Excellent dialoguiste,
Michel Audiard n'a cependant jamais été un réalisateur très
convainquant. Ce que confirmait en 1974 son dernier long-métrage Bon
Baisers... à Lundi.
Réalisation, dialogue et scénario (adapté du roman d'Alain-Yves
Beaujour, Le
Principe d'Archimède),
Michel Audiard se charge de trois des départements les plus
importants de ce long-métrage qui réunit un casting en or autour de
trois braqueurs du dimanche. Trois bras cassés qui décident un
vendredi soir, veille du week-end, de se rendre chez un grand ponte
du show-business afin de lui soutirer une grande somme d'argent. Ces
trois individus, ce sont Henri-Pierre (Jean Carmet), Bob
((Jean-Jacques Moreau) et Dimitri (Jacques Canselier). Le roi du
show-business, lui, c'est Frankie Strong (Bernard Blier), connu dans
la profession sous le nom du ''Lion''.
Ayant préparé bien à l'avance leur coup, Henri-Pierre s'attend à
débarquer avec ses deux complices dans un appartement où est très
régulièrement organisée une partouze. Sauf qu'en se trompant d'un
étage, les trois hommes se retrouvent dans une situation à laquelle
ils ne s'attendaient pas. Non seulement, la soirée va prendre une
tournure inattendue, mais ils vont en perdre peu à peu le
contrôle...
Outre
les interprètes déjà cités, Bon Baisers... à
Lundi
est l'occasion de retrouver Maria Pacôme dans le rôle de Myrette,
l'épouse de Frankie Strong, Évelyne Buyle dans celui de Zaza sur
laquelle le ''Lion''
fonde tous ses espoirs de future vedette de la chanson française, et
plus tard, Mario David dans la peau de Jacky Arouni, l'amant de
l'ancienne star et protégée de Frankie Strong Esmeralda
(interprétée par Betty Mars), Julien Guiomar dans celui de l'époux
trompé, André Pousse en automobiliste très énervé et Michel
Bouquet en alcoolique et ancien camarade de Henri-Pierre rencontré
au détour d'un bistrot. Participant à l'écriture du scénario, on
retrouve Jacques Audiard, le fils du dialoguiste et réalisateur qui
débutait ici sa carrière dans le monde du cinéma avant de devenir
deux décennies plus tard l'un des réalisateurs français les plus
respectés (au hasard, Sur mes Lèvres
en 2001, Un Prophète en
2009 ou encore Dheepan en
2015).
Bon Baisers... à
Lundi n'est
pas un mauvais film. Bien au contraire, on y retrouve le cynisme et
l'exceptionnelle qualité des dialogues de Michel Audiard. Surtout
durant la première et la dernière partie du long-métrage.
Cependant, le film souffre d'une baisse de régime conséquente en
son centre, à tel point que l'on est en droit de se demander dans
quelles proportions le réalisateur, scénariste et dialoguiste a
perdu de son inspiration. La confrontation entre les braqueurs,
admirablement menés par un Jean Carmet philosophe, et Bernard Blier
suivi par une ''cours
des miracle''
surréaliste est absolument jubilatoire. Les répliques fusent sous
forme de duels linguistiques remarquables. Du moins, jusqu'à ce que
l'ensemble des personnages ne quittent l'appartement du ''Lion'',
Michel Audiard les envoyant faire une virée dans un bar ouvert tard
dans la nuit, transformant ainsi Bon Baisers... à
Lundi en
une comédie potache, franchouillarde, du plus mauvais goût (la
scène de la danse espagnole). N'y aurait plus manqué que la
présence de Sim, de Henri Genès, de Pierre Doris ou d'Alice
Sapritch pour se croire devant un film de Philippe Clair, de Michel
Gérard ou de Max Pécas !!! Heureusement, la fin rehausse
sensiblement le niveau. Mais en comparaison de comédies sorties la
même année, dont on retiendra surtout et forcément Les
Valseuses
de Bertrand Blier, fils spirituel de Michel Audiard, Bon
Baisers... à Lundi
peine à convaincre dans son intégralité. Une œuvre portée par
son interprétation, ses dialogues, mais néanmoins gâchée par une
mise en scène parfois en dessous de tout...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire