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mardi 28 juillet 2020

Midnight Express d'Alan Parker (1978) - ★★★★★★★☆☆☆



Brad Davis n'aura pas vraiment eu le temps de faire une brillante carrière cinématographique puisque lorsqu'il meurt en 1991 des suites du sida alors qu'il se sait depuis un moment déjà séropositif, il aura surtout accumulé des rôles à la télévision, le grand écran n'ayant jamais dressé devant lui, le pont d'or qu'il méritait pourtant sans doute depuis son apparition dans ce qui allait devenir LE rôle de sa carrière. Pour beaucoup de cinéphiles, Midnight Express sonne comme le souvenir d'une expérience cinématographique douloureuse. Et lorsque l'on sait que le personnage qu'y interprète Brad Davis a réellement existé, on repense rétrospectivement au voyage en Enfer vécu par William Hayes, l'homme autour duquel le réalisateur et scénariste Oliver Stone s'est concentré pour écrire le script d'un long-métrage qui allait entrer dans la légende du septième art : Midnight Express d'Alan Parker. Une œuvre qui allait faire de ce jeune américain, le héros d'un film alors même qu'à l'origine, William Hayes n'était pas le plus recommandable des individus puisque victime de ses propres ambitions de petit dealer, il fut arrêté par les autorités turques alors qu'il tentait de faire passer de la drogue et ce, pour la quatrième fois. Et quatre fois, dans les circonstances que l'on va découvrir, ce sera une fois de trop. Croyant passer à travers la fouille de la douane turque, bien mal lui en prend puisque les deux kilos qu'il transporte sont découverts. C'est alors pour William Hayes, le début de cinq ans d'enfer...

A l'origine, Richard Gere devait incarner le rôle-titre. C'est en toute partialité que me vient à l'esprit l'idée que l'on a sans doute échappé au pire. Lorsque Brad Davis se présente au casting avec dans l'ombre, un Dennis Quaid séduit par le personnage, le jeune acteur alors âgé d'une trentaine d'années a débuté sa carrière huit ans auparavant mais n'a très majoritairement tourné que pour le petit écran puisque avant Midnight Express, il n'apparaîtra au cinéma que dans Eat My Dust de Charles B. Griffith sans être cependant crédité au générique. Alors que les autorités de la capitale turque Ankara refusent d'accueillir l'équipe de tournage sur leur territoire, c'est à plus de deux-mille sept-cent kilomètres de distance, sur l'île de Malte, que se déroulera finalement le tournage du film d'Alan Parker. Un long-métrage qui en regard du difficile sujet abordé sera pour le réalisateur, son équipe, mais surtout Brad Davis, une expérience physique et intellectuelle éprouvante. Des conditions de tournage délicates. Une chaleur écrasantes. Et des délais de tournage très courts. Même tourné loin du pays d'origine où se sont déroulés les faits, la mise en scène, l'interprétation et la mythique bande originale du compositeur et DJ italien Giorgio Moroder font illusion...

Quarante-deux ans après sa sortie, il est toujours intéressant de découvrir Midnight Express. Et même si depuis, nombre de cinéastes et de scénaristes ont su entretenir la dualité humanité/inhumanité en repoussant sans cesse les limites du dicible, même si l'on doit conserver une totale réserve quant à l'éventuelle ''romanisation'' de cet épisode tragique dans la vie d'un homme (les autorités turques remirent en question la crédibilité de certaines faits), l'expérience demeure toujours aussi rude. La Turquie, ça n'était déjà pas la France en ce temps là. Là-bas, pas de téléphone, de télévision ou de quelconque divertissement. Là-bas, comme va pouvoir l’expérimenter William Hayes, la prison est un cachot dans le sens le moins noble du terme. Des cellules grises, crasseuses, humides. Des gardiens brutaux, ici notamment personnifiés par l'incroyable acteur américain Paul L. Smith (Rabban de Dune de David Lynch, le dératiseur de Crimewave de Joel et Ethan Coen) dans le rôle du gardien-chef tortionnaire et sadique Hamidou. Midnight Express montre une certaine corruption de la justice avec à la clé, l'incertitude d'obtenir gain de cause malgré les largesses financières.

Il démontre également que la survie tient à des choses aussi simples et puériles que l'amitié et l'espoir. L'amitié entre le héros et ses compagnons de cellule Jimmi Booth (l'acteur Randy Quaid) et Max (formidable John Hurt). L'espoir de recouvrer un jour la liberté. Espoir, mais aussi désespoir qui mènera le héros à la folie lors de l'une des séquences les plus mémorables du film. Longtemps considéré par certains comme bourré de clichés racistes et xénophobes par des individus que l'on pourrait en contrepartie considérer de complaisants, nombre de documents ont su démontrer depuis, que le contenu de Midnight Express est parfois le reflet de la réalité. Comme on peut s'en douter, le film fut interdit en Turquie où il fut invisible jusqu'en 1993. Nominé et récompensé à de nombreuses occasions, le film d'Alan Parker obtint notamment, les Oscars du meilleur scénario et de la meilleure musique au festival de 1979 mais ne remporta pas ceux du meilleur acteur de second rôle pour John Hurt, du meilleur réalisateur et du meilleur montage...

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