Béatrice, la fiancée de
Pierre, a rendez-vous avec plusieurs de ses amies féminines dans une
soirée organisée autour de mondains. Recrutées par
Coraline Merlin, l'épouse de l'un d'eux, elles sont tout d'abord
conviées à échanger leur tenue contre des robes de grandes
couture. Mais alors qu'elles s'attendent à rencontrer de
respectables citoyens, Béatrice et ses amies vont tomber entre les
mains d'une organisation criminelle spécialisée dans la traite des
blanches. Fort heureusement, Pierre a choisi de suivre sa fiancée en
toute discrétion jusqu'à la demeure de leur hôte, risquant sa vie
puisqu'un certain Tom, homme de main de Quaglio, organisateur de la
soirée, a pour objectif de compromettre le jeune homme dans une
histoire de meurtre dont il est lui-même l'auteur... Voici donc à
peu de chose près l'histoire qui nous est contée par le réalisateur
français Édouard Molinaro dont la carrière débutait un an
seulement avant la sortie de Des Femmes Disparaissent
en 1959 et dont le rôle principal est offert à l'acteur Robert
Hossein qui allait six ans plus tard incarner un Vampire
de Düsseldorf
de sinistre mémoire.
Récit
aux multiples ramifications se déroulant au cours d'une nuit,
Des Femmes Disparaissent est
surtout porté par la présence et l'interprétation du filiforme et
''Gainsbourgien''
Philippe Clay en homme de main cynique et sadique. Toujours un bon
mot en bouche et sifflotant un air, marquant ainsi sa présence comme
le fit dans un tout autre registre le Hans Becker (l'acteur Peter
Lorre) du chef-d’œuvre de Fritz Lang M le
Maudit en
1932, le chanteur et acteur français hante littéralement l’œuvre
d’Édouard Molinaro comme l'ombre d'un fantôme ou d'un boogeyman
émacié et silencieux. À ce sujet sordide d'une organisation portée
sur un réseau de prostitution, le réalisateur oppose un style
relativement classieux puisqu'en dehors de Robert Hossein qui porte
un blouson de cuir, tous ceux dont il tente de faire capoter les
projets portent sur eux des costumes qui cachent du moins pour un
temps, leur statut de criminels.
Sobre
mais osant exhiber par ici la pointe d'un sein, par là des sévices
punitifs à coups de cravache ou plus loin une vengeance à coups de
poings marquant profondément le visage de la victime, Des
Femmes Disparaissent dégage
une ambiance souvent oppressante, magnifiée par des noirs
particulièrement sombres et des éclairages permettant à peine de
cerner l'identité de celui qui approche le héros par derrière. Des
Femmes Disparaissent offre
bon nombre de rebondissements, qu'ils s'avèrent plus ou moins
crédibles (pourquoi donc Coraline Merlin décide-t-elle soudainement d'aider
Pierre et sa fiancée alors qu'elle attire elle-même de jeunes
femmes dans le piège organisé par Quaglio?) ou plus surprenant
(l'implication de la couturière Cassini interprétée par Jane
Marken). Édouard Molinaro signe un long-métrage immersif en ce
sens où l'on ne sait jamais vraiment sur quelle issue débouchera
l'intrigue. Pour un cinéaste qui nous habituera dès le début des
années soixante à toute une série de comédies, Édouard Molinaro
débutait pratiquement sa carrière en nous offrant un long-métrage particulièrement sombre et violent. Une jolie surprise...
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