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jeudi 1 mars 2018

Thelma de Joachim Trier (2017) - ★★★★★★★☆☆☆



Thelma... un prénom qui aurait pu se référer comme bon nombre (Emily Rose, Rosemary, Annabelle, Anneliese, Abby, etc...) à la thématique de la possession, mais ici, rien de tout cela. Non, le cinéaste et scénariste norvégien Joachim Trier préfère aborder avec son quatrième et actuellement dernier long-métrage, l'adolescence, la solitude, et les premiers émois sexuels de son héroïne. Celle du titre, donc, incarnée par l'actrice Eili Harboe dont il s'agit ici du cinquième long-métrage et que l'on a pu notamment découvrir auprès de Kristoffer Joner en 2015 dans l'excellent film catastrophe de Roar Utahaug, Bølgen. Thelma est une étudiante apparemment comme les autres, du moins jusqu'au jour où elle fait la connaissance d'Anja dans la bibliothèque de l'université où elle étudie. Elle tombe alors amoureuse de sa camarade qui pour la première fois de son existence, lui offre la possibilité de s'ouvrir aux autres. Mais ce que va bientôt découvrir Thelma, c'est qu'elle est en possession d'immenses pouvoirs dont les origines semblent remonter loin dans son passé...

Thelma est une œuvre littéralement habitée. Par son ambiance, son sujet, et l'interprétation de la jeune et troublante norvégienne. Un long-métrage qui ne laisse pas indifférent, sortant des sentiers battus de part sa mise en scène austère et vaporeuse. Joachim Trier aime prendre son temps lorsqu'il s'agit de décrire l'évolution des sentiments de son héroïne envers sa nouvelle amie. En parallèle, il expose des parents religieux très stricts à une adolescente s'exposant à de violents fantasmes s'exprimant à travers des images allégoriques d'une puissance parfois étonnante. Le cinéaste norvégien semble moins intéressé par l'idée d'offrir un spectacle foisonnant d'effets visuels et de scènes d'action que de mettre en scène un projet aussi ambigu qu'ambitieux. Et surtout, très personnel puisque certains pourront considérer que son œuvre souffre d'un rythme assez lent pour que survienne un sentiment d'ennui. Sans être tout à fait aussi léthargique que le Lars von Trier de la période Element of Crime/Epidemic/Europa, Joachim Trier impose des scènes s'étirant sur de très longues minutes, les esthétisant à l'extrême, prenant ainsi le risque de perdre une partie de son public. Comment expliquer le long passage de l'héroïne durant lequel des examens sont effectués afin de desceller la présence d'une tumeur pouvant expliquer ce qui s'apparente chez elle à des crises d'épilepsie?

Le film de Joachim Trier offre la vision d'une adolescente découvrant sa sexualité à travers des images symboliques et incroyablement charnelles. Le spectateur entre dans l'intimité et dans les conflits intérieurs de l'héroïne découvrant également les pouvoirs dont elle est investie. Le film, à ce sujet, renvoie directement à l’œuvre de Stephen King adaptée au cinéma par Brian de Palma en 1976, Carrie au bal du Diable. Il ne demeure pourtant dans Thelma, aucun manichéisme, bien qu'en opposition à la ferveur religieuse de ses parents, les pouvoirs de l'héroïne pourraient être comparés aux outils du malin. Cette fièvre qui s'empare de Thelma et dont les conséquences se révèleront parfois désastreuses. Rappelant un épisode de La Quatrième Dimension dans lequel un insupportable garnement faisait littéralement disparaître quiconque ne lui convenait pas.

Si Thelma est effectivement très lent, son auteur nous assène cependant quelques grands moments de cinéma sensoriel. De l'ouverture dans le décor enneigé (dont la signification éclatera plus tard au grand jour), jusqu'aux visions/rêves/fantasmes de Thelma, en passant par quelques sobres effets visuels dont l'efficacité est cependant redoutable (les crises d’épilepsie, les oiseaux s'écrasant contre la baie vitrée de la bibliothèque), le film de Joachim Trier est une expérience de cinéma tout à fait inédite sublimée par la partition musicale toute en discrétion du compositeur norvégien Ola Fløttum, mais dont l'aspect parfois auteurisant pourra décontenancer une partie des spectateurs...

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