Premier long-métrage du
cinéaste français Sylvain Desclous suivant la réalisation d'une
poignée de courts-métrages depuis ses débuts derrière la caméra
en 2005, Vendeur
évoque quelque part la comédie du réalisateur et scénariste
hexagonal Christian Merret-Palmair Les Portes de
la Gloire
avec Benoît Poelvoorde, Étienne Chicot et Michel Duchaussoy. Mais
si ce dernier se penchait sur les employés d'une société de
démarchage à domicile du nord de la France, Sylvain Desclous, lui,
s'intéresse à Serge, vendeur de cuisines équipées, connu pour
être l'un des meilleurs de sa profession. Divorcé et père d'un
fils ayant accumulé les dettes et dont le restaurant risque de faire
faillite, Serge propose au responsable de son département (l'acteur
et metteur en scène Pascal Elso qui interprète ici le rôle de
Daniel) d'embaucher à l'essai son fils Gérald. Tout ne se passe
malheureusement pas comme Serge aurait voulu. Gérald est mal à
l'aise avec l'idée de manipuler les éventuels acheteurs et ne
parvient pas à vendre la moindre cuisine. Mais alors que Daniel
pense déjà à s'en séparer, Serge lui demande une faveur et lui
propose de donner à son fils une semaine supplémentaire afin qu'il fasse ses preuves. Daniel accepte et c'est sur les conseils avisés
de Serge que Gérald prend peu à peu de l'assurance et parvient à
vendre sa première cuisine...
Sur
un ton sensiblement similaire à celui du long-métrage de Christian
Merret-Palmair, Sylvain Desclous signe une comédie douce-amère qui
ne cherche absolument pas à faire rire. Ce qui aurait été vain vu
l'angle particulièrement austère de l'approche choisie par le
réalisateur qui signe également le scénario aux côtés de Olivier
Lorelle, Salvatore Lista et Agnès Feuvre. Accompagné par le score
tout en percussions d'Amaury Chabauty, Vendeur
n'est ni tout à fait bouleversant, ni tout à fait définitivement
noir. Pourtant, dieu sait que le réalisateur et ses scénariste
impriment à l’œuvre des éléments qui plongent ses protagonistes
et par extension les spectateurs dans une certaines torpeur. Très
justement interprété par Gilbert Melki et Pio Marmaï, le père et
le fils composent avec une existence respective émaillée de
problèmes personnels. D'un côté, on a Serge, meilleur vendeur de
sa boite mais consommateur effréné d'alcool, de cigarettes, de
cocaïne et porteur d’antécédents cardiaques hérités de son
père. De l'autre, on a Gérald, ce fils, propriétaire d'un
restaurant qui rencontre de très sérieux problèmes de gestion, et
compagnon de Karole (l'actrice Clémentine Poldatz) qu'il délaisse
peu à peu au profit de son nouvel emploi.
Vendeur,
c'est aussi et surtout la relation qu'entretiennent père et fils.
Entre le talent émergeant de l'un, la fin de carrière et les problèmes de santé de
l'autre. Une trahison comme on pouvait l'imaginer à la place du père
qui après avoir ''formé'' son fils, le voit prendre le large
jusqu'à même corrompre sa vie de couple avec Karole. Gilbert Melki
et Pio Marmaï forment un duo exquis et fort convaincant. Malgré
l'amertume de cette vie qui ne souffre d'aucune espèce d'intimité
(les deux hommes passent le plus clair de leur temps à boire en
compagnie de leurs collègues de travail) autre que la relation que
l'un et l'autre entretiennent chacun avec des prostituées, l’œuvre
de Sylvain Desclous propose même au plus fort de la tempête, entre
compétitivité, solitude, addiction et maladie, un message positif
qui se révèle dans les derniers instants. En tout cas, pour un
premier film, Sylvain Desclous signe une belle réussite qui promet
une carrière que le spectateur prendra le soin de surveiller. En
attendant la suite...
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