L'inde, en 1930. Clive
Dawson apprend à sa compagne Shaheen qu'il doit partir pour un long
voyage en Angleterre. Mais la jeune femme comprend qu'il profite de
l'occasion pour s'en séparer. Refusant de se voir ainsi abandonnée
par celui qu'elle aime, la jeune femme d'origine indienne lance sur
Clive, sa famille et ses proches, une malédiction. Lorsqu'il revient
quelques temps plus tard, Clive n'est pas seul. Il a entre-temps
épousé la délicieuse Brenda. Revenant s'installer dans sa
plantation, il apprend que Shaheen s'est suicidée de désespoir
après son départ. Son corps retrouvé dans le Gange, la jeune femme
a été incinérée comme le veut la coutume en Inde. Pourtant, Clive
est persuadée qu'elle n'est pas vraiment morte et qu'elle va mettre
en pratique le sort qu'elle avait jeté sur lui et sur ses proches.
Son Frère Rupert qui n'a jamais abandonné leur luxueuse propriété
est l'amant de Sybilla, l'épouse de médecin personnel de Clive, le
docteur Fanshaw. Petit à petit, d'étranges événements se
produisent et semblent confirmer les craintes de Clive qui pour tenir
le coup se met à boire plus que de raison...
Un an avant le
remarquable Symptoms,
le réalisateur espagnol José Ramon Larraz posait déjà les bases
de son chef-d’œuvre avec le tout aussi obsédant La
Muerte Incierta.
Alors que Symptoms
fut par miracle sauvé des eaux, découvrir aujourd'hui l'un des
précédents longs-métrages du cinéaste espagnol est une gageure et
semble devoir passer par des techniques plus ou moins légales comme
le téléchargement ou le streaming sauvages. Objet aussi rare que
précieux, La Muerte Incierta
marque déjà de son empreinte, la marque de fabrique de José Ramon
Larraz et son apparente obsession pour les personnages torturés.
Psychologiquement instable et marqué par un passé trouble, le
personnage interprété par l'acteur espagnol Antonio Molino Rojo
renvoie directement à celui qu'incarnera l'année suivante la
troublante Angela Pleasence. Dans un décor moite, faussement situé
en Inde (simulé par de nombreux inserts de stock shots), José Ramon
Larraz peut être considéré comme le pendant ibérique du
transalpin Lucio Fulci sans les saillies sanglantes...
Moins
intéressé par l'horreur que par l'épouvante, José Ramon Larraz
accompagne les spectateurs dans un univers trouble dans lequel sont
perpétuellement assénées des séquences psychologiquement
éprouvantes. L’ouïe est le premier sens à intervenir dans cette
approche à la forme parfois classique et baroque (les éclairs, le
vent, les cris d'animaux nocturnes) du fantastique. Un genre qui
n'est ici que survolé pour mieux tromper le spectateur comme
l'espagnol le fera également avec Symptoms.
Car déjà, dans le cas présent, il s'agit bien pour le réalisateur
espagnol d'évoquer la folie. Une démence apparemment héréditaire
puisqu'inscrite dans les gênes des Dawson depuis plusieurs
générations. Passé maître dans l'art de la déliquescence
visuelle et psychologique, José Ramon Larraz exhibe des personnages
souvent ambigus et dignes de figurer parmi les plus inquiétants du
cinéma de peur italien. La Muerte Incierta
évoque
en effet l’œuvre d'un Mario Bava, d'un Dario Argento ou d'un Pupi
Avati transposée au pays de Pedro Almodovar et de Salvatore Dali...
Le
réalisateur s'entoure d'interprètes qui de leur simple présence
sèment un doute profond quant à la réalité de ce que subit Clive
Dawson qu'incarne avec conviction Antonio Molino Rojo. Raffaele Curi
interprète le frère Rupert. Plus jeune que Clive, mais pas moins
inquiétant, il arbore un sourire et un comportement calme et
''précieux'' qui filent la chair de poule. Yelena Samarina
interprète Sybilla, cette mère de substitution/maîtresse du jeune
homme et que le réalisateur rend suspecte à travers quelques
subtils effets. Un simple regard entre l'épouse du docteur Fanshaw
(l'acteur Giuseppe Pertile) et son jeune amant et le spectateur aura
tôt fait d'imaginer une machination fomentée par ce couple à la
relation adultère. L'ambiance de plomb et le climat de démence qui
règnent autour de la plantation sont tels que même la douce Brenda
(l'actrice britannique Mary Maude) s'abandonnera entre les bras de
son beau-frère tandis qu'agonise sur son lit, un Clive attaqué plus
tôt par un tigre lors d'une partie de chasse. Dégageant une
impression de folie latente, La Muerte Incierta
se
révèle être une fois encore, un grand José Ramon Larraz. À
découvrir d'urgence...
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