Après la surprise
agréable que se révéla être Héros de Bruno Merle
en 2007, il fallait que se concrétise l'idée que Michael Youn était
bien capable d'endosser des rôles dramatiques l'écartant de la voie
humoristique dans laquelle il était demeuré jusque là engoncé.
Cinq ans plus tard, en 2012, ce fut au tour du cinéaste français
Jérôme Cornuau, auteur d'un scénario coécrit à quatre mains en
compagnie de la dialoguiste et auteur dramatique Alexandra Deman. La
Traversée explore le cas d'un avocat dont la fille
Lola a disparu mystérieusement sans que la police ne puisse jamais
la retrouver. Deux ans plus tard, Martin a abandonné sa profession
est travaille comme gardien de parking. Le père n'a jamais accepté
la disparition de sa fille tandis que Sarah, son épouse, semble
avoir repris le cours normal de son existence. Pourtant, un jour,
Lola refait surface. Soulagé, Martin veille à la sécurité de sa
fille devenue silencieuse depuis son enlèvement. Sur les conseils
d'un ami, le jeune père accepte d'emmener Lola voir un psychologue
afin de l'aider à oublier son traumatisme. C'est lors d'une
traversée en ferry que Martin et son enfant vont faire la
connaissance de Norah, chanteuse à succès voyageant incognito...
Pour son cinquième
long-métrage cinéma, le cinéaste Jérôme Cornuau propose une
œuvre envoûtante que l'on pourrait aussi bien rapprocher de
l'excellente série de Fabrice Gobert Les Revenants (du
moins, la première saison) que du troisième long-métrage du
cinéaste américain d'origine indienne M. Night Shyamalan, The
Sixth Sens. Sans trop vouloir dévoiler le contenu de La
Traversée,
disons que le film de Jérôme Cornuau explore avant toute chose la
psyché d'individus liés par des drames les rapprochant
inexorablement d'une conclusion révélant au grand jour tous ces
petits détails qui mis bout à bout offrent au long-métrage l'aura
d'une œuvre mêlant drame et fantastique. Ce dernier n'étant abordé
que dans son approche esthétique, le film est en permanence baigné
d'une brume conférant et accentuant la part de mystère qui entoure
la plupart des personnages ainsi que l'intrigue. La
Traversée,
c'est celle de Martin, incarné avec brio par un Michael Youn
convaincant et surtout, jamais ridicule. Lui dont on avait l'habitude
de brosser un portrait pas très flatteur démontre une fois encore
après Héros
qu'il est capable de donner dans le registre dramatique sans pour
autant paraître superficiel.
Au
look mal rasé et effrayé à l'idée de perdre une fois encore
l'amour de sa vie, le récit lui oppose une Fanny Valette (Un
Profil pour Deux)
en blonde platine. Sensible tout en demeurant parfois inquiétante
dans son comportement, l'actrice qui depuis ses débuts au cinéma en
1999 à tourné dans une quinzaine de long-métrages incarne quant à
elle une chanteuse à fleur de peau, marqué par un souvenir tragique
et tellement ancré en elle que la simple présence d'un bouquet de
fleurs blanches suffit à faire défaillir et à renvoyer à ce jour
où elle vécu elle aussi, un drame terrible. Si le dénouement n'a
malheureusement pas la force de celui de l’œuvre de M. Night
Shyamalan, on applaudira tout de même la tentative. Le cinéma
français étant beaucoup plus frileux en matière de fantastique que
d'horreur ou de thriller, on louera l'effort de Jérôme Cornuau qui
sait diriger ses acteurs et aime ses personnages. Vu le scénario et
vues certaines situations, le film ne peut éviter quelques
invraisemblances qui se révèlent à la fin. Si l'on remonte le fil
du récit, on constate que quelques événements qui se sont produits
plus tôt n'entrent plus dans le cadre de l'intrigue.
De
menus détails dommageable pour quiconque aime qu'un récit tienne la
route de bout en bout, mais on n'en voudra cependant pas à son
auteur qui outre cet étrange récit ménage une ambiance
fantasmagorique plutôt réussie et bienvenue. Pas un chef-d’œuvre
donc, mais un film très agréable à regarder...
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