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lundi 27 février 2017

Incarnate de Brad Peyton (2016) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Il en demeure qui font preuve d'un grand professionnalisme lorsqu'il s'agit de bien interpréter le rôle qui leur est confié au cinéma. On pense notamment à Robert de Niro qui a grossi de 30 kilos afin d'incarner le boxeur Jake la Motta dans le Raging Bull de Martin Scorsese tourné en 1980 ou, encore plus impressionnant, l'acteur Christian Bale qui a sans aucun doute attenté à sa vie en en perdant 28 (ramenant son poids à seulement 55 Kg) pour interpréter le rôle de Trevor Reznik dans l'excellent long-métrage de Brad Anderson, The Machinist. D'autres n'ont certainement pas usé de procédés aussi dangereux mais ont donné de leur personne afin de rendre crédible par la suite, le personnage qui leur à été confié. C'est le cas de l'acteur Aaron Eckhart qui pour les besoins de Incarnate de Brad Peyton a délibérément choisi de se déguiser en vétéran de la guerre du Vietnam atteint d'une maladie mentale. Afin de tester l'efficacité d'un tel procédé, il s'est posté au beau milieu de Venice Beach à Los Angeles et s'est mis à hurler au visage des passants.
De ce personnage, on retrouve quelques séquelles dans celui que Aaron Eckhart personnifie dans Incarnate. Bien que troublé par la mort de sa femme et de leur fils dans un terrible accident de voiture qui l'a irrémédiablement cloué sur un fauteuil roulant, le fou que l'acteur a interprété dans la « vraie vie » semble avoir été remisé au placard. Il n'en a conservé que l'apparence de soldat revenu de la guerre et incapable de se séparer de son uniforme kaki de soldat de l'armée américaine. Le ,petit jeu qu'a mené l'acteur semble avoir porté ses fruits puisque Aaron Eckhart demeure plus que convainquant.

Maintenant, reste à savoir si le film en lui-même tient la route. A savoir que l'intrigue de Incarnate emprunte à bon nombres de longs-métrages, et en premier lieu au célébrissime Exorciste de William Friedkin qu'un personnage évoque d'ailleurs sans réellement le citer. L’œuvre de Brad Peyton a beau se vouloir être un hommage partiel au traumatisant classique horrifique, il n'en a malheureusement pas les épaules. Pourtant, Incarnate n'est pas le ratage presque complet que semblent estimer certains, et non des moindres (le site Rotten Tomatoes lui inflige un pourcentage de réussite de seulement 14% tandis que Metacritic lui donne sur la base de 9 critiques, la note sévère de 30/100). Au contraire, le film propose un « déluge » de bonnes idées, mais confondues entre elles, elle donnent à l'ensemble un résultat pas forcément crédible. Plutôt que de maîtriser au mieux deux ou trois facettes du récit, Brad Peyton crayonne une foule d'idées sans jamais aller jusqu'au bout de ses recherches.

C'est dommage d'autant plus que l'on sent les interprètes investis dans leur rôles. Enfin, certains plus que d'autres. Ce qui demeure le plus étonnant, et sans doute finalement, le plus décevant, est le contraste entre la scène d'ouverture, plutôt réussie, et la libération finale de l'enfant aux prises avec une force maléfique qui elle, demeure particulièrement anecdotique. Cet affrontement final auquel le spectateur peut prétendre n'aura donc pas véritablement lieu. Le combat engagé entre cet exorciste capable d'entrer dans la tête des possédés pour en extraire le mal n'est donc pas à la hauteur de nos attentes. Incarnate n'est pourtant pas totalement raté. Il y demeure suffisamment d'intérêt pour que l'on ne quitte pas la projection avant le générique de fin. Un film très anecdotique qui confirme une fois de plus que le classique de William Friedkin demeure plus de quarante ans après sa sortie, une œuvre indétrônable...

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