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vendredi 5 juin 2020

Symptoms de José Ramón Larraz (1974) - ★★★★★★★★☆☆



Avec ses allures de téléfilm britannique, Symptoms du réalisateur espagnol José Ramón Larraz a bien faillit terminer sur le blog consacré aux programmes télévisés ''Culture Séries''. Diffusé en France pour la première fois au festival de Cannes en 1974, il a connu une histoire incroyable. Alors qu'il fut considéré comme perdu, ça n'est que très récemment, en 2014, que le négatif a été retrouvé. Depuis, le film a été restauré puis édité par les éditions espagnoles Mondo Macabro. Un trésor que Symptoms qui s'inscrit dans la même veine que le Répulsion ou Le Locataire de Roman Polanski. Portrait d'une démence, cauchemardesque, anxiogène et morbide qui doit non seulement au cadre étouffant d'une demeure perdue au beau milieu de la campagne britannique, à l'angoissante partition musicale signée John Scott, mais surtout à l'incroyable interprétation de l'actrice britannique Angela Pleasence, totalement habitée par le personnage de Helen et à laquelle, Symptoms doit presque tout...

Jeune femme dont le sommeil est troublé par des voix venant des murs de sa demeure, Helen convie son amie Ann (l'actrice écossaise Lorna Heilbron) à passer quelques jours en sa compagnie. Des bruits nocturnes se manifestent alors que les deux jeunes femmes sont endormies, mais seule Helen semble les entendre. Effrayée par la présence à proximité de l'homme à tout faire, Brady (l'acteur anglais Peter Vaughn), la jeune femme est sans cesse hantée tandis que son amie essaie de la rassurer. Une étrange relation se noue entre les deux jeunes femmes. Helen guette son amie, scrute aux jumelles par la fenêtre ce que fait Brady. Petit à petit, elle semble perdre la raison tandis que son passé refait surface. Et notamment l'évocation de Cora, une amie qui semble avoir disparu dans de bien étranges circonstances...

L'air de rien, en cette année 1974, le cinéaste espagnol accouchait pour le cinéma britannique d'une œuvre absolument remarquable. Un long-métrage horrifique qui dépasse de loin les idées préconçues que nous pourrions avoir d'une œuvre arborant une esthétique télévisuelle au départ assez déroutante. Mais le réalisateur maîtrisant de bout en bout l'outil cinématographique, José Ramón Larraz développe une intrigue puissamment évocatrice. Les fantômes du passé ressurgissent dans une demeure aux contours oppressants. Quelques poncifs sont présents mais participent positivement au climat parfois terriblement pesant de l'ensemble. Orages accompagnés de coups de tonnerre. Violons stridents. Présence ''ectoplasmique'' angoissante. Décors étouffants. Mais encore une fois, une Angela Pleasence absolument démentielle...

C'est presque d'une bénédiction qu'il s'agit lorsque l'on apprend que le rôle d'Helen Ramsey faillit échoir entre les mains de l'actrice américaine Jean Seberg. Une interprète sans doute trop ''attirante'' pour faire illusion, mais les raisons furent tout autre : n'appartenant pas à l'''Actors' Equity Association'', elle ne pouvait donc prétendre au rôle. Si d'autres après elle furent pressenties pour jouer le rôle de Helen, l'amateur d'épouvante ne pourra être que reconnaissant envers l'espagnol d'avoir finalement choisi Angela Pleasence. Totalement flippante, blafarde, le cheveu désordonné, un mode de pensée incohérent, son personnage évoque quelque part un hybride entre la Carole Ledoux de Répulsion et la Helen/Anna (hommage?) de Possession du polonais Andrzej Zulawski. José Ramón Larraz nimbe son œuvre d'un voile très étrange qui fait tout autant appel à l'imaginaire morbide de son héroïne qu'au sentiment d'assister à un rêve éveillé. Avec Symptoms, l'espagnol se fait le chantre d'une certaine poésie macabre où les fantasmes nécrophiles ne sont pas très loin. Les cinéphiles auront sans doute noté le patronyme de la principale interprète. Oui, Angela Pleasence est bien la fille de l'immense Donald Pleasence. Qui de son regard perdu, le teint couleur de craie et le jeu tantôt prostré, tantôt psychodramatique campe l'un des personnages les plus effrayants auquel le septième art ait donné naissance. Une œuvre qui faillit être perdue à jamais. Une bonne occasion de se plonger dans l'univers tortueux du cinéaste espagnol José Ramón Larraz. Une expérience que vous n'êtes pas prêt d'oublier...

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