Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


mardi 28 février 2017

Juste la Fin du Monde de Xavier Dolan (2016) - ★★★★★★★☆☆☆



Xavier Dolan, un cinéaste que l'on aimerait pouvoir détester. Parce que du haut de ses vingt-sept ans, ce québecois né le 20 mars 1989 a déjà établi une jolie carrière dans l'art qui est le sien. Six longs-métrages, et surtout, un Mommy en 2014 qui a presque remporté tous les suffrages. Alors, bien évidemment, on ne pouvait l'attendre qu'au tournant avec son dernier né, Juste la Fin du Monde. Pas celle que l'on nous avait promise en 2012, mais celle d'une prophétie qui devrait toucher le cadre ultra restreint d'une cellule familiale. 'Ça n'est pas la fin du monde' comme diraient certains, et pourtant, quelque part, loin de chez lui, Louis va devoir annoncer à des proches qu'il n'a pas vu depuis douze ans, l'impensable : sa mort prochaine.
Juste la Fin du Monde, c'est d'abord le récit d'une castration affective et intellectuelle. Entre un fils qui a réussi, loin de chez lui, un auteur à succès qui recouvre la mémoire de ses proches en parcourant des milliers de kilomètres pour les rejoindre, et ces derniers, pour lesquels le temps semble s'être arrêté le jour de son départ douze ans auparavant. Une mère(Nathalie Baye que l'on avait déjà pu découvrir dans le superbe Préjudices), peinture vivante dans l'art de l'excentricité, grimée jusqu'aux ongles. Une sœur (Léa Seydoux) vouée toute entière à ce frère disparu. L'autre frangin, lui, incapable de combler les vides, les remplissant d'un orgueil qui étouffe, lui et les siens. Comme Catherine, son épouse, brimée, part lumineuse et maladroite d'un compagnon qui n'avouera jamais ses blessures.


Le dernier long-métrage de Xavier Dolan laisse songeur. On hésite entre crier au génie et soupirer de désespoir de ne pas avoir été autant séduit qu'en 2014. Il y a des instants d'émotion intense. La caméra sachant quel angle choisir pour obtenir ce moment de grâce qui passe dans le regard de ses personnages. Comment résister à cet échange silencieux entre Marion Cotillard et Gaspar Ulliel qui paraissent durant un instant ressentir les émois d'un premier amour ? Curieusement, et à plusieurs reprises, certains semblent avoir des prédispositions avec l'omniscience. Mais Xavier Dolan trompe son monde. Tout ce qui nous semble prendre forme de manière concrète n'est que le fruit d'une construction de notre propre esprit. L'histoire est beaucoup plus simple qu'il n'y paraît puisque le cinéaste québecois a suffisamment confiance en son public pour ne pas avoir à en révéler trop sur les messages que tentent de faire passer les protagonistes.

Si Gaspard Ulliel est forcément émouvant dans le rôle de cet homme venu dire au revoir à ses proches, les autres interprètes n'en sont pas moins formidables. Tout aurait dû me pousser à renier le désir de découvrir Juste la Fin du Monde. Ce cinéaste au succès 'presque trop rapide', et surtout, une Marion Cotillard jamais véritablement appréciée depuis la gloire post-Môme. Elle demeure pourtant ici bouleversante. Vincent Cassel demeure la clé d'une énigme qui ne connaîtra sans doute pas le dénouement que l'on attendait. Toute la force de ce cinéma étant de préserver jusqu'au bout un fil d’Ariane dont l'intérêt premier s'effiloche pour devenir secondaire.
Juste la Fin du Monde n'est malheureusement pas parfait. Il demeure des carences que le québecois a manqué de combler. Son œuvre fait l'effet d'un sparadrap que l'on applique et que l'on retire sans cesse. Les instants de fulgurance existent, mais il est vrai que l'on s'ennuie devant des scènes vides de contexte et trop uniformes. On ne pourra cependant pas lui reprocher ses qualités de réalisateur, scénariste et monteur. Quand dans bon nombre de longs-métrages il demeure évident que les acteurs portent à eux seuls l’œuvre qu'ils interprètent, sans le concours et le talent de Dolan, Juste la Fin du Monde aurait sans doute arboré un visage bien morne. Une note spéciale pour la superbe partition musicale de Gabriel Yared...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...