Emma, Puertas
Oscuras sera
le dernier long-métrage du réalisateur espagnol José Ramón Larraz
que j'aborderai ici. Non pas qu'il ait fini par me lasser mais pour
le moment, je n'ai mis la main que sur trois films d'un cinéaste
méconnu qui mérite cependant d'être évoqué dans de plus
importantes proportions. Sans pouvoir affirmer définitivement qu'il
consacra sa carrière de réalisateur à décrire la démence à
travers des portraits hauts en couleurs, Symptoms,
La Muerte Incierta
et maintenant Emma, Puertas Oscuras
démontrent à eux trois que José Ramón Larraz fut capable de s'y
intéresser et de proposer quelques exemples d'un cinéma d'épouvante
particulièrement efficace. Si Emma, Puertas
Oscuras s'avère
plus faible et donc moins passionnant que les deux autres exemples,
ça n'est certes pas tant à cause de son ambiance ou de
l'interprétation de l'actrice Susanna East que du scénario qui se
résume en fin de compte à peu de chose. Si José Ramón Larraz y
développe une fois encore son obsession de la folie, Emma,
Puertas Oscuras demeure
infiniment moins captivant. En raison d'un script relativement
sommaire, une dimension psychologique un peu trop dépouillée, et
des rapports entre individus manquant de profondeur...
Des
données fondamentales dont l'absence rend l'expérience sinon
ennuyeuse, du moins insuffisamment exploitée. Pourtant, l'héroïne
Emma reste sans doute à ce jour comme l'un des personnages créés
par José Ramón Larraz parmi les plus affectés psychologiquement.
Mais alors que l'on pouvait trouver chez les victimes de troubles
psychiatriques de Symptoms
et de La Muerte Incierta
des raisons profondes liées à un passé traumatique, l'affection
dont est atteinte la jeune et jolie Emma et d'un tout ordre. En
effet, c'est à la suite d'un grave accident de la circulation que
fut altéré le fonctionnement de son cerveau. Enfermée dans un
hôpital psychiatrique, c'est là qu'intervient Sylvia Keane
(l'actrice Pera Cristal), qui avec l'accord du docteur Donovan décide
de prendre en charge la jeune femme. La prenant sous son aile, elle
l'emmène chez elle. Aidée par Sylvia et son époux Steve (l'acteur
Ángel Menéndez), Emma éprouve cependant de grandes difficultés à
reprendre goût à la vie. C'est alors que survient une tragédie :
en pleine crise, la jeune femme assassine le mari de Sylvia...
C'est
là que Emma, Puertas Oscuras
prend tout son sens. Car après avoir une fois encore choisi de
mettre en lumière une victime de démence, le scénario de José
Ramón Larraz propose un récit tournant autour d'une machination.
Car comment percevoir toute cette histoire autrement qu'à travers
l'utilisation d'une jeune femme psychologiquement fragilisée à des
fin d'homicide ? Quelques part, l’œuvre de l'espagnol renvoie
au sublime Les Diaboliques
de Henri-Georges Clouzot, toutes proportions étant bien évidemment
gardées. Si Emma, Puertas Oscuras ne
restera sans doute pas dans les annales comme l'un des meilleurs
films de son auteur, c'est peut-être parce que José Ramón Larraz
semble avoir attaché assez peu d'importance à son histoire, ainsi
qu'au montage qui s'avère anarchique. À décharge, et vue la piètre
qualité de la vidéo mise à disposition, le spectateur se fera une
opinion toute en douceur en prenant compte du fait que le film a
peut-être été la victime d'un charcutage acharné. Car comment,
alors, expliquer leu peu de soin apporté à un montage qui passe
directement d'une scène filmée de jour à une séquence tournée de
nuit ? Cependant, s'il y a bien un talent que l'espagnol
continue de cultiver, c'est le caractère morbide de son approche du
cinéma d'épouvante. Et même s'il les éclairages sont parfois
insuffisants pour profiter pleinement des décors, le choix de
l’hôtel désaffecté où se situe la dernière partie du
long-métrage s'avère heureux. L'ambiance y est lourde et accentue
le sentiment de folie qui se dégage d'une actrice au visage pourtant
angélique. Pas mauvais en soit, Emma, Puertas
Oscuras est
donc juste un peu plus faible que Symptoms
et La Muerte Incierta...
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