C'était il y a dix-huit
ans et pour l'une des toutes premières fois de ma vie, j'allais
acquérir l'un des DVD de ce qui allait préfigurer une immense
collection de films sur support ''numérique polyvalent''. Enfin,
c'est ce que je croyais car vu le prix souvent prohibitif des
galettes argentées à l'époque, j'ai très vite revu mes ambitions
à la baisse. D'autant plus qu'avec La Planète des Singes
de Tim Burton, je sautais dans l'inconnu. Je ne connaissais de lui
que Beetlejuice
et surtout le formidable Edward aux Mains
d'Argent.
Mais bon, proposer une nouvelle vision du roman éponyme de Pierre
Boule trente-trois ans après le chef-d’œuvre de Franklin
Schaffner attisant à l'époque ma curiosité, pourquoi pas... Un
joli écrin publié par Fox
Pathé Europa renfermant deux DVDs ne
pouvait que conquérir mon cœur de cinéphile. Sauf que l'expérience
fut plus difficile à avaler que prévu. À l'issue de la projection,
je voyais déjà la double galette finir sur une étagère et
disparaître peu à peu sous une épaisse couche de poussière. Mais
plutôt que d'avoir à subir un tel désœuvrement, je préférais
m'en délester pour l'offrir à je ne sais plus quel ami. Il
faut dire qu'avec cette Planète des Singes
estampillée 2001, Tim Burton a fait très fort dans la catégorie
des films de science-fiction lisses et sans saveur.
Mais
pour être certain de ne pas écrire d'article ne reposant que sur de
vagues souvenirs, j'ai revu le film de l'américain il y a trois
jours. Et le constat est toujours le même. La
Planète des Singes
version ''début de nouveau millénaire'' est d'une saisissante
inconsistance. D'un classicisme qui ne supporte ni la comparaison
avec l’œuvre de 1968 et encore moins avec les trois derniers
longs-métrage du reboot ayant vu le jour entre 2011 et 2017. Si
visuellement la direction artistique de John Dexter, Sean Haworth et
Philip Toolin, les décors de Rick Heinrichs et les effets-spéciaux
conçus par la célèbre société Industrial
Light & Magic
et par plusieurs dizaines d'artistes demeurent remarquables, le
scénario de William Broyles Jr., Lawrence Konner et Mark Rosenthal
est par contre d'un académisme assez navrant. Toute la richesse du
roman de Pierre Boule a disparu. D'ailleurs, on pourrait également
reprocher à Franklin Schaffner de ne l'avoir que survolé en 1968,
et pourtant... Tim Burton évoque cependant une idée originale qui
distingue son œuvre de toutes les autres. Car désormais que l'on
sait que l'intrigue se déroulait en fait sur notre propre planète
mais à une époque où le singe avait eu le temps de prendre le
pouvoir sur une humanité désormais rendue à l'état d'esclave, La
Planète des Singes
de Tim Burton met en scène l'astronaute Léo Davidson et situe
l'action ailleurs que sur la Terre.
Alors
que le singe Périclès est depuis longtemps entraîné à piloter un
module spatial, il est envoyé dans l'espace afin de s'approcher d'un
curieux orage magnétique. Mais à son approche, le
module disparaît. Alors qu'il n'y est pas autorisé, Léo Davidson
monte à bord d'un second module et pénètre l'orage pour se
retrouver à la surface d'Ashar, planète autour de laquelle se situe
la station spatiale américaine Obéron.
Très vite, l'astronaute découvre la présence d'êtres humains.
Mais également de singes qui ont pris le pouvoir et ont transformé
les semblables de Léo en esclaves... La principale originalité de
cette Planète des Singes revisitée
repose donc sur le fait que l'intrigue se déroule ailleurs que sur
la Terre. Ce qui n'empêche pas le film de Tim Burton d'être
incroyablement classique. Sans surprises. Une œuvre de
science-fiction matinée d'aventure dont le seul véritable intérêt
repose sur la découverte de décors majestueux qui même si le
long-métrage s'éloigne de l'esthétique habituelle du cinéaste,
rappelle à certains endroits que c'est bien Tim Burton qui ''pilote
l'engin''.
À
vrai dire, les fans du réalisateur verront sans doute la chose comme
une œuvre de commande très moyenne faisant écho à d'autres
expériences cinématographiques particulièrement traumatisantes (le
Dune
de David Lynch par exemple). Mark Wahlberg, sans être exceptionnel
fait ce qu'on lui demande et le fait relativement bien. Tim Roth se
planque sous le costume de l'inquiétant et tyrannique Thade, quand à
Helena Bonham Carter, elle n'a jamais été aussi séduisante que
sous le maquillage du singe Ari. D'ailleurs, à ce propos, si
contrairement à ce que les trois derniers films de la franchise nous
ont habitué en terme d'effets-spéciaux numériques, la plupart des
singes sont ici le fruit du travail de maquilleurs expérimentés.
La Planète des Singes
de Tim Burton offre pas mal d'action mais toujours en ''sécurisant''
chacune de ses tentatives. Sans prendre de risques, le réalisateur
donne à voir un spectacle familial incroyablement fade dont la fin,
qui par rapport à l’œuvre originale tente de retomber sur ses
pieds, est aussi prévisible qu'incompréhensible. À moins que Tim
Burton n'y envisage l'hypothèse selon laquelle, que quoique
l'humanité tente pour maintenir sa souveraineté, le futur la
condamne au même triste sort que celui des habitants d'Ashar. Fidèle
au réalisateur, c'est le compositeur Danny Elfman qui a été chargé
de composer la bande originale du film...
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