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jeudi 2 juillet 2020

Meurtre au 43eme Étage de John Carpenter (1978) - ★★★★★★★☆☆☆



Beaucoup de cinéastes ont débuté leur carrière en démarrant à la télévision. John Carpenter, lui, à débuté la sienne sur grand écran. Si l'on ne tient pas compte des courts-métrages qu'il réalisa entre 1962 et 1969 bien entendu. Entre 1974 et 1978, il réalise trois longs-métrages dont celui qui deviendra un véritable phénomène dans le genre Slasher en devenant l'un des plus appréciés des spécialistes. Imaginez, avec son budget de trois-cent vingt-cinq mille dollars, Halloween finit par remporter la modique somme de quarante-sept millions de dollars rien que sur le territoire américain lors de sa sortie. Mais plutôt que d'enchaîner directement avec un quatrième long-métrage cinéma, John Carpenter va réaliser coup sur coup, deux téléfilms. Le superbe biopic consacré au King Elvis Presley intitulé Le Roman d'Elvis, mais avant cela, celui qui deviendra par la suite l'un des grands noms de l'horreur, de l'épouvante et du fantastique mettra en scène le thriller Meurtre au 43eme Étage... Si pour beaucoup, Halloween demeure un intouchable du septième art. En ce qui me concerne, je n'ai jamais compris l'engouement que pouvait faire naître chez les amateurs d'épouvante ce slasher terriblement ennuyeux. Et à vrai dire, si l'on doit le comparer à ce premier téléfilm que John Carpenter réalisa en 1978, ce dernier lui est, je trouve, infiniment supérieur en terme de suspens et d'angoisse. Les fans du réalisateur britannique Alfred Hitchcock noteront la référence à son Fenêtre sur Cour auquel le scénario de Meurtre au 43eme Étage semble indéniablement se référer. Et par conséquent, la ressemble que partagent également celui-ci et le formidable Body Double de Brian de Palma...

Mais le téléfilm de John Carpenter n'étant ni un remake du premier datant de 1954, ni la source d'inspiration du second sorti quant à lui trente ans plus tard en 1984, malgré les quelques ressemblances qui lient forcément ces trois œuvres, Meurtre au 43eme Étage possède une identité qui lui est propre. Au cœur de l'intrigue, la trentenaire Leigh Michaels. Nouvellement installée dans un appartement de Los Angeles et employée dans une station de télévision, elle est très rapidement victime de coups de téléphone répétés de la part d'un homme qui vit apparemment dans l'immeuble d'en face. Recevant également des lettres à répétition, elle a beau appeler la police pour se plaindre, celle-ci ne peut rien faire pour elle tant que Leigh ne sera pas directement menacée par son harceleur qui choisi avec précaution les mots qu'il emploie. Lors d'une sortie dans un bar, Leigh fait la connaissance de Paul Winkless. Un professeur de philosophie avec lequel elle débute une relation et auquel la jeune femme confie ses angoisses. Décidé à lui venir en aide, Paul fait appel à un ami inspecteur de police qui malheureusement, ne semble pas prêt à intervenir. Devant la menace sans cesse grandissante, Leigh finit par prendre la décision de régler ses problèmes seule aidée de Sophie, son amie et collègue de travail...

Meurtre au 43eme Étage a beau n'être qu'un téléfilm, cela n'empêche pas John Carpenter (qui s'est lui-même chargé de l'écriture mais qui par contre a laissé à Harry Sukman le soin de composer la musique) d'y avoir mis tout son talent au service d'un thriller de très haute tenue qui n'a absolument pas à rougir face aux meilleurs d'entre eux à être sortis dans les salles à la même époque. Bien qu'étant son épouse à l'époque, l'actrice Adrienne Barbeau (Fog et New York 1997 de John Carpenter, Creepshow de George Romero, Le Couvent de Mike Mendez) ne tient pas le rôle principal mais celui de Sophie, l'amie de Leigh qui quant à elle est interprétée par Lauren Hutton. L'actrice et mannequin incarne une héroïne au caractère bien trempé et qui sait exactement ce qu'elle veut. En faisant de sa protagoniste une femme solide, John Carpenter s'arrange pour montrer la lente descente aux Enfers dont elle va être la protagoniste. En effet, de la femme qui dit non dès lors qu'elle n'a pas elle-même pris les commandes de telle ou telle situation, Lauren Hutton interprète une héroïne sous tension qui peu à peu perd pied et le contrôle d'elle-même. De la jeune femme toujours souriante et parfois cynique, il ne reste plus d'autre qu'une victime insomniaque, sujette à l'inappétence, et que la moindre silhouette ou la moindre sonnerie de téléphone finissent par terroriser.

Si le récit est relativement classique dans son déroulement (incompétence des autorités, harceleur invisible, lumières qui s'éteignent, bruits suspects, etc...), John Carpenter injecte au récit quelques moments de bravoure et certains cadrages absolument remarquables. À titre d'exemple, nous évoquerons la séquence durant laquelle l'héroïne, magnifiquement interprétée, se trouve coincée sous une grille tandis que le suspect passe au dessus d'elle. Ou lors du combat final entre le harceleur et sa victime, lorsque penchée dans le vide, Leigh est filmée sous un angle vertigineux. Si le duel entre Laurie Strode et Michael Myers de Halloween vous a terrifié, alors celui qui oppose Leigh au dingue qui la harcèle au téléphone risque de vous tétaniser. Meurtre au 43eme Étage a beau n'être qu'un téléfilm, il aura finalement mérité sa sortie sur les grands écrans américains au même titre que l'excellent Duel de Steven Spielberg sept ans auparavant...

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