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lundi 2 décembre 2019

Chanson Douce de Lucie Borleteau (2019) - ★★★★★★★★☆☆



Les films concernant les baby-sitters, les nounous et autres gardes d'enfants sont légions. Que celles-ci soient les victimes d'un psychopathe (Terreur sur la Ligne de Fred Walton en 1979) ou qu'elle aient tendance à se comporter elles-mêmes de façon anormale (La Nurse de William Friedkin en 1990), le public a la chance de pouvoir généralement y trouver son compte. Lorsque sort le 27 novembre dernier le nouveau long-métrage de Lucie Borleteau (Fidelio, l'Odyssée d'Alice en 2014), c'est sans motivation particulière et à défaut d'autre chose que nous nous rendons dans l'enceinte du Diagonal Cinémas de Montpellier (parallèle à un autre ''temple'' du septième art ayant malheureusement fermé ses portes comme nous allions le constater avec effroi) consacrant une bonne partie des projections dans leur version originale et proposant des rencontres culturelles. A l'affiche, une dizaine de films dont Chanson Douce, avec Karin Viard, Leïla Bekhti, Antoine Reinatz la jeune Assya Da Silva et Noëlle Renaude. Encore une histoire de nounou dérangée pense-t-on au démarrage. Encore un film déversant des litres de sang, une violence outrée, et un scénario ultra rebattu...

Sauf qu'en France, on voit les choses différemment et surtout, avec infiniment plus de sobriété qu’outre-Atlantique. Sans doute aussi parce que cette étrange affaire qui tourne autour d'un couple, de leurs deux enfants et de la nounou en question est inspirée d'un fait-divers authentique concernant Yoselyn Ortega, une quinquagénaire psychopathe ayant été condamnée à la prison à perpétuité aux États-Unis pour avoir été elle-même au centre d'un fait-divers absolument tragique. Adapté ensuite en littérature par l'écrivain franco-marocaine Leïla Slimani qui remporta alors le prix Goncourt grâce au roman éponyme, Chanson Douce est une œuvre cinématographique qui marque les esprits en profondeur grâce à l'approche toute en finesse de la réalisatrice Lucie Borleteau. Celle-ci s'éloigne du thriller horrifique auquel le public aurait pu s'attendre pour se concentrer sur la personnalité de sa principale interprète qui en la personne de Karin Viard offre une incarnation troublante, énigmatique et de toutes celles que l'actrice nous a offerte depuis ses débuts, parmi les meilleures. L'une des forces de Chanson Douce est sa capacité à s'éloigner des codes classiques du genre. La personnalité de son héroïne ne nous est dévoilée qu'avec une infinie sobriété. Ici, pas de débordements... ou si peu. Plutôt que de remonter le temps après avoir explicité au départ l'issue dramatique du fait-divers, Lucie Borleteau laisse celle-ci pour la fin, le film déroulant alors son implacable scénario jusqu'au macabre dénouement.

On l'aura compris, Louise, nounou idéale de deux enfants confiés par leur parents Myriam (Leïla Bekhti) et Paul (Antoine Reinartz) l'est peut-être d'ailleurs un peu trop. Parfaite en apparence, on découvrira bientôt que cette mère à laquelle on a retiré la garde de sa fille (la réalisatrice laissant volontairement un grand vide concernant l'histoire personnelle de Louise) cherche à travers la petite Mila et son tout jeune frère, a retrouver son statut de mère. Louise s'approprie le cadre de vie des parents, s'imposant au fil du temps comme une présence naturelle et essentielle. Le sujet semble avoir été tellement traité au cinéma que l'on croit pouvoir deviner ce qui va advenir de la relation entre la nounou et les parents. Le schéma classique du père un peu distant à l'image et de la mère quelque peu inquiète de la tournure que prend la relation de Louise avec ses enfants débouchera cependant sur une toute autre approche des événements. Toutes ces scènes que l'on garde généralement en mémoire dans ce type de récit (la nounou qui séduit le père qui lui-même ne comprends pas que son épouse s'inquiète du comportement de leur employée) n'auront pas lieu dans le cas présent. Et même, lorsque Louise ''pète un câble'' façon Tatie Danielle, elle agît toujours avec une certaine retenue. Tout comme le reste du casting et Lucie Borleteau qui signe avec Chanson Douce, la transposition cinématographique d'un fait-divers absolument glaçant...

 Yoselyn Ortega
La nounou psychopathe qui inspira le roman de Leïla Slimani et le film de Lucie Borleteau

 

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