Montpellier... Week-end
en amoureux, Marché de Noël, gourmandises, musique, boutiques
de vinyls, féeries et puis, cinéma, bien entendu. Trois films dont
deux réalisés par des femmes. Rien que de très normal et sans
message pro-féministe. Juste le hasard et surtout la preuve que la
femme a autant sa place à la direction d'acteurs et à la mise en
scène que n'importe quel homme et qu'elle arrive à s'y imposer de
manière tout à fait brillante. Surpassant même parfois à bien des
égards certains de ses homologues masculins coupables
d'horripilantes choses comme le Joyeuse Retraite !
de Fabrice Bracq que nous découvrions en milieu d'après-midi de ce
vendredi 30 novembre et sur lequel je ne m'étendrai certainement pas
dans les jours à venir. Aux oubliettes donc cette comédie fade et
au contenu aussi révolu que ses deux personnages principaux et son
humour (humeur?) tendance ''has-been''. Non, l'un des films qu'il
fallait découvrir entre un air de violon sur la toujours aussi
réjouissante place de la Comédie de Montpellier et une projection
toute en son et lumière sur onze monuments de la cité, c'était le
Proxima
de la réalisatrice et scénariste française Alice Winocour. Son
dernier long-métrage à vrai dire. Le troisième. De la
science-fiction pas tout à fait comme les autres. Qui sort des
sentiers battus, qui fait réfléchir, mais sans avoir les
inconvénients de la ''Hard science-fiction''. Ici tout demeure dans
la sensibilité d'une cinéaste qui ne s'inspire pas des écrits des
plus grands auteurs de science-fiction mais rend hommage à travers
son propre scénario écrit en collaboration avec le réalisateur et
scénariste suisse Jean-Stéphane Bron, à toute ces femmes qui ont
sacrifié une partie de leur existence afin de vivre leur passion
d'astronautes...
Une
histoire qui se répète donc inlassablement, au cœur d'une aventure
spatiale où réside Sarah, mère de Stella, séparée de Thomas, le
père de la gamine. Une femme arrachée entre son irrépressible
désir de conquérir Mars aux côtés de l'américain Mike et du
russe Anton et son amour pour sa fille. Le plus difficile réside ici
dans l'équilibre entre ce que suggèrent les rapports
qu'entretiennent Sarah et sa fille et la passion dévorante de cette
spationaute acharnée à laquelle est offerte une formidable
opportunité. Interprétée avec une infinie sensibilité par
l'actrice Eva Green, Sarah est au centre d'un dilemme à auteur de
femme peut-être encore plus grand que l'espace qui la sépare de
Mars : comment appréhender la séparation à venir d'avec
Stella. Comment faire comprendre et accepter à cette enfant cette
fuite vers l'inconnu sans que celle-ci n'ait le sentiment d'être
abandonnée par sa mère ? Tout Proxima
ou presque repose sur cette épineuse question. Et pourtant, malgré
le tempo lent accordé aux échanges entre cette mère, son enfant,
et parfois le père, l’œuvre d'Alice Winocour évite l'ennui, le
surpasse pour nous offrir une jolie réflexion. Proxima
est également centré sur l'accomplissement d'un rêve. Comme toute
femme qui espère donner la vie, Sarah offre la sienne pour un projet
spatial d'une ampleur colossale après avoir elle-même mis au monde
Stella.
Mais
Proxima
n'est pas que le portrait de ce couple touchant que forment Eva Green
ainsi que Zélie Boulant-Lemesle, et plus largement Lars Eidinger.
Alice Winocour y exploite également toute la difficulté de
l'entraînement des futurs spationautes, contraints d'effectuer des
tests et des exercices particulièrement rudes. Et l'on ne parle pas
ici du machisme avéré dont fera preuve durant un temps l'astronaute
Mike incarné par l'acteur américain Matt Dillon. Touchant mais
jamais bouleversant. Réaliste et sans aucun doute visionnaire.
Fantasmé mais jamais exhibitionniste, Proxima
dénote certainement dans le monde de la science-fiction, et c'est
tant mieux. Plus sobre qu'un Ad Astra
signé de James Gray dont les ambitions narratives n'étaient
finalement pas à la hauteur malgré quelques séquences
éblouissantes, c'est en racontant son histoire en conservant ses
personnages sur le sol terrestre qu'Alice Winocour a puisé le
meilleur de son scénario pour en tirer l'un des films de
science-fiction les plus convaincants de l'année...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire