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mercredi 1 juillet 2020

Memoirs of an Invisible Man de John Carpenter (1992) - ★★★★★★★★★☆



S'il est assez peu conventionnel et sans doute encore moins appréciable de voir une œuvre littéraire être triturée au cinéma dans tous les sens, il est cependant envisageable d'imaginer que l'écrivain britannique H. G. Wells aurait sans doute apprécié le travail effectué par le réalisateur américain John Carpenter sur son formidable Memoirs of an Invisible Man même si officiellement, le film et le roman n'entretiennent aucun rapport. Que le quatorzième long-métrage de l'un des artisans du fantastique les plus remarquables est inspiré en réalité de l'ouvrage éponyme de Harry F. Saint plutôt que du célèbre roman The Invisible Man publié pour la première fois en 1897 ne change pas le fait que Memoirs of an Invisible Man évoquera dans la mémoire collective, l’œuvre de H. G. Wells. Et pourtant... rien ne semble plus éloigné du mythique roman du britannique que le film de John Carpenter. Le Griffin littéraire décrit comme un individu ayant une aversion pour l'espèce humaine et ici remplacé par Nick Halloway. Un homme charmant, profondément intègre, amoureux de la belle Alice Monroe, et qui subit les conséquences d'un accident de laboratoire dont il n'est pas à l'origine. Plutôt que de plonger peu à peu dans une certaine forme de démence, le héros de Memoirs of an Invisible Man résiste à tout ce qui pourrait en faire un homme mauvais. C'est sans doute la raison pour laquelle le film lui oppose un antagoniste de taille en la personne de David Jenkins. Un agent de la CIA ambitieux et totalement obsédé à l'idée d'entrer en possession de Nick dont l'invisibilité récente est source de promesses multiples au sein du gouvernement américain. Mais c'est sans compter sur Nick qui pressent rapidement le danger d'une telle collaboration alors que son unique espoir est de retrouver sa forme originale...

C'est sur ce postulat que repose donc Memoirs of an Invisible Man. Une œuvre qui s'éloigne donc du roman de H. G. Wells puisque je le répète, il s'agit d'une adaptation de celui de Harry F. Saint. Beaucoup moins sombre que ne l'évoque le récit du britannique, John Carpenter transforme cette histoire fantastique en un fabuleux melting pot convoquant autant la comédie que l'action ou le thriller. La genèse du quatorzième long-métrage de John Carpenter a ceci de particulier qu'il semblerait que cela soit sur demande de Chevy Chase qui incarne à l'écran le personnage de Nick Halloway que soit née la collaboration entre l'acteur et le réalisateur. Chevy Chase aurait en effet fait appel à l'auteur de New York 1997, Christine ou The Thing pour l'aider à relancer sa carrière à ce moment là, dans le creux de la vague. Un ''pari'' qui ne portera pourtant pas ses fruits puisque le film ayant coûté la modique somme de quarante millions de dollars, il n'en rapportera finalement sur le sol américain qu'un peu moins de quinze. Ce qui peut en partie s'expliquer par le fait que le ''style John Carpenter'' ne se reconnaît pas immédiatement. À commencer par la bande-originale qui pour l'une des rares fois dans sa carrière fut signée par un autre compositeur que le réalisateur lui-même. Une musique qui devait d'ailleurs être à l'origine confiée au compositeur Jack Nitzsche (déjà auteur de celle de Starman également réalisé par John Carpenter en 1984) et qui fut finalement composée par l'américaine Shirley Walker...

Outre la formidable mise en scène de John Carpenter qui sait faire preuve ici d'une infinie délicatesse dans le traitement de son sujet et des rapports entre Chavy Chase et Darryl Hannah, ce sont bien ces deux là qui font de Memoirs of an Invisible Man une œuvre remarquable. Bien que l'héroïne de Splash de Ron Howard en 1984 ne soit employée que dans une minorité de séquences, surtout durant les deux premiers tiers du film où elle n’apparaît que rarement, Darryl Hannah incarne une Alice Monroe émouvante s'intégrant à l'histoire comme un personnage essentiel et non pas une potiche dont le seul attrait tiendrait dans ses formes parfaites. L'une des idées de génie de cette version beaucoup plus optimiste ou en tout cas bien moins sombre du thème de l'homme invisible que dans les autres adaptations est dans le choix de n'avoir pas fait de son héros un personnage qui déambule perpétuellement sous des bandages. En effet, Chavy Chase, qui excelle véritablement dans le rôle de Nick Halloway, est la plupart du temps visible à l'écran. Tel un vampire, John Carpenter n'expose son étrange condition d'homme invisible qu'à travers son absence de reflet ou lorsqu'il est accoutré de vêtements n'ayant pas subit le même sort que lui. Face à ce couple charmant que le récit ne réunira que très tardivement, l'antagoniste est incarné par l'acteur Sam Neill qui interprétera le rôle principal du démentiel In the Mouth of Madness lui-même réalisé par John Carpenter trois ans plus tard. Il interprète dans le cas présent l'immonde David Jenkins, dont le timbre raffiné, le comportement pince-sans-rire et le regard glaçant finissent d'en faire un antagoniste remarquable. Memoirs of an Invisible Man s'écarte des habituelles visions du mythique personnage de l'homme invisible en lui apportant cette touche d'humanité qui disparaissait du personnage de l’œuvre originelle. En résulte un long-métrage formidablement divertissant, amusant, touchant, nanti de superbes effets-spéciaux numériques et d'une interprétation exceptionnelle de son principal trio d'acteur(trice)s. Un quasi chef-d’œuvre qui ne souffre à vrai dire que de menues imperfections ne relevant que de l'écriture de Robert Collector, Dana Olsen et William Goldman. Une merveille...

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