Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


samedi 6 juin 2020

La Muerte Incierta de José Ramon Larraz (1973) - ★★★★★★★★☆☆



L'inde, en 1930. Clive Dawson apprend à sa compagne Shaheen qu'il doit partir pour un long voyage en Angleterre. Mais la jeune femme comprend qu'il profite de l'occasion pour s'en séparer. Refusant de se voir ainsi abandonnée par celui qu'elle aime, la jeune femme d'origine indienne lance sur Clive, sa famille et ses proches, une malédiction. Lorsqu'il revient quelques temps plus tard, Clive n'est pas seul. Il a entre-temps épousé la délicieuse Brenda. Revenant s'installer dans sa plantation, il apprend que Shaheen s'est suicidée de désespoir après son départ. Son corps retrouvé dans le Gange, la jeune femme a été incinérée comme le veut la coutume en Inde. Pourtant, Clive est persuadée qu'elle n'est pas vraiment morte et qu'elle va mettre en pratique le sort qu'elle avait jeté sur lui et sur ses proches. Son Frère Rupert qui n'a jamais abandonné leur luxueuse propriété est l'amant de Sybilla, l'épouse de médecin personnel de Clive, le docteur Fanshaw. Petit à petit, d'étranges événements se produisent et semblent confirmer les craintes de Clive qui pour tenir le coup se met à boire plus que de raison...

Un an avant le remarquable Symptoms, le réalisateur espagnol José Ramon Larraz posait déjà les bases de son chef-d’œuvre avec le tout aussi obsédant La Muerte Incierta. Alors que Symptoms fut par miracle sauvé des eaux, découvrir aujourd'hui l'un des précédents longs-métrages du cinéaste espagnol est une gageure et semble devoir passer par des techniques plus ou moins légales comme le téléchargement ou le streaming sauvages. Objet aussi rare que précieux, La Muerte Incierta marque déjà de son empreinte, la marque de fabrique de José Ramon Larraz et son apparente obsession pour les personnages torturés. Psychologiquement instable et marqué par un passé trouble, le personnage interprété par l'acteur espagnol Antonio Molino Rojo renvoie directement à celui qu'incarnera l'année suivante la troublante Angela Pleasence. Dans un décor moite, faussement situé en Inde (simulé par de nombreux inserts de stock shots), José Ramon Larraz peut être considéré comme le pendant ibérique du transalpin Lucio Fulci sans les saillies sanglantes...

Moins intéressé par l'horreur que par l'épouvante, José Ramon Larraz accompagne les spectateurs dans un univers trouble dans lequel sont perpétuellement assénées des séquences psychologiquement éprouvantes. L’ouïe est le premier sens à intervenir dans cette approche à la forme parfois classique et baroque (les éclairs, le vent, les cris d'animaux nocturnes) du fantastique. Un genre qui n'est ici que survolé pour mieux tromper le spectateur comme l'espagnol le fera également avec Symptoms. Car déjà, dans le cas présent, il s'agit bien pour le réalisateur espagnol d'évoquer la folie. Une démence apparemment héréditaire puisqu'inscrite dans les gênes des Dawson depuis plusieurs générations. Passé maître dans l'art de la déliquescence visuelle et psychologique, José Ramon Larraz exhibe des personnages souvent ambigus et dignes de figurer parmi les plus inquiétants du cinéma de peur italien. La Muerte Incierta évoque en effet l’œuvre d'un Mario Bava, d'un Dario Argento ou d'un Pupi Avati transposée au pays de Pedro Almodovar et de Salvatore Dali...

Le réalisateur s'entoure d'interprètes qui de leur simple présence sèment un doute profond quant à la réalité de ce que subit Clive Dawson qu'incarne avec conviction Antonio Molino Rojo. Raffaele Curi interprète le frère Rupert. Plus jeune que Clive, mais pas moins inquiétant, il arbore un sourire et un comportement calme et ''précieux'' qui filent la chair de poule. Yelena Samarina interprète Sybilla, cette mère de substitution/maîtresse du jeune homme et que le réalisateur rend suspecte à travers quelques subtils effets. Un simple regard entre l'épouse du docteur Fanshaw (l'acteur Giuseppe Pertile) et son jeune amant et le spectateur aura tôt fait d'imaginer une machination fomentée par ce couple à la relation adultère. L'ambiance de plomb et le climat de démence qui règnent autour de la plantation sont tels que même la douce Brenda (l'actrice britannique Mary Maude) s'abandonnera entre les bras de son beau-frère tandis qu'agonise sur son lit, un Clive attaqué plus tôt par un tigre lors d'une partie de chasse. Dégageant une impression de folie latente, La Muerte Incierta se révèle être une fois encore, un grand José Ramon Larraz. À découvrir d'urgence...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...