Le cinéaste Claude Berri
n'aura pas attendu le nombre des années pour que de la charmante
petite Ernestine Mazurowna éclose une belle jeune femme mais a
choisi de tourner dans la foulée de Jean de Florette,
une suite se situant bien des années après le drame qui a
touché la petite famille du bossu, Jean Cadoret. Après avoir
disparu du casting, la jeune actrice s'est donc vue remplacée par
Emmanuelle Béart, fille de l'auteur-compositeur et interprète de la
chanson française Guy Béart. C'est la seconde fois que la jeune
femme tournait auprès de son compagnon à la ville, Daniel Auteuil.
Un rôle qui se révélera difficile pour l'actrice qui éprouvera
quelques difficultés à tourner des scènes durant lesquelles elle
devra faire preuve d'une certaine violence verbale envers l'homme
qu'elle aime hors plateaux. Comme Jean de Florette
avait révélé un Daniel Auteuil s'écartant très nettement des
personnages qui lui avaient été confié jusqu'à maintenant, Manon
des Sources offre à Emmanuelle Béart l'un de ses rôles les
plus touchants. Une histoire d'amour impossible entre une belle
sauvageonne le cœur toujours empli d'amertume envers celui qui
provoqua la mort de son père et un paysan un peu sot fou d'amour
pour la belle jeune femme qu'est devenue la gamine d'antan...
Si dans les grandes
lignes, l’œuvre de Claude Berri se rapproche sensiblement de la
version offerte en 1952 par Marcel Pagnol, les deux Manon des
Sources cinématographiques conservent en revanche de grosses
différences au niveau du déroulement du récit. Claude Berri
s'inspire avant tout du roman paru en 1963, seconde partie d'un
diptyque réunissant deux ouvrages sous le titre L'Eau des
Collines. La disparition de Jean Cadoret, et par conséquent,
celle de Gérard Depardieu, aurait pu peser sur cette suite qui
conserve encore fort heureusement deux de ses plus charismatiques
personnages. Daniel Auteuil et Yves Montand sont donc encore là,
bien présents, dans leur rôle respectif d'Ugolin et de César.
Plusieurs années ont passé depuis la mort de Jean mais le temps n'a
pas eu d'effet sur ces deux personnages, dont un César qu'un détail
minime tente de vieillir : en effet, désormais le plus vieux
représentant des Soubeyran ne peut plus se passer de sa canne.
Vieillissant, et donc plus proche de la mort que jamais, il compte
sur Ugolin pour perpétrer le nom de la famille. Et justement, voilà
que ce dernier vient de croiser la route de Manon, désormais une
jeune et remarquablement belle adolescente. Partie s'installer chez
Baptistine, la sorcière italienne du premier épisode qui vivait en
compagnie de son mari dans une grotte, sur la propriété des
Cadoret, la jeune femme n'a pas oublié tout le mal que lui ont fait
Ugolin et son oncle. On pourrait même dire le village tout entier
puisque chacun connaissait l'existence d'une source sur le terrain de
la ferme des romarins mais jamais personne n'en a parlé à Jean et
les siens. Un sujet fort délicat que certains préfèrent éviter.
Un détail qui aura son importance et qui générera un certain
malaise qui se ressentira même au delà de l'objectif puisque le
spectateur lui-même pour se trouve gêné devant les propos et les
regards accusateurs visant Ugolin et sa miraculeuse réussite.
Car son projet, celui qui
le poussa des années en arrière à manigancer contre celui qui
fatalement, allait devenir son ami à son contact, est désormais des
plus concret. Ce qui demeure également palpable, c'est l'esprit de
vengeance de Manon. Qui d'une part va se venger des habitants de la
région en bouchant une source, tarissant ainsi la fontaine du
village et tous les points de ralliement en eau, et d'Ugolin en lui
refusant son amour. Un rejet qui aura, comme on le découvrira très
vite, des répercutions graves. Là où le génie de Marcel Pagnol,
et par conséquent celui de Claude Berri, explose, se situe dans
l'impacable destin offert à ses protagonistes. Car si l'on remonte
en arrière, du temps du récit tournant autour du personnage de Jean
Cadoret et que l'on suit les péripéties de ce second volet jusqu'à
la révélation finale, le spectateur se rend compte que tout est
inexorablement lié.
Cette suite a été
tournée à Mirabeau, petite commune française du Vaucluse de la
région PACA. Si une partie du casting, notamment certains
villageois, est identique à celle du premier volet, Claude Berri
fait appel à quelques nouvelles têtes, telles que Hippolyte
Girardot, qui n'a aucun lien de parenté avec l'immense et regrettée
Annie Girardot et n'avait joué jusque là que dans une toute petite
dizaine de longs-métrages. Il interprète désormais le rôle de
l'instituteur Bernard Olivier, passionné de géologie et problème
initial d'un Ugolin qui voit bien que la jeune et belle Manon n'a
d'yeux que pour le nouvel arrivant. On reconnaîtra également la
trogne si particulière de l'acteur, chanteur et musicien Ticky
Holgado qui, ici, incarne le personnage du génie rural venu secourir
des villageois impatients de résoudre le problème de l'eau. La
boucle étant désormais bouclée, ne reste plus au spectateur qu'à
assister au désenchantement d'une famille loin d'imaginer les
tenants et les aboutissants d'une telle aventure. Yves Montand
demeure toujours aussi remarquable, et Daniel Auteuil, comme ce fut
le cas pour Jean de Florette,
obtiendra une fois encore le César du meilleur acteur. Quant à
celui de la meilleure actrice dans un second rôle, il reviendra à
Emmanuelle Béart. Une récompense qui prouvera combien la jeune
femme aura eu raison de passer outre certaines réticences, et
d'avoir eu confiance en Claude Berri. De manière tout à fait
subjective, et en tenant malgré tout compte de l'interprétation, de
la mise en scène ou de la superbe partition musicale de Jean-Claude
Petit, Manon des Sources demeure
peut-être très légèrement en deçà du premier volet. Quoique...
hippolyte le fils de annie??? j'ai comme un doute
RépondreSupprimerj'ai bien aimé ces 2 volets avec l'accent de la provence =D envie de retourner la bas tiens!! les calanques,les sentiers qui sentent bons le romarin et le thym sauvage ahaha