Véritable coup de cœur
en cette journée du 25 février 2017. Sorti il y a deux ans, le
premier long-métrage du cinéaste sud-coréen Won-Chan Hong est une
vraie bonne surprise. Un nom qui ne demeurera pas inconnu de tous
puisque le bonhomme se fit déjà la main en tant que scénariste sur
l'excellent thriller du réalisateur lui aussi sud-coréen Na
Hong-jin, The Chaser. Office, lui, demeure
particulièrement atypique puisque la quasi totalité de son intrigue
se situe dans les locaux d'une entreprise sud-coréenne aux mains de
responsables particulièrement exigeant et ne laissant place à
aucune transigeance.
L’œuvre démarre sur
un postulat relativement classique puisqu'il s'agit ici pour le
détective Jong-Hoon (interprété par le charismatique acteur Park
Sung-Woong) de faire toute la lumière sur un cas de triple homicide
particulièrement sordide. En effet, l'employé d'une grande
entreprise a tué mère, femme et enfant à coups de marteau avant de
disparaître dans la nature.
Après avoir interrogé
les collègues du meurtrier, le policier chargé de l'enquête
découvre que l'homme était peu apprécié et renfermé sur
lui-même. Ne parlant que très peu avec eux, il s'était pourtant
rapproché de la jeune stagiaire Lee Mi-Rye (extraordinaire Ko
Ah-Sing), personnage qui deviendra au fil de l'intrigue l’élément
essentiel de l’œuvre de Won-Chan Hong.
Contrairement à ce qu'il
paraît être, Office n'est pas que le simple film
policier auquel on pourrait s'attendre. D'abord, le cinéaste
sud-coréen s'attache à décrire les pressions exercées sur les
employés d'une grande entreprise, sur les motivations de ceux qui
espèrent évoluer, et même sur les chances, fragiles, de ceux qui
voudraient intégrer définitivement la sphère professionnelle du
haut de leur branlant statut de simple stagiaire. Dans une cité en
mouvement perpétuel où la ruche provoque des paralysies de
transports en commun capables de mener l'individu jusque dans un état
de retranchement affectif, ces bureaux séparés par de fines parois
empêchent l'intimité et dévoilent des regards accusateurs usant, à
la longues, les plus fragiles représentants d'une boite dont la
définition même est magistralement décrite en l'espace d'une seule
phrase vers la fin du film.
Won-Chan Hong fait
évoluer son œuvre à mesure que les pièces du puzzle s'imbriquent
pour former un tout. De l'enquête policière ne subsistent que
quelques bribes visuelles (comprendre, de rares interventions des
autorités), l'intrigue renforçant peu à peu cette impression de
paranormal qui s'insinue de plus en plus dans le paysage peu
idyllique de l'entreprise. Pourtant, cette fausse ghost-story
asiatique continue de ménager un suspens jusqu'au dénouement qui
lui, plonge ses interprètes ainsi que les spectateurs, aux confins
de l'horreur et de l'épouvante. Outre la parfaite maîtrise du
cinéaste et la très belle photographie que l'on doit partiellement
à l'élégance d'un superbe cinémascope, les acteurs assurent un
spectacle permanent, la jeune Ko Ah-Sing donnant, elle, dans la
prouesse. Mais s'il demeure ici un élément essentiel à cette
pesante angoisse qui ne cesse de monter, c'est bien la partition
musicale de So-Joung Ahn et Chong Jee-Hoon. Magistrale et anxiogène.
Office est une totale réussite qui prouve une fois
encore que le cinéma sud-coréen n'a plus rien à prouver à celui
qui nous vient du monde occidental...
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