ne tient pas le rôle principal mais celui de Sophie,
l'amie de Leigh qui quant à elle est interprétée par Lauren
Hutton. L'actrice et mannequin incarne une héroïne au caractère
bien trempé et qui sait exactement ce qu'elle veut. En faisant de sa
protagoniste une femme solide, John Carpenter s'arrange pour montrer
la lente descente aux Enfers dont elle va être la protagoniste. En
effet, de la femme qui dit non dès lors qu'elle n'a pas elle-même
pris les commandes de telle ou telle situation, Lauren Hutton
interprète une héroïne sous tension qui peu à peu perd pied et le
contrôle d'elle-même. De la jeune femme toujours souriante et
parfois cynique, il ne reste plus d'autre qu'une victime insomniaque,
sujette à l'inappétence, et que la moindre silhouette ou la
moindre sonnerie de téléphone finissent par terroriser.
Si
le récit est relativement classique dans son déroulement
(incompétence des autorités, harceleur invisible, lumières qui
s'éteignent, bruits suspects, etc...), John Carpenter injecte au
récit quelques moments de bravoure et certains cadrages absolument
remarquables. À titre d'exemple, nous évoquerons la séquence
durant laquelle l'héroïne, magnifiquement interprétée, se trouve
coincée sous une grille tandis que le suspect passe au dessus
d'elle. Ou lors du combat final entre le harceleur et sa victime,
lorsque penchée dans le vide, Leigh est filmée sous un angle
vertigineux. Si le duel entre Laurie Strode et Michael Myers de
Halloween
vous a terrifié, alors celui qui oppose Leigh au dingue qui la
harcèle au téléphone risque de vous tétaniser. Meurtre
au 43eme Étage
a beau n'être qu'un téléfilm, il aura finalement mérité sa
sortie sur les grands écrans américains au même titre que
l'excellent Duel
de Steven Spielberg sept ans auparavant...
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