A l'annonce de la
parution du Monstre de Florence,
Autopsie d'un Mythe Criminel
de David Didelot, j'avoue que j'ai ressenti ce même frisson qui me
parcourut l'échine en cette année 1991, date de parution d'une
série culte de magazines sous le titre explicite de Dossier
Meurtre.
Soixante numéros plus deux hors-série notamment proposés dans une
minuscule et obscure librairie de Seine et Marne à deux ou trois
exemplaires seulement. Une collection de référence qui s'arrache
encore fort heureusement aujourd'hui d'occasion à des prix plus que
convenables. Des ouvrages jamais voyeuristes mais tentant de percer
le mystère de ces tueurs en série ou de masse qui défrayèrent la
chronique entre la fin du dix-neuvième siècle et jusqu'au trois
quarts du suivant. Depuis, sous ce format, rien de bien réjouissant.
Il fallait alors se tourner vers des ouvrages édités au format
''broché'' ou ''de poche''. Et je n'évoque pas ces revues
crapuleuses qui arborent des titres accrocheurs aux devantures des
librairies promettant des récits plus que sordides...
Et puis, vint ce jour où David Didelot, jamais repu d'écriture,
nous annonçait la sortie prochaine de son dernier ouvrage consacré
au Monstre de Florence, un sombre individu dont votre serviteur ne
soupçonnait même pas l'existence...
Le Monstre de
Florence,
Autopsie d'un Mythe Criminel,
c'est d'abord une couverture incroyable. Travail remarquable de Rigs
Mordo, pseudonyme sous lequel se cache en réalité Augustin Meunier,
l'homme derrière lequel se cache également l'excellent site ''Toxic
Crypt''. Également chargé de la maquette et de la mise en pages,
Augustin a accompli là, un travail considérable qui participe
grandement à la valeur artistique du fanzine que l'on tient alors
entre les mains. Un ouvrage entièrement dévolu au Monstre de Venise
dont l'identité ne semble jamais avoir été découverte malgré
diverses hypothèses... Mais Le Monstre de
Florence,
Autopsie d'un Mythe Criminel,
c'est aussi et surtout l'incroyable travail effectué par David, que
l'on savait déjà amoureux de Florence au moins depuis la lecture de
son exceptionnelle autobiographie Replay
sortie plus tôt en 2019. Un formidable ouvrage, miroir de nos
propres errances adolescentes. S'ouvrant sur une prose sublime de
Zaroff qui offre à David et aux lecteurs une préface
remarquablement bien écrite, Le Monstre de
Florence,
Autopsie d'un Mythe Criminel
plonge ensuite son lectorat dans une étude approfondie d'un fait
divers qui toucha Florence de la fin des années soixante jusqu'au
milieu des années quatre-vingt...
Il était tout d'abord logique que David évoque Florence qui, si
l'on en croit l'auteur, sera sa dernière demeure de son vivant. Un
chapitre passionné et passionnant, qui lorsque l'on peut avoir été
demeuré indifférent jusque là à cette ville, nous est décrite de
telle manière que l'on en tombe amoureux même sans jamais y avoir
mis les pieds. Passionnant disais-je, comme tout ce qui suit... Comme
ces quelques pages aux couleurs nous rappelant au bon souvenir des
giallo ayant un rapport, même lointain, avec l'histoire qui nous
intéresse. David nous offre ensuite, une étude comparative entre le
tueur insaisissable et ce cinéma qui nous est cher et que l'on
pourrait supposer avoir parfois servi de source d'inspiration au
''Monstre''. Comme à son habitude, David y fait preuve d'une culture
et d'une connaissance remarquable en la matière. Le lecteur est
forcément saisi par la somme d'informations et par l'acuité de
l'auteur qui ne se contente pas d'énumérer de vagues informations
mais les étaye par des propos qui ne sont pas dus au hasard mais à
une recherche sérieuse et approfondie. Entre œuvres
cinématographiques, ouvrages littéraires dont plusieurs romans
inspirés et ''biographies'' directement sujettes au cas du ''Monstre
de Florence'', émissions et séries télévisées, l'ouvrage de
David condense en soixante-huit pages (première, deuxième,
troisième et quatrième de couverture comprises) tout ce qu'il est
nécessaire de savoir si l'on veut pouvoir évoquer un tant soit peu
le sujet sans avoir l'air d'un idiot. Oserais-je affirmer que Le
Monstre de Florence, Autopsie d'un Mythe Criminel nous
ferait presque oublier l'arrêt définitif de son illustre
Vidéotopsie ? Non, quand même pas. Mais le
dernier ''méfait'' tout en couleur de David Didelot, soyons-en
certains, apaisera ceux auquel l'absence de leur fanzine préféré a
risqué de faire perdre la tête. Le Monstre de Florence,
Autopsie d'un Mythe Criminel prouve que l'ami en a
encore sous la pédale, sous la main, sous la semelle, sous le
capot et ''tutti quanti''. A peine refermé ce bel ouvrage façonné
par des passionnés, une petite voix nous surine déjà que
l'expérience n'en est peut-être qu'à ses débuts...
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