Avec ses allures de
téléfilm britannique, Symptoms
du réalisateur espagnol José Ramón Larraz a bien faillit terminer
sur le blog consacré aux programmes télévisés ''Culture
Séries''.
Diffusé en France pour la première fois au festival de Cannes en
1974, il a connu une histoire incroyable. Alors qu'il fut considéré
comme perdu, ça n'est que très récemment, en 2014, que le négatif
a été retrouvé. Depuis, le film a été restauré puis édité par
les éditions espagnoles Mondo
Macabro. Un trésor que Symptoms
qui s'inscrit dans la même veine que le Répulsion
ou Le Locataire
de Roman Polanski. Portrait d'une démence, cauchemardesque,
anxiogène et morbide qui doit non seulement au cadre étouffant
d'une demeure perdue au beau milieu de la campagne britannique, à
l'angoissante partition musicale signée John Scott, mais surtout à
l'incroyable interprétation de l'actrice britannique Angela
Pleasence, totalement habitée par le personnage de Helen et à
laquelle, Symptoms doit
presque tout...
Jeune
femme dont le sommeil est troublé par des voix venant des murs de sa
demeure, Helen convie son amie Ann (l'actrice écossaise Lorna
Heilbron) à passer quelques jours en sa compagnie. Des bruits
nocturnes se manifestent alors que les deux jeunes femmes sont
endormies, mais seule Helen semble les entendre. Effrayée par la
présence à proximité de l'homme à tout faire, Brady (l'acteur
anglais Peter Vaughn), la jeune femme est sans cesse hantée tandis
que son amie essaie de la rassurer. Une étrange relation se noue
entre les deux jeunes femmes. Helen guette son amie, scrute aux
jumelles par la fenêtre ce que fait Brady. Petit à petit, elle
semble perdre la raison tandis que son passé refait surface. Et
notamment l'évocation de Cora, une amie qui semble avoir disparu
dans de bien étranges circonstances...
L'air
de rien, en cette année 1974, le cinéaste espagnol accouchait pour
le cinéma britannique d'une œuvre absolument remarquable. Un
long-métrage horrifique qui dépasse de loin les idées préconçues
que nous pourrions avoir d'une œuvre arborant une esthétique
télévisuelle au départ assez déroutante. Mais le réalisateur
maîtrisant de bout en bout l'outil cinématographique, José Ramón
Larraz développe une intrigue puissamment évocatrice. Les fantômes
du passé ressurgissent dans une demeure aux contours oppressants.
Quelques poncifs sont présents mais participent positivement au
climat parfois terriblement pesant de l'ensemble. Orages accompagnés
de coups de tonnerre. Violons stridents. Présence ''ectoplasmique''
angoissante. Décors étouffants. Mais encore une fois, une Angela
Pleasence absolument démentielle...
C'est
presque d'une bénédiction qu'il s'agit lorsque l'on apprend que le
rôle d'Helen Ramsey faillit échoir entre les mains de l'actrice
américaine Jean Seberg. Une interprète sans doute trop
''attirante'' pour faire illusion, mais les raisons furent tout
autre : n'appartenant pas à l'''Actors'
Equity Association'',
elle ne pouvait donc prétendre au rôle. Si d'autres après elle
furent pressenties pour jouer le rôle de Helen, l'amateur
d'épouvante ne pourra être que reconnaissant envers l'espagnol
d'avoir finalement choisi Angela Pleasence. Totalement flippante,
blafarde, le cheveu désordonné, un mode de pensée incohérent, son
personnage évoque quelque part un hybride entre la Carole Ledoux de
Répulsion
et la Helen/Anna (hommage?) de Possession du
polonais Andrzej Zulawski. José Ramón Larraz nimbe son œuvre d'un
voile très étrange qui fait tout autant appel à l'imaginaire
morbide de son héroïne qu'au sentiment d'assister à un rêve
éveillé. Avec Symptoms,
l'espagnol se fait le chantre d'une certaine poésie macabre où les
fantasmes nécrophiles ne sont pas très loin. Les cinéphiles auront
sans doute noté le patronyme de la principale interprète. Oui,
Angela Pleasence est bien la fille de l'immense Donald Pleasence. Qui
de son regard perdu, le teint couleur de craie et le jeu tantôt
prostré, tantôt psychodramatique campe l'un des personnages les
plus effrayants auquel le septième art ait donné naissance. Une
œuvre qui faillit être perdue à jamais. Une bonne occasion de se
plonger dans l'univers tortueux du cinéaste espagnol José Ramón
Larraz. Une expérience que vous n'êtes pas prêt d'oublier...
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