Il en demeure qui font
preuve d'un grand professionnalisme lorsqu'il s'agit de bien
interpréter le rôle qui leur est confié au cinéma. On pense
notamment à Robert de Niro qui a grossi de 30 kilos afin d'incarner
le boxeur Jake la Motta dans le Raging Bull de Martin
Scorsese tourné en 1980 ou, encore plus impressionnant, l'acteur
Christian Bale qui a sans aucun doute attenté à sa vie en en
perdant 28 (ramenant son poids à seulement 55 Kg) pour interpréter
le rôle de Trevor Reznik dans l'excellent long-métrage de Brad
Anderson, The Machinist. D'autres n'ont certainement
pas usé de procédés aussi dangereux mais ont donné de leur
personne afin de rendre crédible par la suite, le personnage qui
leur à été confié. C'est le cas de l'acteur Aaron Eckhart qui pour
les besoins de Incarnate de Brad Peyton a délibérément
choisi de se déguiser en vétéran de la guerre du Vietnam atteint
d'une maladie mentale. Afin de tester l'efficacité d'un tel procédé,
il s'est posté au beau milieu de Venice Beach à Los Angeles et
s'est mis à hurler au visage des passants.
De ce personnage, on
retrouve quelques séquelles dans celui que Aaron Eckhart personnifie
dans Incarnate. Bien que troublé par la mort de sa
femme et de leur fils dans un terrible accident de voiture qui l'a
irrémédiablement cloué sur un fauteuil roulant, le fou que
l'acteur a interprété dans la « vraie vie »
semble avoir été remisé au placard. Il n'en a conservé que
l'apparence de soldat revenu de la guerre et incapable de se séparer
de son uniforme kaki de soldat de l'armée américaine. Le ,petit jeu
qu'a mené l'acteur semble avoir porté ses fruits puisque Aaron
Eckhart demeure plus que convainquant.
Maintenant, reste à
savoir si le film en lui-même tient la route. A savoir que
l'intrigue de Incarnate emprunte à bon nombres de
longs-métrages, et en premier lieu au célébrissime Exorciste
de William Friedkin qu'un personnage évoque d'ailleurs sans
réellement le citer. L’œuvre de Brad Peyton a beau se vouloir
être un hommage partiel au traumatisant classique horrifique, il
n'en a malheureusement pas les épaules. Pourtant, Incarnate
n'est pas le ratage presque complet que semblent estimer certains, et
non des moindres (le site Rotten Tomatoes lui inflige un
pourcentage de réussite de seulement 14% tandis que Metacritic
lui donne sur la base de 9 critiques, la note sévère de 30/100).
Au contraire, le film propose un « déluge » de bonnes
idées, mais confondues entre elles, elle donnent à l'ensemble un
résultat pas forcément crédible. Plutôt que de maîtriser au
mieux deux ou trois facettes du récit, Brad Peyton crayonne une
foule d'idées sans jamais aller jusqu'au bout de ses recherches.
C'est dommage d'autant
plus que l'on sent les interprètes investis dans leur rôles. Enfin,
certains plus que d'autres. Ce qui demeure le plus étonnant, et sans
doute finalement, le plus décevant, est le contraste entre la scène
d'ouverture, plutôt réussie, et la libération finale de l'enfant
aux prises avec une force maléfique qui elle, demeure
particulièrement anecdotique. Cet affrontement final auquel le
spectateur peut prétendre n'aura donc pas véritablement lieu. Le
combat engagé entre cet exorciste capable d'entrer dans la tête des
possédés pour en extraire le mal n'est donc pas à la hauteur de
nos attentes. Incarnate n'est pourtant pas totalement
raté. Il y demeure suffisamment d'intérêt pour que l'on ne quitte
pas la projection avant le générique de fin. Un film très
anecdotique qui confirme une fois de plus que le classique de William
Friedkin demeure plus de quarante ans après sa sortie, une œuvre
indétrônable...
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